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3 - Anecdotes et Faits marquants

1820 

À la démolition de la première église de La Bosse, les pierres de tuffeau récupérées en bon état auraient été réutilisées à l’emplacement de l’ancien cimetière, pour la construction de la maison à Ange et Maria Hugues.

[Rémy Tessier (89 ans) – le 15 novembre 2019]

RT30 (35030)

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Vendredi 22 octobre 1886 

L’abbé François Leclère, recteur de La Bosse depuis 20 ans, décède au presbytère de ladite paroisse le vendredi 22 octobre 1886 à l’âge de 68 ans.

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1890 

À la fin du 19ème siècle, le covoiturage existe déjà

Vers 1890, un certain Berthelot habitant le nord du département d’Ille-et-Vilaine est nommé facteur à Tresbœuf. C’est avec son vélo qu’il s’éloigne du domicile de ses parents pour rejoindre sa nouvelle commune d’attache. Son trajet le fait passer par Janzé où (selon les dires de mon père) il fait causette avec René Aulnette, mon arrière-grand-père paternel qui se prépare à quitter le marché auquel il assiste chaque mercredi.

Le facteur lui demande quel itinéraire il doit emprunter pour se rendre sur son lieu de travail. Plutôt que de le renseigner, mon arrière-grand-père qui passe naturellement par Tresbœuf pour s'en aller, lui propose de monter dans sa carriole. Le facteur accepte bien volontiers. La bicyclette rangée à l’arrière du taxi à crottin, le cocher tire un coup sec sur la bride de son protégé, l'ordonnant ainsi à tracer le chemin qu’il connait de bout en bout.

Le cheval avance tantôt au pas tantôt au trot et, obéissant à son maître, il s'arrête devant la Poste de Tresbœuf. René souhaite bonne chance au préposé qui, quelques années plus tard, aura un fils prénommé Auguste, lequel après avoir atteint l’âge adulte habitera à La Bosse. 

René n’a plus qu’à se laisser guider par son cheval pour regagner La Touche.

[Bernard Aulnette (79 ans) – le 22 novembre 2017]

BA38 (35066)

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Cent trente ans plus tard, grâce aux outils modernes, on sait que le facteur dénommé Berthelot :

  •  Se prénommait Louis
  • Qu’il est né le 17 juillet 1870 à La Saudrais en Rimou
  • Qu’il s’est marié le 27 avril 1896 à Tresbœuf, avec Célestine Gaigeard née le 16 mai 1872 à La Pouardière en Lalleu
  • Qu’il est devenu le père d’Auguste le 2 mai 1911

Vingt-trois années plus tard, le 17 juillet 1934, Auguste s’est marié à Tresbœuf avec Marie Certain et, dans les années 1940-1980, ils ont habité Le Plessis en La Bosse.

[Joseph Aulnette – printemps 2019]

JA49 (35235) 

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1890 

 

L'arrivée de la faucheuse

 

Avant-gardiste, René Aulnette, âgé de 55 ans et habitant à La Touche, est le premier de la commune et peut-être du canton à posséder une faucheuse à la fin du 19ème siècle. Il l’étrenne dans la grande prée située en bordure du Semnon.

Ce jour-là, tôt le matin, un certain Baptiste Gauchard de La Nouette en Ercé-en-Lamée, exerçant le métier de couturier ambulant, traverse la rivière avec ses sabots de bois en escaladant les grosses pierres faisant office de passerelle. Pour ne pas laisser de traces sur son passage, il contourne la prairie en longeant la haie puis il grimpe une butte de tuffe pour atteindre la barrière. Ensuite, il traverse La Touche et se rend à Pouchard où il est attendu. Le soir en rentrant, il repasse par la grande prée. Il est abasourdi lorsqu'il voit que, sur toute l'étendue de la parcelle, l'herbe est couchée comme si un rouleau était passé dessus. Il donne un coup de pied dans un andain et constate qu’elle a été coupée par une machine dont il ignore l’existence.

Baptiste reste un bon moment en admiration devant ce qui continue de l'étonner puis, rentré chez lui à La Nouette, il s'empresse d'informer les habitants du village en déclarant : « Le père Aulnette il a une machine, ça coupe le foin nom di diou, jamais vu pareille sorte de chose ! »

Quelques jours plus tard, une démonstration attire une foule de curieux venus de toute la contrée.

 

[Théophile Aulnette (1910-1989), petit-fils de René – dans les années 1960-1970]

TA10 (35030)

1900 

La poêlée de noces de Perrine

Dans une poêle de cuivre posée sur un trépied dans la cheminée, Perrine Aulnette de La Touche fait souvent des noces (de la bouillie d’avoine) pour les repas d’hiver, surtout pendant le carême. Quand elles sont cuites, la poêle est déposée au milieu de la pièce, sur la terre battue. Perrine fait un trou au milieu des noces et elle dépose un gros morceau de beurre. Toute la famille s’installe autour du récipient et chacun prend de la bouillie d’avoine avec une cuillère qu'il imbibe légèrement dans le beurre fondu. Tonton Jean trempe ses cuillerées jusqu'au fond de la poêle et Perrine (sa mère) lui dit : « Jean, doucement sur le beurre… » Et lui de répondre : « oh ! ce n’est pas tant pour le beurre, c’est plutôt pour le sel qu’il y a au fond ».

À la ferme de tonton Jean et de Rosalie, il y a une famille nombreuse qui, contrairement à celle de René, est composée d'une majorité de filles. Le dimanche après le repas du midi, les enfants étant devenus jeunes adultes, René avance sur le pas de sa porte et crie à la voisine : « Rosalie, garde tes poules, mes coqs vont sortir ! »

[Bernard Chevrel (89 ans), selon les dires de son père Jean-Baptiste – le 3 mars 2015]

BC26 (35109)

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Samedi 16 mai 1903

L’abbé Joseph Boismartel, recteur de La Bosse depuis 1897, est nommé recteur de Lohéac.

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Dimanche 13 décembre 1903 : Jules Diguet est nommé secrétaire de mairie à La Bosse.

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1908

Frédéric Aulnette et Claire Jolivel se marient à La Bosse le 21 janvier 1908 et ils s’installent en ménage dans un logement qu'ils louent au centre-bourg (1). Très vite, ils décident de faire bâtir une maison. Frédéric transporte la pierre utilisée pour la construction et tôt le matin, bien avant la levée du jour, les voisins entendent le bruit provoqué par les roulements de la charrette et les pas des chevaux.

Entrepreneur, Frédéric exerce les métiers de charron et de forgeron qu’il apprend par lui-même. C’est dans le grenier de sa maison (2) tout juste achevée qu’il fabrique son premier tombereau. S'il a choisi cet endroit, ce n'est pas un hasard. Si son projet n’aboutit pas, personne ne le saura.

Acharné, il réussit son chef-d'œuvre et il est fier de lui. Maintenant, il ne lui reste plus qu'à le démonter et à passer les morceaux par la trappe puis de les descendre à l'aide d'une échelle avant de procéder au remontage.

[Joseph Aulnette (petit-fils de Frédéric et de Claire) – le 15 août 2020]

JA49 (35235)

(1) Actuellement 5 rue de la bascule

(2) Actuellement 12 et 14 rue de la Mairie

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1910 

Don à la commune

Arsène Jouin est né à La Bosse le 15 mars 1864 et il s'est marié à Pancé le 27 mai 1891 avec Anna Jolivel. Ensemble, ils ont eu cinq enfants : Elie – Maria – Alfred – Pierre – Germaine. Devenu veuf, il s'est remarié à Tresbœuf le 22 octobre 1907 avec Célestine Brossais. Arsène a exercé le métier de cultivateur dans une ferme située à quelques pas de l'église de La Bosse. Il aurait donné un champ à la commune pour l’implantation de l'actuel cimetière en demandant en échange un emplacement gratuit. Sa tombe se trouve à droite de l'allée centrale, avant la grande croix.

[Marie-Annick Gasnier (76 ans), petite-fille d’Arsène, fille de Pierre – le 12 février 2018]

MAG41 (61141)

De 1913 à 1916 ≈

Clarisse est collégienne

Après l'école primaire, Clarisse Jolivel (ma mère) née à La Mouchère, est scolarisée au collège à Bain-de-Bretagne. Elle prend pension chez Anastasie Jolivel (cousine de la famille), veuve de François Delamarre.  

Lorsqu'elle passe le brevet, elle fait partie des rares élèves de sa génération à avoir poursuivi les études après le cycle primaire.

[Jacques Papail (90 ans)  le 1er août 2022] 

JP32 (44026)

Dimanche 20 juillet 1919

Perrine fait sa vente

Perrine Aulnette (1842-1919), veuve de René (1835-1915), demeurant La Touche en La Bosse, vend ses biens mobiliers et immobiliers aux enchères. L'adjudication est assurée par Maître Frocrain, notaire à Tresbœuf.

    - À La Bouvetière en Pancé (son village natal), elle vend une maison d'habitation, un cellier, une grange, un jardin, la moitié du pré Berrouet et le champ de la Rochette

    - À La Touche en La Bosse (village natal de René et village où elle a donné la vie à ses treize enfants), elle vend une maison d'habitation, une étable, le jardin du Hil et le pré des Noës

Le jeudi 6 novembre 1919, soit seulement trois mois et demi après avoir vendu ses biens, Perrine décède à l'âge de 77 ans.

[Joseph Aulnette (73 ans) – le 6 août 2022] 

JA49 (35235)

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J'ai eu connaissance au cours de ces toutes dernières années, après 2010, qu'un droit de passage existait entre les héritiers concernant la cour de la ferme de La Touche. Emile, l'aîné de la fratrie, né en 1868, devenu notaire, y mis fin. [Jeannette Aulnette (69 ans)  le 26 août 2022] 

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1920 

La confession

Selon les dires d’anciens maintenant disparus, pendant le carême, vers l’année 1920, un certain Pascal Bruère habitant le bourg de La Bosse, à peine rentré du marché de Bain-de-Bretagne, se serait rendu à l’église pour se confesser. Installé dans l’isoloir, le curé lui aurait dit : « Vous sentez l’alcool Monsieur ! » Et Pascal aurait répondu : « Je sens ça moi aussi mais je pensais que c’était vous... »

[Rémy Tessier (87 ans) – le 1er mars 2018]

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1920-1930

Manger du poulet est défendu, manger du pot-au-feu est rare

Quand elle parlait de sa jeunesse, ma maman née Germaine Paris, disait souvent qu’à l’époque où ses parents exploitaient une ferme à La Bellandière, ils élevaient des poulets mais ils n’en mangeaient jamais car il fallait les garder pour régler une partie du fermage d'Alexandre Robert, leur propriétaire. Elle disait aussi que le pot-au-feu était sacré et qu’ils en mangeaient uniquement les jours de grande fête.

[Gisèle Fontaine (84 ans) – le 9 février 2019] 

GF34 (35030)

Vendredi 20 août 1920

La Bosse change de nom

On disait La Bosse avant le décret du 20 août 1920.

On dit La Bosse-de-Bretagne depuis le 20 août 1920.

JA49 (35235)

Juin 1925

Un entrepreneur meurt, quatre artisans naissent

Frédéric et Claire Aulnette exploitent une ferme et tiennent un bistrot en haut du bourg (1). Frédéric est aussi charron et forgeron. Il emploie quatre salariés dont trois à travailler le bois et un à la forge.

Frédéric décède en juin 1925 mais ses salariés ne baissent pas les bras. Ils s'installent tous les quatre à leur compte.

  • Ernest Deshoux est artisan charron au bourg (2) (La Bosse)
  • Théophile Marsolier est artisan charron à La Scierie (La Bosse)
  • Bernard Chauvin est artisan charron au Pas (La Couyère)
  • Joseph Messu est artisan forgeron à La Tournée (La Bosse)

[Source : Bernard Chevrel (88 ans) et Rémy Tessier (84 ans) – 2014]

BC26 (35109)  – RT30 (35030)

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André Goupil a fait un apprentissage de forgeron chez Frédéric avant de partir au service militaire et c'est ainsi que, pendant l’armée, il a été employé à ferrer des chevaux. Lorsqu'il est revenu à la vie civile, il a changé de métier et il a fait carrière dans la gendarmerie.

[Rémy Tessier (89 ans) – le 15 novembre 2019]

RT30 (35030)

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Je me souviens avoir entendu mon père dire que Frédéric Aulnette, qui était à la fois charron et forgeron, était surnommé "Boutique" par les gens de son voisinage tellement il était ingénieux.

Mon père disait aussi que Frédéric exploitait les terres de sa ferme avec une jument intraitable appelée Bileuse et que, pour la dresser, il l'avait laissé attelée sur les brancards de son tombereau pendant une semaine.

[René Aulnette (82 ans, petit-neveu de Frédéric) – le 22 mai 2021]

RA39 (49228)

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(1) Actuellement 12 et 14 rue de la Mairie

(2)  Sa boutique était juste avant le 4 rue de la Forge

1925

La Bosse compte neuf bistrots sur son territoire

  • Claire Aulnette (née Jolivel)
  • Marie-Josèphe Moutel (née Robert)
  • Jean Barbotin et Marie (née Langouët)
  • Ange Hugues et Maria (née Robert)
  • Auguste Chapon et Marie (née Aulnette)
  • Marie Drouin
  • Alexandre Robert et Adélaïde (née Hamon)
  • Louis Richomme et Amélie (née Leprince)
  • Jean-Baptiste Perrudin et Maria (née Deniel)

[Source : Bernard Chevrel (88 ans) – 30 octobre 2014]

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1925 

Le chêne-fourchet

Jean Mercier (artisan couvreur au Sel) grimpe à vingt-cinq mètres et fait le "chêne-fourchet" sur le toit du clocher de l’actuelle église de La Bosse. Plus tard, il trouve la mort en tombant d’une toiture dont le débord n’est qu’à trois mètres.

[Rémy Tessier (89 ans) – le 15 novembre 2019]

RT30 (35030)

 

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Vers 1930

D'après les "ouï-dire", Jean-Marie Deroche serait allé passer son examen de permis de conduire à Rennes seul, en conduisant lui-même sa voiture.

[Robert Aulnette (73 ans) – le 14 décembre 2023]

RA50 (35076)

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Dimanche 9 août 1931

Né à La Bosse, ordonné prêtre en Suisse, décédé en Océanie

Le dimanche 9 août 1931, le Père Henri Jolivel est ordonné prêtre à Fribourg, en Suisse.  

Il est né le 27 mars 1900 au bourg de La Bosse et décédé le 29 mars 1990 à l’âge de 90 ans, à Kiribati aux Îles Gilbert, en Océanie où il était prêtre-missionnaire et sabotier.

JA49 (35235)

Fin septembre 1932

Ferdinand et Léontine arrivent à La Bosse

À la Saint-Michel 1932, l’année de mes six ans, Ferdinand et Léontine Massicot (mes parents) s’installent dans une ferme à La Mouchère, sur la commune de La Bosse, après en avoir exploité une plus petite à La Bouvetière en Pancé.

[Bernard Massicot (93 ans) – le 20 janvier 2020]

BM26 (35131)

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Dans les années 1960-1970, quand nous venions en famille en vacances à La Mouchère (village natal de Clarisse, ma mère), nous allions nous ravitailler en lait et autres produits de la ferme chez Ferdinand et Léontine.

[Jacques Papail (93 ans) – le 11 janvier 2023]

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1933-2022  du 20 octobre 1933 au 5 février 2022

Les étapes importantes de ma vie

  • Vendredi 20 octobre 1933 : le jour où La Bosse m'a vu naître.
  • Mi-avril 1939 : je suis scolarisé à l’âge de cinq ans et demi à l’école privée du Sel. Matin et soir je fais 3,5 km à pied.
  • Vendredi 13 juin 1947 : je passe le certificat d’études primaires à Janzé et je suis reçu avec mention « parfaitement bien ».
  • Dimanche 16 octobre 1949 : je passe le brevet sportif populaire.
  • Mai et juin 1952 : je participe à cinq leçons de conduite à l’auto-école du père Denais, rue de l’Alma à Rennes, face à la prison des femmes. Je m’y rends à vélo et chaque fois je parcoure une soixantaine de kilomètres. Comme nous sommes à la saison des foins, mes rendez-vous sont fixés à midi. Je pars de la maison à 10h30 et je fais le maximum pour être de retour à 14h00, ce qui évite à mon père d'avoir à me rouspéter. En arrivant, je me change en vitesse et je suis prêt quand il termine sa sieste. Je mange une beurrée en me rendant au champ avec lui.
  • Mardi 1er juillet 1952 : j’obtiens le permis de conduire poids lourd et, par équivalence, les permis voiture de tourisme et moto. J’ai passé deux fois l'examen pour avoir le code mais j’ai la conduite du premier coup. J'avoue avoir un peu triché car, à plusieurs reprises, Auguste Chapon (mon oncle) m’a prêté son camion pour que je puisse m’entraîner.
  • Mi-mai 1953 : suite à une insolation, je suis plongé dans un coma profond durant huit heures.
  • Fin mai 1953 : je passe le conseil de révision au Sel et je suis déclaré apte pour le service.
  • Début septembre 1953 : Louis Delourmel livre un tracteur Massey-Harris Pony essence de 18 CV à la ferme de mes parents. Cet homme bien connu à la ronde, qui a d'abord exercé le métier de forgeron, est devenu spécialiste en matériel agricole mécanisé. Il est venu faire du démarchage à La Bosse depuis la rue Châtillon à Rennes. Il livre un 2ème Pony chez Jean-Marie Leclère à La Haute-Bosse et un 3ème chez Arsène Nourisson à La Vidoulière. Mis à part Jean-Marie Deroche qui possède un Vandoeuvre, il n’y a pas d’autres tracteurs sur la commune. Bientôt, un 4ème Pony sera livré chez Jean Ridard à Pouchard.
  • Mercredi 7 juillet 1954 : je rentre sous les drapeaux.
  • Mardi 13 juillet 1954 : je suis affecté à la 11ème section d’infirmiers militaires (la 11ème SIM), dans un régiment de tirailleurs sénégalais à Casablanca.
  • Vendredi 19 décembre 1954 : je suis réformé du service militaire.
  • Mercredi 18 septembre 1957 : je me marie avec Odile Lebordais à Ercé-en-Lamée.
  • 1958 : j’achète ma première voiture chez Edouard Aveline à Teillay, une Simca Aronde noire avec les flancs blancs.
  • Du lundi 1er janvier 1962 au vendredi 31 décembre 1993 : je suis Agent de relation culture chez Bridel à Retiers.
  • De 1984 à 2009 : j’exerce la fonction de président d’OGEC au collège Saint-Joseph de Bain-de-Bretagne.
  • Octobre 2007 : Odile et moi, nous célébrons nos noces d’or.
  • Novembre 2017 : Odile et moi, nous célébrons nos noces de diamant.
  • Automne 2022 : Odile et moi, nous célèbrerons nos noces de palissandre !

[Camille Chevrel (88 ans) – le 5 février 2022]

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1937 

Promenade au Sel

Par une belle après-midi, alors que j’avais 4 ans et mon frère René 3, nous sommes partis nous promener sur la route du Sel, en compagnie d’une demoiselle Masson, du bourg, également âgée de 3 ans. Tout en parlant et en cueillant des fleurs sur le bord de la route, nous nous sommes rapprochés du Sel. C’est alors que notre compagne a eu l’idée d’aller porter les fleurs à sa marraine, qui était bonne chez le docteur Géhan. Celle-ci nous accueillit fort chaleureusement et nous offrit à boire. A notre insu, elle téléphona à l’épicerie Hugues, à La Bosse, pour signaler notre présence au Sel. Comme nous reprenions des forces pour affronter le chemin du retour, nous vîmes débarquer nos parents. Sans un mot, ils nous firent monter dans leur voiture. Après avoir déposé notre compagne chez ses parents (qui n’avaient pas remarqué son absence), nous fûmes envoyés au lit avec une tranche de pain sec.  Nous étions si éprouvés par la marche et la mauvaise conscience que nous nous endormîmes immédiatement jusqu’au lendemain matin. Notre mère avait cru nous punir en nous privant de dîner, mais c’était raté.

[Maryvonne Louise (84 ans) – le 25 mars 2018]

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1937 et années suivantes

Petite, je garde les vaches chez Claire

Le matin, quand je quitte la maison de mes parents à la Scierie pour me rendre à l’école, je m’arrête en haut du bourg pour dire bonjour à Claire Aulnette.

Dès l’âge de huit ans, chaque jeudi en période scolaire et tous les jours pendant les vacances, j’emmène ses trois ou quatre vaches en pâture et je reste à les garder. Pour m’occuper, je fais des liants avec de la paille. Ils seront utilisés pour ligoter les gerbes durant la moisson à venir.

[Yvette Morel, née Marsolier (91 ans) – le 12 mars 2020]

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Claire Aulnette habitait à une centaine de mètres de l'école où mes parents avaient leur logement de fonction. Mon frère et moi, quand nous étions petits, nous allions régulièrement chez elle. Quand nous nous adressions à elle, au lieu de l'appeler Madame Aulnette, nous disions Manette.

[Maryvonne Louise (89 ans)  le 26 juillet 2022]

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1938 

Rien ne l'arrête

Eugénie Masson (née Drouin) fait de la galette lorsque, prise par les douleurs d’accouchement, elle est contrainte à s’allonger sur son lit. Peu de temps après, Félix (son mari) rentre à la maison. Il constate non seulement qu'un nouvel enfant vient de naître mais qu'Eugénie a déjà repris la tournette (1).

(1) Quand j’étais petite, j’ai souvent entendu parler de ça 

[Maryvonne Louise (86 ans) – le 2 avril 2020]

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Fin novembre 1938 

Mes jeunes années

J'ai une douzaine d'années et je suis à la foire Saint Martin à Bain-de-Bretagne avec Rémi Aulnette de La Touche en La Bosse et Albert Fontaine qui, comme moi, habite sur la commune d'Ercé-en-Lamée.

À la fête foraine, une diseuse de bonne aventure nous aborde en proposant de prédire notre avenir. Sur les conseils de Rémi, je me laisse tenter. Elle déclare : « Toi jeune homme, tu vivras un siècle et tu en commenceras un second ». Bien entendu, je ne crois pas un mot de ce qu'elle me raconte.

À 15 ans et demi, je suis embauché chez Anna Aulnette à La Touche (son mari Théophile est prisonnier en Allemagne). En travaillant dans sa ferme, chaque jour je retrouve mon copain Rémi car ses parents habitent en face. Un jour, nous sommes tous deux à faire notre douche dans le Semnon lorsque Marie Gaigeot vient remplir deux seaux d'eau. En nous voyant elle dit : « Voilà deux beaux chefs d'œuvre ! ». Ces mots sont flatteurs mais nous aurions préféré les entendre de la bouche de Marie Janvier, sa bonne.

En avril 1945, Théophile est démobilisé et il rentre chez lui. N'ayant plus de travail, je m'engage dans l'armée. Je suis envoyé à Ofterdingen, en Allemagne et j'y reste six mois. De là, je pars servir trois ans et demi en Indochine. Moi qui voulais voyager, je peux dire que mon vœu est exhaussé.

Aujourd'hui, quatre-vingts ans plus tard, même si mes oreilles ne veulent plus rien entendre, je me dis que j'ai eu une belle vie. J'ai beaucoup de souvenirs en mémoire et je n'oublie pas mes années vécues à La Touche. Plus le temps passe et plus je me dis que la diseuse de bonne aventure que j'ai croisée fin novembre 1938 avait raison ... Je me prépare à faire un centenaire !

[Alexandre Rouiller (95 ans) – le 3 août 2022]

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D'après ce qu'on m'a dit, Alexandre m'a sauvé la vie lorsque j'avais entre trois ans et demi et quatre ans. J'étais atteinte d'une maladie grave, une pneumonie. Je ne m'alimentais plus. Maman (Elise) ne réussissait pas à me faire avaler la moindre bouchée de nourriture et Grand-mère (Marie-Rose) n'y parvenait pas non plus. C'était pendant la guerre et Papa (Alfred) était mobilisé. Seule dans sa ferme à La Veslais en Ercé-en-Lamée, Maman employait Alexandre Rouiller, lequel avait dix ans de plus que moi. Un jour, en se brossant les dents (ce que peu de gens faisait à l'époque), il m'avait mis un peu de dentifrice dans la bouche et j'avais trouvé ça bon. C'est comme ça que j'aurai retrouvé le goût et l'envie de manger.

[Yvette Rouyer, née Guibert (85 ans) – le 3 octobre 2022]

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1938  :

Le pont-bascule

En 1938, un pont-bascule public est installé dans le bourg, devant chez Ernest et Marie-Ange Aulnette. Il est destiné au pesage des chargements agricoles (céréales, pommes, etc.)

[Joseph Aulnette (73 ans) - le 3 janvier 2023]

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Quand j'étais petit, j'ai beaucoup joué sur cette bascule située devant la véranda de mes grands-parents. Les chargements pesés n'étaient pas transportés avec des camions mais avec des charrettes à chevaux. Il y avait de nombreux passages et ça ne plaisait pas à ma grand-mère (Marie-Ange) qui habitait la maison où est la véranda. Mon grand-père (Ernest) avait accepté que la bascule soit installée dans sa cour probablement pour faire plaisir au maire (Emile Lunel).

[Camille Aulnette (83 ans) – le 6 janvier 2023]

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En 1957, le pont-bascule a été déplacé sur la placette située en bordure de la voie dénommée aujourd'hui "rue de la bascule", face à la sacristie.

Le dimanche, il s'agissait d'un lieu où les jeunes se rassemblaient avec leurs mobylettes.

Le tablier du pont-bascule n'existe plus mais l'appareil de mesure est toujours là pour témoigner.

(Photo : Romain Boucard - 2 janvier 2023)

[Joseph Aulnette (73 ans) - le 6 janvier 2023]

                                                                                                              JA49 (35235)

Jeudi 30 mars 1939

J’ai été élevé par Eugène et Maria Masson

Mes parents, Prosper Hervochon (Aristide de son vrai prénom) et Henriette (née Guibert) habitent aux Cours-Luniaux, en La Bosse. Papa est maçon et maman est mère au foyer. Ils ont trois enfants :

  • Bernadette, née le 27 août 1927
  • Denise, née le 6 mars 1933
  • Germain (moi-même), né le 30 mars 1939

Ma mère décède le lendemain de ma naissance et c’est une voisine, Anna Horel (née Billard) qui me prend en charge pendant quelques jours. Mon père se rend au bourg en empruntant une rote (un sentier battu). À cette époque, la route n’existe pas. Il frappe à la porte de la maison appartenant à Eugène Masson et son épouse Maria (née Gautier). Eugène est un copain de papa. Ils ont tous deux participé à la guerre 14-18. Sans hésitation, Eugène et Maria proposent de m’accueillir.

Je n’ai pas encore l’âge de raison lorsque mon père décède le 12 janvier 1946.

[Germain Hervochon (80 ans) – le 13 janvier 2020]

GH39 (35136)

1939-1951

J’ai été élevé par Eugène et Denise Savouré

Mes parents exploitent une ferme de dix-huit hectares à La Haute-Bosse et la vie est difficile. Le métier de cultivateur ne passionne pas mon père. Il aurait voulu être vétérinaire et dans ce domaine il a des capacités. Régulièrement, dans le voisinage et même au-delà, il est demandé pour les vêlages mais aussi pour faire des purges ou des piqûres lorsque des bêtes sont malades.

Appelé pour intervenir là où mon père est déjà passé sans obtenir de résultat, Théodore Bellec (vétérinaire à Bain-de-Bretagne) dit souvent : « Si Prunault n'a pas réussi, je risque de ne pas mieux faire ! »

Dès l’âge de cinq ans, pendant les vacances scolaires, je suis emmené chez mon parrain, Eugène Savouré, et son épouse Denise, au Bois Clérisset à Essé. Ça fait une bouche de moins à nourrir à La Haute Bosse.

Mon parrain a une ferme moderne de trente-cinq hectares avec des grands champs où tous les pommiers ont été arrachés. Il élève aussi des chevaux qu’il dresse pour les vendre ensuite. Chaque mardi, il attelle sur la carriole pour aller au marché de La Guerche. Le mercredi, il va à celui de Janzé. Il m’emmène toujours avec lui. Le dimanche, quelquefois nous assistons à la messe à l’église du Theil mais le plus souvent nous allons à celle de Janzé où nous avons une place attitrée.

À quatorze ans, l'école terminé, je réside en permanence au Bois Clérisset. J’y reste jusqu’à l’âge de 17 ans. Quelques années plus tard, j’aurai aimé succéder à mon parrain dans cette exploitation mais c’est un marchand de cochons, plus fortuné que moi, qui a repris l’affaire.

[Romain Prunault (86 ans) – le 16 mai 2020]

RP34 (35131)

Dimanche 3 septembre 1939

La déclaration de guerre

Le 3 septembre 1939, le tocsin (1) sonne à La Bosse comme partout ailleurs. Les habitants sont sur le pas de la porte : « Ça doit être pour la guerre ? » s’interrogent-ils en pensant à tous ceux qui, prévenus par les gendarmes, seraient susceptibles de partir. La population est inquiète. Les souvenirs de la Grande Guerre ressurgissent. Comme toutes les communes de France, La Bosse-de-Bretagne est touchée par la mobilisation générale. La France et la Grande-Bretagne ont garanti à la Pologne l'intégrité de son territoire. Lorsque le 1er septembre 1939, l'armée allemande franchit la frontière polonaise, les deux Etats respectent leur engagement et déclarent la guerre à l'Allemagne. Les Français sont persuadés que leur pays est bien préparé et que l'armée allemande sera arrêtée par la ligne fortifiée construite le long des frontières avec l'Allemagne (la ligne Maginot) …

(1) Quand Paris sonne le tocsin, ça s'entend au bout de la terre…, chantera plus tard Mireille Mathieu.

[Joseph Aulnette – le 11 décembre 2015]

JA49 (35235)

Dimanche 3 septembre 1939

 

Le tocsin sonne à La Bosse

 

J’ai douze ans et demi et j'accompagne mon père Calixte pendant la période des battages. Il possède un petit batteur d'occasion et ce dimanche, nous sommes chez Jean Lebrun, à La Mouchère. Dans l'équipe d’entraide, il y a aussi Marcel Louis, des Bignons et Jean-Marie Deroche, du bourg. À l’heure de la pause, nous buvons une bolée de cidre quand, soudain, nous entendons le tocsin sonner. Jean-Marie s'exprime : « C’est sans doute pour annoncer un incendie (il n’est pas rare que les cloches sonnent pour avertir la population quand il y a le feu) ou peut-être la déclaration de la guerre… ». Puis, s’adressant à moi, il dit : « Monte sur ton vélo et va te renseigner au bourg ». Je pars dans la foulée. Lorsque j’arrive à la forge de Joseph Messu, j’aperçois ce dernier, debout sur les marches de sa maison, discutant avec Roger Paris. Je m'aventure dans la cour je m'adresse à eux : « Pouvez-vous m'indiquer l’endroit où il y a le feu ? » Joseph Messu me regarde dans les yeux et me dit : « Ah, mon p’tit gars, si c’était le feu, on trouverait une solution pour l’éteindre mais le tocsin que tu entends annonce la guerre et là, nous ne pouvons rien faire ». Pris par la peur, je remonte sur ma bicyclette et c’est sans ménager mes efforts que je pédale sur la route qui me ramène à la Mouchère. Revenu sur l'aire de battage, je raconte ce que je viens d’entendre. Aussitôt, Jean-Marie Deroche (27 ans) abandonne son poste puis, sans prononcer le moindre mot, il rentre chez son père Isidore, au bourg de La Bosse.

 

[André Marsollier, du Briant (90 ans) – le 28 septembre 2017).

AM27 (35030)

Dimanche 3 septembre 1939

Le jour où le tocsin sonne

Victor Tessier est artisan maçon à La Bosse. Le jour où le tocsin sonne, il travaille chez Henri Piton (père) en bordure du Semnon près de moulin de Rochereuil, sur la commune de Pancé. Il construit un mur de soutènement pour l'implantation d'un concasseur de pierres. La guerre déclarée, le projet est abandonné et c'est à Lalleu au lieu-dit Richelieu que, quelques années plus tard, le concasseur est installé.

Courant septembre 1939, Victor est mobilisé à Salbris dans le Loir-et-Cher.

[Rémy Tessier (87 ans), son fils aîné  le 3 mai 2018]

RT30 (35030)

*****

Après avoir quitté les bancs de l'école, je suis allé durant plusieurs années faire de la maçonnerie avec Victor Tessier et Rémy, son fils, qui est aussi mon beau-frère. J'ai souvent entendu le père Tessier raconter que lorsqu'il était détenu à Salbris (probablement employé à l'atelier de construction de l'Arsenal), il insérait de la poudre dans des douilles et faisait descendre le culot sur l'amorce.

Ensuite, chaque obus fixé au bout d'une douille était propulsé hors du canon par des tireurs affectés en position de combat sur un champ de bataille.

[Robert Aulnette (71 ans)  le 16 janvier 2022]

RA50 (35076)

Dimanche 3 septembre 1939

La guerre est déclarée

Le jour où le tocsin sonne, je suis avec mes parents, Eugène et Maria Masson, dans le champ des Bleures. Nous sommes en train de chaumer des radées de blé noir et, avec un brin, nous lions les têtes ensemble pour les empêcher de tomber. Tout à coup, nous entendons sonner le tocsin. Dès les premiers sons de cloche, nous rentrons vite au bourg et nous allons chez Adèle Chevalier. Les jeunes partent à vélo à la gendarmerie du Sel pour se faire inscrire.

[Germaine Douessin, née Masson (89 ans) – le 2 mai 2018] 

GD29 (35281)

1939-1972

La vie paysanne d’Isidore et de Clémentine

Isidore Lunel et Clémentine Boisnard se marient le mardi 25 juillet 1939.  Aussitôt, ils s'installent dans une petite ferme à La Haute-Bosse, le village natal du nouveau marié. Quarante jours plus tard, le dimanche 3 septembre 1939, la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne. Isidore est mobilisé. Sept mois après, il apprend qu’il est papa d’une petite fille prénommée Jeannine. Le 4 juin 1940, il est capturé par les Allemands à Dunkerque. Fait prisonnier en Allemagne, il va devoir attendre cinq ans avant de voir sa fille et de revoir son épouse.

Libéré par les Anglais le 5 avril 1945, il n’est de retour parmi les siens que le 28. Quand il entre à la maison, Jeannine a presque l’âge d’aller à l’école. Pour la famille Lunel, une nouvelle vie qui commence. Rester à la fermette de La Haute-Bosse n’est pas viable, il leur faut davantage de surface agricole.

À la Saint-Michel 1945, ils prennent en location une exploitation (bâtiments et terres) appartenant à Eugène Duperrin et sa mère Clarisse, au village de Sourg. C’est là que vont naître Marie-Thérèse en 1947 et Jean-Claude en 1949.

Isidore et Clémentine réussissent à tenir vingt ans dans cette métairie, jusqu’au jour où ils décident de rompre leur bail. Nous sommes en 1965 et là encore ils doivent partir vers d’autres horizons, mais cette fois pour cause de mésentente avec le propriétaire, ce dernier refusant de prendre en charge l’électrification de la maison. Nous sommes probablement pour ne pas dire sûrement les seuls habitants de la commune à vivre sans électricité. À l'époque où la quasi-totalité des ménages possèdent la télévision, nous continuons à nous éclairer avec une lampe à carbure.

Mes parents ayant décidé de partir, nos successeurs Roger et Yvette Léveil mettent une clause dans leur bail stipulant une prise de possession des lieux sous réserve que l’électrification soit effective. C’est ainsi que les semaines précédant notre départ, nous naviguons parmi des fils électriques dans chacune des pièces de la maison ainsi que dans l’étable et dans l’écurie pour que nos remplaçants puissent bénéficier du même confort que celui qui existe dans les foyers qui nous entourent.

À la Saint-Michel 1965, nous déménageons une nouvelle fois et nous prenons la succession d’Eugène et de Marie Foucault à La Charaie, dans une ferme appartenant à Edouard Neveu. C’est là que mes parents mettent fin à leur vie active en 1972. Les terres sont reprises par Jean et Liliane Corbière, exploitants à La Vidoulière. Isidore et Clémentine prennent leur retraite au bourg de La Bosse, dans une maison que Marie Massicot vient de leur vendre.

[Jean-Claude Lunel, fils d'Isidore et de Clémentine (71 ans) – le 14 décembre 2020]

JCL49 (35030)

*****

Le jour où nous venons remplacer Isidore et Clémentine à Sourg, mes parents font le trajet depuis La Chauvière (commune du Petit-Fougeray) à bord de leur 404 commerciale de couleur bleu marine avec Yvette, Emile, Marie-Thérèse, Jean-Yves, Nicole et René, mes frères et sœurs. Quant à moi, je voyage debout dans le tombereau sur lequel est attelée Marquise, notre jument. Xx Pichard, un voisin, est avec moi et c'est lui qui tient les rênes.

Pour la famille Léveil, 1965 est l'année de la modernisation. Mon père vient d'acquérir son premier tracteur (un Renault de 35 CV) ; nous quittons une ferme de douze hectares pour en prendre une de dix-huit et, dans la maison, les sols ne sont plus en terre battue mais en brique de terre cuite. Toutefois, à Sourg comme à La Chauvière, les toilettes sèches sont toujours au fond du jardin. Il y a du changement aussi pour notre chien Riquet car le troupeau de vaches à garder est plus important.

Le dimanche suivant notre arrivée, nous allons à la messe au bourg de La Bosse mais nous ne connaissons pour ainsi dire personne. Quand nous sortons de l'église, Daniel Nourisson est le premier à venir vers moi. Il pense que j'ai onze ans comme lui mais lorsqu'il aperçoit une montre à mon poignet gauche, il comprend que j'ai une année de plus et il dit : « Ah, tu as fait ta communion… »

[Bernard Léveil (67 ans) – le 17 décembre 2020]

BL53 (35108)

Jeudi 7 septembre 1939

Jean dit au revoir à son père mais il ne le reverra pas

Jean Aulnette, 33 ans, demeurant au bourg de La Bosse, est à la veille de sa mobilisation. Il doit partir à la guerre. Avant son départ, il anticipe quelques tâches afin d'alléger le travail de son épouse Marie, laquelle va devoir rester seule sur la ferme tout en ayant à s'occuper de ses trois enfants.

Jean attelle son cheval "Lamy" sur la carriole et va chercher de la farine au moulin de La Pile. Il emmène avec lui ses deux filles, Marie (4 ans) et Germaine (2 ans 1/2). Son fils, Camille, âgé de seulement un mois, reste à la maison avec sa maman.

En rentrant de La Pile, Jean fait bifurquer son cheval à gauche car il veut aller dire au revoir à ses parents à La Touche. Son père, il ne le reverra pas car il décédera le 03 mars 1942 et lui, il ne rentrera de la guerre qu’en mai 1945.

[Joseph Aulnette]

JA49 (35235)

1940

Ils réussissent à fuir la guerre

Joseph Messu, de La Bosse, est désigné pour garder un pont dans les Côtes-du-Nord avec mon père Alexandre Gaultier. Tous les soldats de leur régiment sont éparpillés le long de la route empruntée depuis Melun (Seine-et-Marne), ville où ils étaient stationnés depuis quelques semaines.

Ils sont plantés au pied du pont seulement depuis quelques jours lorsqu'ils apprennent que les Allemands arrivent dans le secteur. Immédiatement, ils mettent leurs fusils hors d’usage et ils les abandonnent dans un bois situé à proximité. Décidant de quitter les lieux, ils partent à pied en prenant la route allant en direction de leur domicile. Après avoir marché durant plusieurs jours ils arrivent à Lassy. Là, un certain Maxime Bertin (marchand de cochons) leur fourni une tenue civile puis, avec son camion, il ramène mon père à La Cour Hautière en Pancé et Joseph Messu au bourg de La Bosse.

[Jean Gaultier (86 ans), fils d'Alexandre – le 8 avril 2022]

JG35 (35322)

1940 et années suivantes

Pendant la Guerre, Germaine Jouin (ma sœur) était employée à l’épicerie d’Ange et de Maria Hugues.

[Marie-Annick Gasnier, née Jouin (82 ans) – le 9 octobre 2023

MAG41 (61141)

1940 

La Bosse accueille des réfugiés

Je me souviens de l’arrivée des réfugiés lors de l’exode de 1940.  La commune a hébergé des habitants de la région de Lille. Ils sont arrivés à l’école un soir, au moment où nous allions nous coucher. Nous avions reçu des enveloppes de paillasse les jours précédents et j’ai moi-même aidé à les remplir avec de la balle d'avoine. Les trois ou quatre épiceries existantes furent rapidement en rupture de chicorée Leroux car ces gens du Nord consommaient du café à toutes les heures de la journée. Ils ne sont pas restés très longtemps.

Il y avait à la Bosse plusieurs grandes demeures (dont les maisons Hugues, Robert...) contenant de nombreuses pièces inoccupées. Quand les bombardements se sont intensifiés, la commune a connu une vraie crise du logement.

A partir de 1943, des populations de Rennes et des environs, fuyant les bombardements anglo-américains, sont arrivées par vagues successives et ont été hébergées par les habitants de La Bosse. Certaines avaient des relations avec la commune et d’autres se sont retrouvées là par hasard.

A la libération, tous les réfugiés sont repartis et la Bosse est redevenue sans histoire, un peu trop aux yeux des enfants...

[Propos recueillis auprès de Maryvonne Louise (84 ans), fille de Suzanne Louise (institutrice à La Bosse pendant la guerre) – le 12 octobre 2017]

ML33 (75115)

Lundi 17 juin 1940

Mes parents m’envoient me réfugier à Touche

En juin 1940, la ville de Rennes est bombardée et mes parents y habitent. Je suis encore un gamin et voir les bombes tomber me perturbe. Pour me mettre à l’abri, dès l’arrivée des vacances scolaires, mes parents m’envoient garder les vaches chez mon oncle et ma tante, Emmanuel et Emilie Ginguené, à La Touche (là où habiteront Alphonse et Marie-Ange Chevrel quand ils prendront leur retraite). Je passe beaucoup de temps dans une prairie située six ou sept cents mètres avant le moulin de Rochereuil. Je joue avec Odette Guiheux qui, elle aussi, garde les vaches dans la parcelle d'à côté.

N’ayant pas la notion du temps, nous profitions d’un rayon de soleil pour planter un bâton au milieu d’une taupinière et c’est comme ça que nous savons quand il est l’heure de rentrer le troupeau à l’étable. J’ai mal aux pieds dans mes chaussures car sont trop petites, mais comme c’est la guerre et il est très difficile de s’en procurer des neuves.

[Jacques Papail (85 ans) – le 8 janvier 2018] 

JP32 (44026)

*****

Pendant les années où je suis étudiant à Rennes, aux vacances d'été, je viens aider mon oncle et ma tante à faire la moisson et les battages. Ça me fait de l'argent de poche. Avec la "Souhaite", je vais aussi chez Beaufils à La Guitonnais en Ercé-en-Lamée et chez Bienassis au Bas-Verrion en Tresboeuf. Chez ces derniers, les repas sont particuliers. Nous mangeons souvent du bouc.

[Jacques Papail (90 ans) – le 1er août 2022] 

JP32 (44026

1940

Déplacement des populations

Dès le début des hostilités, le laboratoire de géographie à l'Université de Rennes fut chargé de centraliser et de coordonner une étude sur les déplacements de la population vers la Bretagne.

Trois sujets principaux furent retenus :

        - les évacuations de population

        - les travaux des champs

        - les déplacements d'industrie.

Sans la précieuse collaboration des étudiants, des anciens étudiants et membres de l'enseignement, du clergé et des élèves-maîtres de l’école normale, le laboratoire n’aurait pas pu fournir ce travail.

Suzanne Louise (née Lucas), était institutrice à La Bosse et en parallèle, elle suivait des cours de géographie à la Fac de Rennes. Dans ce cadre, elle a participé à l’ouvrage collectif qui fut achevé en 1941.

[Armelle Louise (50 ans), petite-fille de Suzanne Louise – le 9 octobre 2017]

AL67 (75115)

1940 

La ville lumière

En 1940, le percepteur de Bain-de-Bretagne appelle La Bosse « La ville lumière » car le bourg ne dispose d’aucun éclairage.

[Maryvonne Louise (84 ans) – le 12 octobre 2017]

ML33 (75115)

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Vers 1940

Rémy Tessier est patou chez Louis et Marie Mérel au bourg de La Bosse. Un jour, dans la cuisine, la patronne a le dos tourné et elle prépare le repas lorsqu'un de ses enfants prend un morceau de viande dans le plat avec ses mains. Rémy, voyant cela d’un mauvais œil, lui donne un coup de fourchette sur les doigts. La maman se retourne et demande : « Qu’est-ce qu’il a mon petit ? » Rémy répond : « Il a dû se bruler... »

[Robert Aulnette (73 ans) le 16 janvier 2022]

RA50 (35076)

1941-1950

J'ai fait presque la moitié de ma scolarité pendant la guerre

Je n’ai que 4 ans quand je commence à aller à l’école. C’est la guerre et papa est prisonnier en Allemagne. Maman étant seule à s’occuper de la ferme à La Touche, je vis la plupart du temps chez ma grand-mère, Claire, au bourg de La Bosse, à seulement 100 mètres de l’école.

J’ai 13 ans et demi quand j'obtiens mon certificat d'études. Il reste encore un mois d'école avant la fin de l'année scolaire mais Madame Rébillard (mon institutrice) me dit : « Ce n'est pas la peine que tu reviennes. Ta mère a besoin de toi, il y a trois petits à la maison ».

René a 3 ans, Joseph 15 mois et Robert 2 mois.

[Madeleine Tessier, née Aulnette (82 ans) – le 1er avril 2019]

MT36 (35030)

1941 

Mathurin tombe à l’eau

Un jour, Mathurin Lemoine (maréchal-ferrant) est à la pêche au bord du Semnon, dans la grande prée de La Touche. Il tombe à l’eau mais il réussit à s’accrocher à une branche. Je coure prévenir les habitants du village qui, aussitôt, accourent pour lui porter secours. Grâce à eux, le père Lemoine remonte à la surface !

Quelques semaines plus tard, je reviens de Rennes par la ligne régulière des transports Gérard avec ma mère, Clarisse. Arrivés au bourg de La Bosse, lorsque nous descendons de l'autocar à l'arrêt situé devant le distributeur d’essence d’Ange Hugues, au grand étonnement de Maman, la mère Lemoine (Rosalie) qui habite en face, pousse un cri de joie en me voyant : « Voilà le sauveur de mon mari ! »

 [Jacques Papail (85 ans) – le 8 janvier 2018] 

JP32 (44026)

Dimanche 16 février 1941

Né à la campagne en période de grand froid

Au Cleray, le dimanche 16 février 1941, jour de ma naissance, il faisait un froid de canard m’a-t-on dit. Les ruisseaux et les rivières étaient complètement gelés. Prévenu, le docteur Robert Aubin, d’Ercé-en-Lamée, s’était déplacé avec sa voiture jusqu’au bourg de La Bosse mais, les deux kilomètres de chemins creux pour atteindre le Cleray n’étant pas carrossables en voiture, mon père, Aristide avait été obligé d’atteler le cheval sur la carriole pour aller le chercher.

[Claude Hervochon (76 ans) – le 30 novembre 2017]

CH41 (44184)

1941 ~ un jour où la température est élevée

Des réfugiés s'approvisionnent en eau chez ma grand-mère

Fin 1940, en pleine débâcle et un jour où il fait très chaud, des réfugiés viennent s'approvisionner en eau chez Claire, ma grand-mère qui habite le bourg. Nous sommes un jour d’école et je suis chez elle pour le repas de midi.

Toute une ribambelle d’expatriés se présente à la porte de sa maison. Ils sont à pied et ils arrivent du Nord de la France et de la Belgique. Assoiffés, ils viennent demander de l’eau. Sans hésiter, Grand-mère les invite à se servir à la pompe qui est installée sur son puits.

[Madeleine Tessier (78 ans) – été 2015]

MT36 (35030)

(1) actuellement 12 rue de la Mairie

1942 

Patron, moi partir…

Pendant l’occupation, un prisonnier polonais (dont je n’ai plus le nom) est mis gracieusement à disposition de mes parents en période estivale. Il participe aux travaux des champs. Comme tous les détenus employés dans les fermes de la commune, la nuit, il est hébergé dans un logement réquisitionné par la mairie. Matin et soir, il parcourt à pied les 1200 mètres qui séparent La Mouchère du bourg.

Pour le repas du midi, il mange avec nous. Il commence toujours par remplir son verre avec du cidre et il en vide la moitié dans son assiette de soupe. Il est très gentil et il sait tout faire. C’est lui qui conduit les chevaux attelés sur la faucheuse pour couper le foin et les céréales. Nous avançons derrière la machine et, au fur et à mesure que les radées tombent, nous les déplaçons pour permettre le passage de l’attelage au tour suivant et nous les déposons sur des liens que nous réutilisons d’une année sur l’autre.

À 19 heures, la journée de travail du polonais s’achève (17 heures si on se réfère à l’heure du soleil) – Les pendules sont réglées à l’heure de l’Europe Centrale sur imposition de l’armée allemande – Quand le prisonnier termine sa journée, il prévient toujours mon père : « Patron, moi partir ! » Ce dernier répond : « C’est triste de te voir déjà t’en aller, c’est le meilleur moment de la journée ! »

 [Bernard Massicot (93 ans) – le 23 janvier 2020]

BM26 (35131)

1942

Chez Maria du bureau (1) pendant la seconde guerre mondiale

Il existait des cartes de rationnement, pour le tabac, composées de cases pour chaque mois, que les buralistes devaient poinçonner à l’aide d’une pince. Maria ne possédait pas cette pince. Mais elle utilisait un accessoire des écoliers. Ceux-ci écrivaient sur leurs ardoises avec une tige d'ardoise placée dans un protège-crayon en métal aux bords coupants. Maria appliquait un de ces porte-crayons sur la carte de rationnement et, avec un petit marteau, elle donnait un coup sur le fond du porte-crayon, découpant une rondelle sur la carte.

Mon père racontait qu'une fois il était allé acheter du tabac chez elle (2). Maria n'était pas là et il avait été servi par son époux. Celui-ci avait fait s'écrouler la pile de paquets de tabac, disant : « v'là core tout ça qu'est chai (tombé) » et ajoutant, philosophe : « Maria remettra çà ». Pendant longtemps, dans ma famille, quand on faisait tomber un objet, on disait : « Maria remettra ça ».

[Maryvonne Louise (86 ans) – le 15 octobre 2019]

ML33 (75115)

(1) = Maria du bureau : Maria Perrudin, née Maria Deniel

(2) = 1 rue de la Bascule

1943 

Le Service du Travail Obligatoire

L’Allemagne nazie occupe la France. Bernard Chapon, né en 1921, est réquisitionné pour le Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) (1). Refusant de participer à l’effort de guerre allemand et d’être transféré sur le territoire ennemi, il déclare à son entourage : « Ma patrie, c’est ma peau ! » Il réussit à se camoufler (2) en dehors de sa commune et attend qu’il n’y ait plus rien à craindre (c’est-à-dire la fin de la guerre) pour rentrer chez ses parents au bourg de La Bosse.

[Bernard Massicot (93 ans) – le 23 janvier 2020]

BM26 (35131)

(1) Des centaines de milliers de jeunes nés en 1920, 1921 et 1922 ont été envoyés dans des camps de travailleurs localisés sur le sol allemand. L'Allemagne nazie ayant imposé au gouvernement de Vichy la mise en place du S.T.O. pour essayer de compenser le manque de main-d’œuvre dû à l'envoi d'un grand nombre de soldats allemands sur le front.

(2) Comme Bernard, beaucoup ont préféré rejoindre le maquis plutôt que de partir travailler en Allemagne.

*****

Bernard était caché chez un cordonnier (peut-être un copain de son père qui, lui aussi, était cordonnier) dans le bourg (1) de Saint-Sulpice-des-Landes (35). Emma Robert le fréquentait déjà et elle est allée le voir discrètement un dimanche.

[Rémy Tessier (89 ans) – le 23 janvier 2020]

RT30 (35221)

(1) = rue Louis Leray

*****

Je suis née en juin 1938 mais je n'ai pas souvenir de cette période durant laquelle Bernard Chapon était camouflé chez mes parents "Louis et Félicie Gérard" (1)D'après eux, sa fiancée "Emma" est venue le voir plusieurs fois en cachette. Je les ai connu plus tard car ils sont restés amis avec mes parents et ils s'invitaient occasionnellement. J'ai assisté à la communion de leurs deux garçons.

Bernard n'était pas le seul à être hébergé clandestinement chez nous. Il y avait aussi Samuel Jouaux, de Lalleu.

(1)  Louis Gérard, cordonnier à Saint-Sulpice-des-Landes, était originaire de La Lande, en Pancé. Félicie Gérard (née Picoul) son épouse, était originaire de La Chevrie, en Pancé.

[Louisette Bourgeais, née Gérard (81 ans) – le 13 février 2020]

LB38 (35168)

*****

Je sais que mon père s’est camouflé à Saint-Sulpice-des-Landes pendant une période de la guerre pour échapper au S.T.O., mais j’en ai très peu entendu parler. Je précise qu'il est né en mars 1922, non pas à Lalleu mais à Belle Marie en Pancé. C’est seulement en 1946 ou 1947 qu’il s’est installé comme cordonnier à Lalleu.

[Annette Marcault, née Jouaux (69 ans) – le 1er avril 2020]

AM50 (35238)

Printemps 1943

C'est moi qui porte la bannière

Mes parents habitent Rennes mais c'est à La Bosse, la commune natale de ma mère, que je fais ma 2ème communion. Nous sommes trois garçons à participer aux réunions de catéchisme et je suis toujours classé dernier. Il n'empêche que le jour de la communion solennelle, comme je suis le seul à être véritablement à l'heure, j'ai la chance d'être désigné pour porter la bannière !

[Jacques Papail (90 ans)  le 1er août 2022] 

JP32 (44026)

Juin 1943 

L'armée allemande stationne à La Haute-Bosse

La France est occupée par l’armée allemande lorsqu’un matin de juin, vers deux heures, un convoi militaire stationne au village de La Haute-Bosse. Des officiers s’approprient la maison (1) d’Yvonne Langouët qui est veuve et seule à élever ses deux enfants en bas âge. Yvonne, déjà très éprouvée par la guerre (Emile, son mari, est mort au combat le 19 mai 1940) doit abandonner sa chambre qui est prise d’assaut. Les simples soldats, une bonne centaine, dorment sur le tas de foin qui est empilé dans la grange. Tous les camions du convoi sont rangés en bordure de la route et recouverts de branchages pour ne pas être repérés. De temps à autre, des avions survolent le secteur.

Seul, un chemin de terre sépare la maison d’Yvonne de celle de mes parents.

Les Allemands sortent les charrettes et autres matériels entreposés dans le hangar de la ferme d'Eugène et Antoinette Prunault (mes parents) pour y installer leur cuisine roulante. Ils prennent leurs aises et font la popote sur place.

Ils ne quittent les lieux que le lendemain en fin d’après-midi. Quand le convoi repart, nous sommes à faner de l’autre côté de la grande route, dans le pré de l’Ecôtais. En traversant le bourg de La Bosse, ils volent plusieurs bicyclettes. Elles seront retrouvées à Saint-Malo quelques jours plus tard, dans une forteresse de l’armée allemande.

[Romain Prunault (85 ans) – le 23 janvier 2020]

RP34 (35131)

(1) = 11 La Haute-Bosse

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Dans mes jeunes années, j'ai souvent entendu Clémentine (ma mère) raconter que cette nuit-là, elle aussi, elle avait hébergé des Allemands. Certains occupaient sa chambre, d'autres logeaient dans le grenier. Maman dormait avec ma sœur "Jeannine", ma tante "Marie" et mon cousin "Henri". Ils étaient tous les quatre dans le même lit.

Le lendemain midi, à La Haute-Bosse, tous les œufs avaient été ramassés dans les nids pour faire une omelette à cet attroupement de soldats venus envahir le village. Il fallait aussi fournir le foin pour nourrir leurs chevaux.

Mon père "Isidore" était prisonnier en Allemagne.

[Jean-Claude Lunel (71 ans) – le 22 novembre 2020]

JCL49 (35030)

1943

Pas besoin de piscine pour apprendre à nager

Bernard Ginguené (mon cousin) et moi-même, nous décidons d’apprendre à nager dans le Semnon, tout près du moulin de la Pile. Nous nous lançons du haut du pont avec le paquet de joncs fraîchement coupés que nous venons de ficeler. Tout à coup, le ballot se disloque mais nous arrivons quand-même à rejoindre la berge. À midi nous démontrons à mon oncle Emmanuel (le père de Bernard) que nous savons nager.

[Jacques Papail (85 ans) – le 8 janvier 2018] 

JP32 (44026)

1943 

L’école des Sœurs

Marie-Josèphe Neveu (née à La Bosse en 1885) me racontait que sa maîtresse d’école était une religieuse très agitée. Elle montait sur les tables en brandissant un bâton et en criant « pancrace ». Personne n’osait lui demander ce qu’elle entendait par là.

Selon Wikipédia, le pancrace est « un sport de combat grec, permettant au temps des Jeux Olympiques antiques quasiment tous les coups, même les plus mortels. Seules étaient interdites les techniques d’arrachage des yeux et de morsure ».

[Maryvonne Louise (84 ans) – 25 mars 2018]

ML33 (75115)

1943 

Les frères Papail n’ont pas peur de l’eau

Pour divertir les habitants des villages alentours, mes frères et moi-même, nous faisons souvent une animation en plongeant du pont de la Pile dans le Semnon. Les spectateurs sont nombreux...

... Aujourd'hui, soixante-quinze ans plus tard, je nage toujours le crawl dans la région nantaise.

 [Jacques Papail (85 ans) – le 18 janvier 2018] 

JP32 (44026)

1943 

Pendant l’occupation allemande

J’aide papa à creuser un abri souterrain à quelques mètres de la maison. Nous le couvrons de fagots. Quelques temps plus tard, un soir à la belle saison, nous entendons dire que les Allemands arrivent à La Bosse. Comme d’autres familles habitant La Mouchère, Ferdinand et Léontine Massicot (mes parents) décident d’aller avec leurs enfants : Bernard (moi-même), Agnès, Marcel, Jeannine et Gilbert, se mettre à l’abri.

En partant, ils laissent la porte ouverte et la table servie avec de la nourriture pour une bonne quantité de personnes. Sur la table, il y a aussi un grand pain fabriqué par maman. Si mes parents procèdent de la sorte, c’est pour permettre aux boches, au cas où ils décident de s’arrêter, de pouvoir manger sans être tentés de piller la maison.

Nous passons la nuit, couchés dans un chemin creux entre La Mouchère et Sevrault, mais nous ne dormons pas. Nous sommes sur nos gardes. Nous entendons le bruit provoqué par les sabots de chevaux et les roues de charrettes circulant sur la route venant du Sel à La Bosse.

Le lendemain matin, en rentrant, nous retrouvons la maison dans l’état où nous l’avons laissée.

[Bernard Massicot (93 ans) – le 20 janvier 2020]

BM26 (35131)

Jeudi 16 septembre 1943

Un bombardier américain perd une aile en survolant La Touche et s’écrase à La Nouette

Le jeudi 16 septembre 1943, vers 15h30, quatre bombardiers américains passent sur le village La Touche, en La Bosse. Quelques secondes plus tard, l’un d’eux est abattu par la chasse allemande à La Nouette, sur la commune d’Ercé-en-Lamée. L’avion américain B17 se dirigeait vers Nantes pour bombarder des navires allemands stationnés au port. Trois des dix membres de l’équipage meurent. Cinq sont faits prisonniers par les Allemands. Seuls, le pilote, John Butler, et le mitrailleur de la tourelle supérieure, Howard Turlingto, parviennent à s’échapper. Une demi-heure plus tard, 147 forteresses B17 survolent le cœur de Nantes. 1400 bombes sont larguées en un quart d’heure, alors que les gens sont dehors à contempler les avions alliés. Sous un déluge de feu, le centre-ville est anéanti.

*****

Je me souviens très bien du bombardement de septembre 1943. J’ai vu tomber les débris d’un avion tout près de la maison d’Anna Aulnette, chez qui j’étais commis de ferme. Théophile, son mari, était prisonnier en Allemagne. J’étais avec les chevaux sur la butte du Devant-Lu. J’ai vu passer une formation d’une vingtaine de forteresses au-dessus de ma tête. Les balles me sifflaient dans les oreilles. Pris par la peur, je suis rentré en vitesse avec mon attelage. Avec des gens du village, nous avons pris position entre l’étable de Germain et d’Adélaïde et la grange au four de Théophile et Anna. Nous étions debout, sans protection et sans nous soucier du danger. Les forteresses continuaient à passer en faisant un bruit infernal. Arsène Aulnette arriva. Plus expérimenté que nous, pour avoir vécu la guerre de septembre 39 à août 41, il nous dit : « Ce que vous entendez, ce sont des balles… Ne restez pas là, allongez-vous dans le fossé. » Quand le bombardier américain a été abattu par la chasse allemande, il s’est déporté sur la droite en dégageant une épaisse fumée noire… J’ai vu une aile se détacher de l’appareil. Elle a atterri dans une prairie, au bord de la rivière, avant le Bas-Rochereuil. Des débris sont tombés tout près de nous. Les chasseurs allemands continuaient de tirer sur les membres de l’équipage quand ils sautaient en parachute… L’avion s’est écrasé à La Nouette.

Je suis allé ramasser des tracts annonçant la fin de la guerre dans la grande prée. À mon retour, craignant que des Allemands passent chez elle et les trouvent, Anna m'a dit : «. Mets moi ça dans le feu tout de suite ! ». Je n’en ai même pas gardé un pour moi.

Peu de temps après la chute de l’avion, Anna m’a demandé de creuser un abri dans le pré du Gain, à une centaine de mètres de sa maison. Cet abri, couvert avec des fagots, n’a pas été utilisé. Quelques temps plus tard, Arsène prévenait : « Si vous descendez à l’intérieur et qu’une bombe tombe à côté, au moment de l’explosion vous serez ensevelis. » Sur ses conseils, je l’ai rebouché.

[Alexandre Rouiller (89 ans) – octobre 2015]

AR26 (35106)

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Lorsque l’avion s’est écrasé, maman nous a emmené (mon frère Bernard et moi), dans la grange au portail. J’avais peur qu’un autre tombe sur nous car, sous la toiture, il n’y avait pas de grenier… Voyant que j’étais effrayée, maman nous a conduits dans la chambre et, tous trois, nous nous sommes cachés dans le noir, derrière la porte.

[Madeleine Tessier (78 ans) – octobre 2015]

MT36 (35030)

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Je me souviens vaguement que lorsque l’avion a rasé le toit de la maison de Tonton Germain, je croyais qu’il tombait dans la rivière.

[Bernard Aulnette (77 ans) – octobre 2015]

BA38 (35066)

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Pendant les vacances de l’été 1943, je loge dans la maison secondaire de mes parents, à La Mouchère. J’ai 11 ans et chaque jour je me rends chez mon oncle, Emmanuel Ginguené, qui n’exploite plus à La Touche mais à La Veslais. Pour me faire de l’argent de poche, j’aide à faire la moisson et les battages. Avec la "Souhaite", nous allons au Val-Giffard et à La Nouette. C’est là que nous sommes à battre le 16 septembre, avec le manège tournant entraîné par un cheval, lorsqu’un bombardier américain B17 s’écrase au sol. Aussitôt, nous nous rendons sur place. On me montre (ce qu’on n’aurait pas dû faire) le cadavre d’un mitrailleur qui est encore assis dans la queue de l’avion.

Mon oncle Emmanuel avait un champ près de la Nouette dans lequel, peu de temps après, son fils Bernard et moi-même, nous avons retrouvé une mitrailleuse.

[Jacques Papail (85 ans) – le 18 janvier 2018] 

JP32 (44026)

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J’étais à La Nouette quand l’avion s’est écrasé.

Etant très jeune quand ma mère est décédée, j’ai dû quitter le village des Cours-Luniaux, en La Bosse, pour aller vivre mes années d’enfance chez Jean et Raymonde Loyer, à La Nouette, en Ercé-en-Lamée. C’est Raymonde (née Mercier) cousine de ma mère, qui m’a élevé.

Le 16 septembre 1943, jour où l’avion s’est écrasé, je n’avais que sept ans et demi et Jean m’avait emmené avec lui chez Louis Chailloux, un voisin. Ils étaient en train de battre du blé noir. La batteuse était entraînée par des chevaux attelés sur un manège.

Lorsque l’avion est tombé, une bombe a fait un trou de quatre ou cinq mètres de profondeur sur un diamètre d’environ une vingtaine de mètres. Nous sommes partis en courant et la terre nous volait au derrière. Plus tard, un calvaire a été installé à l’endroit où avait eu lieu l’accident, sur un terrain appartenant deux célibataires (frère et sœur) du nom de Guibert, habitant le Dane, en Bain-de-Bretagne, village situé à cinq-cents mètres de La Nouette. Plus tard encore, un autre Guibert (dont les parents avaient un restaurant à Bain, dans le quartier de la gare) a récupéré un morceau de l’avion. En le découpant au chalumeau ou au lapidaire chez Gageot, son beau-père, forgeron à La Fontaine, une explosion eu lieu et il fût foudroyé. Il avait une trentaine d’années et il était marié.

[Joseph Masson (83 ans) – le 30 octobre 2019]

JM36 (44020)

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Ce jour-là, j'étais à couper du blé noir avec mon père chez Alexandre Bouillaux dans les Cieux-de-la Lande, sur la route de Sourg. Le lendemain je suis allé à La Nouette à pied pour voir l'avion. Des gens du village racontaient qu'ils étaient à travailler tout près et que, par miracle, aucun n'avait été blessé.

[Robert Lunel (89 ans) – le 25 novembre 2020]

RL31 (35030)

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Je suis retourné sur les lieux du bombardement au cours de l'été dernier et j'ai bien retrouvé le champ qu'exploitait mon oncle à l'époque mais je n'ai pas reconnu le village de la Nouette. J'en ai profité pour aller voir la stèle qui a été érigée il y a presque 25 ans.

 

[Jacques Papail (90 ans) – le 11 janvier 2023] 

JP32 (44026)

1943-1944

Un convoi allemand stationne dans le chemin du presbytère

Nous arrivons en fin de période d’occupation lorsqu’un convoi militaire allemand stationne dans le chemin du presbytère. Les soldats sont nombreux et ils restent plusieurs jours en rodant un peu partout dans le bourg. Nos parents nous ordonnent de ne pas aller vers eux mais nous, les enfants Mérel et quelques autres du quartier dont Marie, Germaine, Camille, Marie-Jeanne et René Aulnette, nous ne les trouvons pas désagréables. Quand nous jouons au ballon autour de l’église, ils sont plusieurs à venir nous encourager.

Pour se ravitailler en alimentation, Ces Allemands font du porte-à-porte et ils ne rechignent pas pour payer. Toutefois, quand ils viennent chez nous, mon père refuse de leur vendre quoi que ce soit en disant « Moi beaucoup d’enfants à nourrir ». Ils repartent sans rien dire.

[Andrée Jollive, née Mérel (82 ans) – le 22 décembre 2020]

AJ38 (35231)

Vendredi 7 avril 1944

Enfants inconscients

Pour nous amuser, Robert Drouin et moi-même, nous décidons d’allumer un feu. Nous sommes au pied du pailler (1) d’Alexandre Lunel mais (âgés de cinq et six ans) nous n’avons pas la notion du risque. Immédiatement, un incendie se déclare.

Habituellement, du Jeudi saint au jour de Pâques, les cloches se taisent mais, ce Vendredi saint là, le tocsin sonne au clocher situé à seulement une cinquantaine de mètres. Les gens du bourg arrivent sur place pour porter secours. Anna Horel demande : « Qui veut bien garder mes gosses pendant que j’aide à éteindre le feu ». Une chaîne humaine se forme et des seaux d’eau sont acheminés depuis le ruisseau des Noës.

Revenant à vélo de La Nouette (en Ercé-en-Lamée) où ils sont à travailler, Papa et Rémy sont informés de la bêtise que nous venons de faire dès leur arrivée.

[Claude Tessier (81 ans) – le 11 avril 2020]

(1) = 4 rue du Semnon

CT38 (35012)

Dimanche 7 mai 1944

Massacre nocturne

La nuit est tombée depuis longtemps, le dimanche 7 mai 1944, quand une alerte retentit jusqu’à La Mouchère. Nous montons l’échelle qui accède au grenier et, de la trappe, nous apercevons des avions tourner dans le ciel. Plus tard dans la nuit, nous distinguons des lueurs au loin et nous entendons des déflagrations.

Le lundi matin, nous apprenons que la ville de Bruz (où de nombreuses familles étaient réunies en ce jour de communion solennelle) a été bombardée par l’armée anglaise vers minuit et qu’il y a énormément de victimes (1).

[Bernard Massicot (93 ans) – le 20 janvier 2020]

BM26 (35131)

(1) Cette nuit-là, à Bruz, suite à une erreur de balisage, des bombardements alliés provoqués par l’armée britannique ont fait 183 morts (dont 51 enfants) et environ 300 blessés. Des familles entières ont disparu

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Antoinette Mercier, née à La Bosse le 15 janvier 1914 (fille de Ange Mercier et de Maria Cadieux) se marie à Bruz le 10 juin 1939 avec Pierre Le Cerf (originaire de Loudéac). C'est dans cette localité que le couple choisit de vivre. À peine cinq années plus tard, au matin du 8 août 1944, Antoinette et Pierre sont sur la liste des 183 morts recensés.

[Joseph Aulnette  le 29 juillet 2021]

JA49 (35235)

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Cette nuit-là, le docteur François Joly (maire de Bruz) meurt sous les bombes avec toute sa famille  Il faudra attendre le 17 juillet 1945 pour que de nouvelles élections soient organisées  Les femmes françaises ayant obtenu le droit de vote le 29 avril précédent, c'est Germaine Marquer qui lui succède et elle devient ainsi l'une des premières femmes maire de France.

[Bernard Aulnette (83 ans) – le 30 juillet 2021]

BA38 (35066)

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Moi aussi, cette nuit-là, je suis monté dans le grenier avec mes parents, mes frères et mes sœurs. De notre ferme située au virage de "la Tournée" au bourg de La Bosse, nous avions l'impression d'assister à un feu d'artifice mais c'était la guerre.

[Camille Chevrel (88 ans) – le 7 février 2022]

CA33 (35012)

Mardi 16 mai 1944 à 15h00

Vente mobilière au presbytère de La Bosse

Maître André Hupel vend deux salles à manger sculptées et une salle à manger Henri II, quatre chambres à coucher sculptées, linge, argenterie, vaisselle, verrerie, poste TSF neuf, un harmonium, un coffre-fort et nombreux objets de valeur.

Mardi 6 juin 1944

À deux-cents kilomètres des lieux de débarquement

Le 6 juin 1944, j’aide mon père Victor et mon oncle Alexandre à construire un four chez Amoureau au lieu-dit La Pitouais en Bain-de-Bretagne. Mon père et moi, nous sommes sous la voûte à poser les dernières briques lorsque, soudain, un bruit de fond nous fait penser à des tirs de canon. Mon père sort du four et il prête l’oreille mais il n’entend plus rien. Il s’adresse à mon oncle qui fait du mortier dans la cour : « As-tu entendu les coups de canon à l’instant ? » N’ayant rien remarqué, ce dernier répond : « Tu rêves mon frère ». À son tour, il prend place sous la voûte puis il écoute d’une oreille attentive. Comme nous, il discerne un ronflement produit par des coups de canon dans un rayon lointain.

Peu après, nous apprenons que les Alliés ont débarqué à l’aube sur les plages de Normandie. Nous analysons que le bruit sourd décelé par chacun de nous vient de là.

[Rémy Tessier (90 ans) – le 14 octobre 2020]

RT30 (35221)

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À l'époque où j'étais conducteur laitier, il m'est arrivé d'avoir une tournée de collecte qui desservait le village de La Pitouais et sur laquelle j'avais André et Michel Amoureau (deux frères) comme adhérents de CORALIS. Aux environs de l'année 2005, ils avaient quelques tanks de 600 litres à céder. Je me souviens en avoir ramené un à Rémy Tessier, mon beau-frère, pour stoker du cidre. Chaque fois qu'il soutirait, à l'aide d'une pompe, il remplissait ce tank qu'il avait acheté à la laiterie à petit prix.

[René Aulnette (74 ans) – le 13 janvier 2022]

RA47 (35139)

1944 

Un mariage traumatisé par le passage d’un convoi allemand

J’assiste, avec mes parents, au mariage de Joseph Morel (frère de maman) et de Germaine Esnault. Le repas a lieu sous la remise à Germain Morel (un autre frère de maman) au Bignon-Gémier, sur la commune de Pancé. Des Allemands battant en retraite entrent en convoi dans le village. Venant de la Loire-Inférieure (1), ils s’arrêtent près du puits situé au bord du chemin pour donner à boire à leurs chevaux. Tous les invités du mariage sont attablés à une vingtaine de mètres de là où les boches sont stationnés. Nous vivons un moment de grosse frayeur, sachant que la noce peut tourner au cauchemar d’un instant à l’autre. Finalement, tout s’arrange. Le convoi poursuit son chemin en rejoignant la route allant de La Bosse à Pancé.

[Bernard Massicot (93 ans) – le 20 janvier 2020]

BM26 (35131)

(1) Le 9 mars 1957, la Loire-Inférieure deviendra la Loire-Atlantique

Vacances d'été 1944

Lucienne me donne une pièce de cent sous

J’ai 12 ans et, aux vacances d’été, mes parents m’envoient garder les vaches chez Pascal et Lucienne Marsollier, à La Bellandière. Un dimanche matin, pendant que la patronne est à la messe, je décide de lui concocter une surprise. Je balaie la cuisine après avoir posé les bancs sur la table, je lave l’écrémeuse dans la pièce d'à côté et j’enlève le fumier dans l’étable.

En rentrant de l'office, Lucienne apprécie le travail que je viens de réaliser. Etonnée, elle me dit : « Ce n’est pas un patou que j’ai embauché, c’est une servante ! » Elle me donne une pièce de cent sous et ajoute : « Tu en auras pas une tous les dimanches... »

Ma mère est gravement malade et elle doit aller se faire opérer, ce qui m'oblige à rentrer à la maison avant la fin des vacances. Je prépare la popote pour mon père (Victor), pour ma sœur (Alice) ainsi que pour mon frère (Claude). Je commence par une soupe dans laquelle je mets trop de sel si bien qu’elle est immangeable.

[Rémy Tessier (90 ans) – le 14 octobre 2020]

RT30 (35221)

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Environ cinq années plus tard, à mon tour, je garde les vaches chez Pascal et Lucienne à La Bellandière. Francis (leur fils) aide au travail des champs et Michelle (leur fille) est encore toute petite.

[Andrée Jollive, née Mérel (82 ans) – le 22 décembre 2020]

AJ38 (35231)

1944-1945

Souvenirs de la fin de la guerre 39-45

Quand maman recevait du courrier de papa, si les nouvelles n'étaient pas bonnes, elle ne nous en parlait pas. Elle était triste et elle se cachait pour pleurer. 

J’ai aidé à remplir des boîtes en carton qui étaient envoyées à papa. À l'intérieur, il y avait des gâteaux (cœurs et madeleines) réalisés par maman, Constance, l'épouse de Jules Jardin et Marie, celle de Zacharie Geffriaux. Papa les recevaient environ trois semaines plus tard. 

[Bernard Aulnette (77 ans) – septembre 2015]

BA38 (35066)

1944-1946

J’étais encore enfant mais je me souviens que, pour construire sa maison, Victor Tessier avait tiré la pierre dans "Les Landes", parcelle située à environ cinq-cents mètres de la Croix Guénard, en direction du Plessis. Ce champ appartenait à mon père, Albert Masson.

La pierre était transportée par un chemin creux jusqu'au bourg de La Bosse, avec des chevaux attelés sur un tombereau.

[Joseph Masson (83 ans) – le 13 octobre 2019]

JM36 (44020)

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Mon père tirait la pierre en creusant avec une barre à mine. Ensuite, il la lançait sur un gradin. Je la reprenais pour la déposer au niveau champ et les charretiers la chargeait dans les tombereaux, un bon mètre cube à chaque fois.

Nous étions sur un terrain humide et, le matin avant de démarrer la journée, il fallait enlever l’eau qui stagnait au fond du trou en la puisant avec un seau, lequel était évacué avec un câble de fortune (un câble téléphonique de récupération) entraîné par une poulie.

Le chantier s'étala sur deux années, à raison d'une journée par-ci, d'une journée par-là, principalement pendant les périodes hivernales, quand il faisait trop froid pour maçonner. J'ai le souvenir d'une journée où un vent glacial venait de l'Est. J'avais les pieds gelés dans mes sabots.

Le transport de la pierre (ainsi que du sable provenant d'une carrière appartenant à Stanislas Hamon de Pancé) était assuré par des cultivateurs de la commune : Pierre Brochard et son fils Rémi, du Briant ; Ferdinand Lunel, Bernard Chevrel (pour le compte de son père) et Eugène Masson, du bourg ; Théophile Aulnette et Alexandre Guiheux, de La Touche.

Au début, maman apportait le repas du midi et elle restait à nous aider mais plus tard, atteinte par la maladie, elle cessa de se déplacer. Elle n'eut pas le bonheur d’aller dans sa maison, laquelle ne fût achevée qu'en 1948.

[Rémy Tessier (89 ans) – le 15 novembre 2019]

RT30 (35030)

1944-1953

J’habite à La Bellandière et, à partir d'octobre 1944, je suis scolarisé à Tresbœuf. Tous les jours d'école et par tous les temps, matin et soir, je fais trois kilomètres à pied (trente-six par semaine). Je n’aurais que la moitié de cette distance à parcourir si j’allais à La Bosse mais mes parents veulent que j'aille dans le privé. Je marche seul jusqu’au Plessis et ensuite je suis accompagné d'André Berthelot et de Gabriel Suhard.

À la rentrée d'octobre 1945, Charles (mon frère) commence l'école et il fait la route avec moi. À compter de la rentrée 1950 ou 1951 et jusqu'en juillet 1953, je suis en pension à Saint-Joseph à Bain-de-Bretagne. Charles continue à aller à Tresbœuf mais il ne va plus à pied, il va à vélo.

[Claude Savouré (81 ans) – le 27 janvier 2020]

CS38 (35335)

Mardi 24 avril 1945

J'ai sept ans lorsque je fais connaissance de mon père

Mardi 24 avril 1945, je vais avec Maman et ma sœur Madeleine chercher Papa à Rennes. Il rentre de la guerre et je ne le connais pas alors que j'ai sept ans passés. Quand il est parti en septembre 1939, j'avais dix-neuf mois. Joseph Messu, maire et forgeron à La Bosse, nous emmène et c'est place du champs de Mars que je fais sa connaissance. 

En revenant de la capitale bretonne, Joseph Messu s'arrête au café Geslin, bourg de Saint-Erblon, pour que nous arrosons le retour de Papa. Lorsque nous entrons dans le bistrot, Denise (la patronne) observe le prisonnier qui rentre de captivité puis elle me regarde et dit : « Qu'est-ce qu'il ressemble à son père ce bonhomme-là ». Je n'accepte pas et ça m'agace. J'ai du mal à faire la différence entre les Allemands qu'on nous interdisait de côtoyer pendant la guerre et un français (mon père) qui rentre d'Allemagne. Au bout de quelques jours, Papa réussit à m'apprivoiser car m'a apporté un harmonica et des chocolats.

Plus tard, j'ai souvent raconté que c'est au café Geslin de Saint-Erblon que j'ai trinquer avec mon père pour la première fois.

[Bernard Aulnette (77 ans) – en 2015]

BA38 (35066]

1945

Le Sourcier

À la fin de la guerre 39-45, les fermiers de La Bosse et d’Ercé-en-Lamée emploient des prisonniers allemands pour remblayer des chemins en bordure du Semnon. Ils sont très sympas. Rudy m’apprend à détecter les sources avec une branche de noisetier sauvage.

[Jacques Papail (85 ans) – le 8 janvier 2018] 

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1945 : Dans la maison (à droite sur cette photo), Adèle Mellet tient un dépôt de pain. Elle ne peut pas marcher. Pour se déplacer, elle avance avec un genou posé sur une chaise.

[Bernard Aulnette (84 ans) – le 11 mars 2022]

BA38 (35066)

1945-1948

Les parties de canettes

Mes parents habitent le bourg et durant mes jeunes années, c’est avec René Aulnette (petit cousin), Joseph Leclère et Gustave Lemoine (surnommé Chaupitre) que je joue le plus souvent. Tous les quatre, nous faisons régulièrement des parties de "canettes" sur terre battue, dans la cuisine des parents de Joseph. Le vainqueur ramasse le « pot ». René est beaucoup plus fort que nous et il gagne quasiment à chaque fois.

[Camille Aulnette (81 ans) – le 30 octobre 2020]

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1945-1958

Je n'ai que huit ans lorsque Papa décède en avril 1945. Alfred (mon frère) a deux ans. Nous habitons à La Veslais en Ercé-en-Lamée mais, Papa n'étant plus là, Maman ne se voit pas exploiter la ferme seule. Fin septembre (à la Saint-Michel), elle loue une maison appartenant à Théophile Marsolier (son beau-frère) et Marie (sa sœur), à La Mouchère en La Bosse. Je suis scolarisée au bourg. Pendant les vacances scolaires, je garde les vaches chez Tonton Germain (Aulnette) et Tante Adélaïde à La Touche. Je dors dans la cuisine et j'y reste jusqu’en fin septembre 1950. Ils prennent leur retraite à la Saint-Michel et j'ai presque 14ans. Leur succession est assurée par Arsène (un de leurs fils) et Madeleine Lainé, lesquels viennent de se marier. Ils me font un contrat de travail et je suis salariée chez eux jusqu’à mes 18 ans. Vers 1952, Maman vient habiter avec sa mère, ma grand-mère, à La Touche.

Le 2 août 1954, je suis embauchée comme bonne à tout faire chez Eugène Douillet, seul sur sa ferme au bourg d'Ercé-en-Lamée. Je quitte cet emploi fin juillet 1958, soit un mois avant de me marier avec Francis Rouyer.

[Yvette Rouyer, née Guibert (85 ans) – le 20 octobre 2022]

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Mai 1945

Retour de guerre

Le jour où Jean Aulnette rentre de la guerre, nous sommes nombreux à être présents chez lui pour l’accueillir. Dans ses bagages, il a un harmonica et tout de suite Camille (son fils) se met à en jouer.

Je me souviens aussi du retour d’Eugène Aulnette

Je me souviens enfin du retour d’Alexandre Drouin. En arrivant chez lui, il reste un moment sur le perron de sa maison et il raconte certains moments vécus en Allemagne. Dans la rue, nous sommes nombreux à l'écouter. 

[Claude Tessier (81 ans) – le 11 avril 2020]

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1945-1999

Le parcours professionnel d’un gars de La Bosse

Je suis en famille d’accueil chez Eugène et Maria Masson, au bourg de La Bosse depuis mon plus jeune âge et, à 16 ans, je pars travailler à Rennes. Je fais un apprentissage en électricité auto au garage André MICHEL, situé entre le pont Villebois-Mareuil et la Vilaine. Matin, midi et soir, je prends mes repas en bas de la rue Hoche. Je suis hébergé au foyer des jeunes travailleurs, avenue Gros Malhon. Le directeur, Aimé Lefoll, est très sympa avec moi. Je suis inscrit dans un club photo et pendant mes temps libres, j’apprends à développer des pellicules en noir et blanc. J’arrive même à réaliser des agrandissent. C’est à vélo que je fais tous mes déplacements.

Du début mai 1959 à la fin août 1961, j’interromps mon travail et j’effectue mon service militaire.

À mon retour de la guerre d’Algérie, je retourne à Rennes et je suis recruté chez Jean Huchet, concessionnaire automobile, route de Saint-Malo. J’y reste quatre ans puis je rentre chez Auto Spécialité Rennaise dont le patron n’est autre que Marcel Douessin, gendre de Eugène Masson chez qui j’ai été élevé. Marcel est grossiste en pièces automobiles (carrosserie et peinture), sur le quai d’Auchel. Je travaille toujours en bordure de la Vilaine mais cette fois, à l’Ouest de la ville. Là encore, j’y reste quatre ans.

À l’âge de trente ans, je passe un concours d’électricien auto au Secrétariat Général d’Administration de la Police et trente ans plus tard, je suis à la retraite.

[Germain Hervochon (80 ans) – le 13 janvier 2020]

GH39 (35136)

Septembre 1945 à septembre 1947

Les derniers bœufs de La Bosse

À la Saint-Michel 1945, mes parents, Pierre et Hélène Justal, prennent une ferme en location en plein centre-bourg (1). La maison d'habitation et les terres appartiennent à Marie Nourisson (veuve), plus connue sous son nom de jeune fille « Marie Douillé ». Auparavant, elle était exploitante, avec son mari Julien.

Avant de venir à La Bosse, Pierre et Hélène n’exploitaient que sept hectares à La Renaudais, en Crevin. Ils avaient un cheval et ça leur suffisait.

Maintenant, avec une vingtaine d’hectares, un cheval seul ne peut pas tout faire. La guerre est terminée depuis peu et la vie tourne encore au ralenti. Nous vivons une crise profonde et il est impossible d’acheter un deuxième cheval. D'ailleurs, il n’y en pratiquement plus sur le marché et ils sont très chers. Les gens n’ont plus d’argent.

Les bœufs sont meilleur marché mais, par rapport aux revenus attendus, le prix est encore trop élevé. Mon père négocie avec un maquignon. Ce dernier propose de lui en mettre deux en beurrage sans rien avoir à débourser. Il peut les mettre en joug, les atteler et les utiliser pour réaliser les travaux des champs. En contrepartie, il doit les engraisser pendant deux années avant que le maquignon les reprenne pour les vendre à la boucherie.

Les bœufs sont difficiles à dresser. C’est mon frère aîné, André (17 ans), qui les conduit. Il a déjà pratiqué dans la ferme chez qui il était charretier à Crevin et ça se voit. Il est le seul à en avoir la maîtrise.

Fin septembre 1947, comme convenu, les bœufs s’en vont. Heureusement, mes parents sont mieux financièrement. Ils achètent deux chevaux.

 [Léopold Justal, fils de Pierre et Hélène (88 ans) – le 31 janvier 2020]

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(1) = 3 rue des Fontenelles

*****

Les derniers bœufs en 1947... du bourg peut-être mais pas de la commune. Il me semble en avoir vu chez le père Louis, à La Maritais, dans les années 1954-1955.

[Jean-Claude Lunel (71 ans) – le 14 décembre 2020]

JCL49 (35030)

*****

Le père Louis avait encore ses deux bœufs en 1961 et peut-être même en 1962. J’allais à l’école à vélo et, quand je passais à La Maritais, ils étaient souvent attelés sur une charrette. Je me souviens aussi les avoir vus tourner en rond dans la cour en entrainant un manège, probablement un pressoir à pommes.

[Christiane Héry (65 ans) – le 11 janvier 2021]

CH55 (92073)

*****

Chez le père Louis, à La Maritais, les attelages n'étaient pas entrainés par des bœufs mais par des vaches.

[Jean-Pierre Hervochon (78 ans) – le 9 juillet 2022]

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Dimanche 25 novembre 1945

Gaston Rébillard est nommé secrétaire de mairie

Gaston Rébillard, instituteur à l'école publique de La Bosse-de-Bretagne depuis la dernière rentrée scolaire, demande l'autorisation d'exercer les fonctions de secrétaire de mairie.

Joseph Messu, maire de La Bosse, approuve

Demande de nomination secrétaire de mairie

JA49 (35235)

1945-1960

Adolescent, je suis passionné d’engins agricoles

Nous sommes à la fin de la guerre. Je n’ai que huit ans lorsque je garde les vaches pour la première fois. C’est chez Jean-Marie Deroche, au bourg, et je remplace ma sœur Simone qui vient d’être opérée de l’appendicite.

Les années suivantes, je garde encore les vaches pendant les vacances d’été, mais je suis accueilli dans d'autres fermes :

  - Chez Alphonse Aulnette au Briant en 1946. Elise Brochard, sa future épouse qui habite le même village, vient faire la traite matin et soir.

  - Chez Isidore Morel à La Bennerais en Pancé en 1947.

  - Chez xxx Marsollier aux Redouets en Tresbœuf en 1948 et 1949.

Durant toutes ces années, pendant les petites vacances, c’est chez mes parents à la Scierie que je garde les vaches en compagnie de Gamin, le chien.

L’année 1949 est pour moi une année charnière, celle où mon père fait l’achat de son 1er tracteur, un Renault 3041 avec embrayage au pied droit.

Au printemps 1950, je ne suis plus patou mais je deviens le conducteur principal de ce beau tracteur. Je n’ai que 13 ans et c’est moi qui emmène la batteuse dans les aires de fermes situées aux alentours. En juillet, je vais faire les battages avec Alfred Morel, un ouvrier charron de mes parents qui plus tard deviendra mon beau-frère. Nous partons de la Scierie avec le 3041 et une batteuse. Durant un bon mois, nous nous déplaçons de ferme en ferme entre Ercé-en-Lamée et La Fleuriais. Un soir je reste à dormir chez Charles et Augustine Masson, aux Croix Brault. Au mois d’octobre suivant, envoyé par mes parents, je retourne, mais à vélo cette fois, dans les fermes où nous avons battu pour chercher l’argent correspondant au travail effectué.

Le 13 septembre 1951, je fais un rallye avec le tracteur, à la foire de Béré à Châteaubriant. Je suis le plus jeune participant et je termine à la 3ème place. Toujours en septembre de cette année-là, j’obtiens le 1er prix au concours de labour du comice agricole qui a lieu au Petit-Fougeray.

1952, j’arrive à atteler le tracteur seul, sur une remorque pourtant difficile à manœuvrer en raison de son poids et je transporte la pierre qui va être utilisée pour la construction du patronage de La Bosse.

En 1953 ou 1954, je suis embauché à Saint-Sulpice-des-Landes (35) par Louis Paillusson, garagiste. Il loue le conducteur et le gros tracteur Deutsch de la Scierie. Avec une batteuse lui appartenant, je pars faire la saison en commençant à la Thébaudais, en Teillay. Ensuite je vais à La Noë-Blanche et à Langon. Une fois l’orge de printemps battue, j’attaque l’avoine et le blé. Quand je ramène la batteuse à son point d’attache, Louis Paillusson me règle 316 heures de travail.

En 1956, je pars au service militaire.

À mon retour de la guerre d’Algérie, j’ai 22 ans. Les parents Marsolier achètent un tracteur Massey-Ferguson de 35 CV que je prends pour botteler du foin pendant une bonne partie du mois de juin. Ensuite, c’est mon conscrit, Elie Aulnette, qui l’utilise pour faire tourner une batteuse dans le secteur de Lohéac. En même temps, mon frère, Bernard, est recruté dans la Mayenne avec le Deutsch de 60 CV pour entraîner une autre batteuse. Ces deux chantiers sont sous ma responsabilité.

En 1959, juste après mon retour de la guerre d'Algérie, avec Bernard et grâce à un financement des parents qui nous font confiance, nous achetons une moissonneuse-batteuse. Nous sommes les premiers à en avoir une à La Bosse. C'est une Braud. Jour et nuit, nous nous relayons pour la faire tourner au maximum. Seules, les caprices de la météo nous arrêtent. Les journées se terminent souvent très tard dans la nuit. Le lendemain il faut se lever tôt. C’est dur mais ça nous plaît... Chaque matin, nous passons une bonne heure à faire l’entretien de la machine. Aussitôt la brume levée, nous retournons au champ et nous attaquons une nouvelle journée de moisson…

En janvier 1960, je pars travailler dans une société de transport automobile, à Paris. Je refais des moteurs et des boites de vitesse. Je suis dans le même atelier que Léon Hurel, originaire d’Ercé-en-Lamée, spécialisé dans les moteurs perkins. L’été arrivé, en accord avec mon employeur, je reviens à La Bosse pour assurer une nouvelle saison de battages avec Bernard. Nous avons du travail en abondance mais pour ce qui est de la gestion, nous devons nous rendre à l’évidence :

  • La saison ne dure que trois à quatre semaines
  • L’investissement est lourd et il faut l’amortir
  • Il sera difficile de revenir de Paris chaque été

Conclusion : Fin juillet 1960, la moissonneuse-batteuse est revendue.

« J’étais jeune quand j’ai quitté La Bosse mais j’ai gardé énormément de souvenirs que je n’oublierai jamais ! A cette époque, non seulement nous n’avions pas de téléphone mobile, mais nous n’avions même pas de téléphone fixe à la maison. Quand nous avions besoin de communiquer avec l’extérieur, il fallait aller chez Alphonse et Clarisse Papail, à La Mouchère où, en cas d’urgence, chez Joseph Messu, au bourg ».

 [André Marsolier (82 ans) – le 14 février 2019]

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*****

Dans les années d'après-guerre, André Marsolier jouait souvent à la pétéchie dans le bourg avec des gars de son âge. Ensemble, ils avaient inventé un jeu bizarre constitué d'une grande trique et deux planches clouées entre-elles.

André aimait aussi fabriquer des pétoires avec du bois de sureau.

[Maryvonne Louise (86 ans) – le 19 octobre 2019]

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1946

Une rustine pour réparer la casserole

Chez mes parents à La Touche, quand nous avons une casserole trouée, nous l’emmenons à réparer chez Théophile Drouin à Pouchard. Il met une rustine qu'il colle en faisant fondre de l’étain.

[Bernard Aulnette (83 ans) – le 1er juin 2021]

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Mai 1946

Il est le premier à fabriquer un monte-paille

Joseph Messu est le premier forgeron de La Bosse à se lancer dans la mécanique agricole. Il est aussi l'initiateur du monte-paille dans la région. Il expose à la foire exposition de Rennes, laquelle a lieu sur le champ de Mars. Joseph est très ingénieux mais, malheureusement, il décède en 1951 à l’âge de 48 ans.

[Camille Chevrel (88 ans) – le 4 février 2022]

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Eté 1946

Simone et moi, nous avons gardé les vaches au Briant

Pendant les vacances d’été 1946, Simone (la jeune de mes sœurs) est employée à garder les vaches au Briant, chez Alphonse Aulnette (27 ans) et sa sœur Germaine (32 ans). Tous deux, ils gèrent la ferme de leurs parents récemment décédés : Odélie (leur mère) en juin de l’année dernière et Prudent (leur père) en mai de cette année. Elise Brochard, future épouse d’Alphonse et habitant le même village, se libère de la ferme de ses parents quand elle en a la possibilité et elle vient faire la traite.

Lorsque la rentrée scolaire arrive, Simone n’est plus disponible. Elle entre en 6ème au collège moderne, rue Jean Macé à Rennes, et elle est pensionnaire. J'ai deux ans de moins qu'elle et comme les primaires reprennent plus tard, je la remplace. La deuxième quinzaine de septembre, c’est moi qui vais garder les vaches au Briant.

Sur l’exploitation, Alphonse et Germaine sont aidés par un Allemand qui a été fait prisonnier lors de la bataille de Normandie. Prénommé Karl, ce dernier regrette la période durant laquelle les vaches étaient gardées par Simone car elle lui donnait des cours de français, ce que je ne fais pas.

[André Marsolier (84 ans) – le 14 septembre 2021]

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*****

J'ai moi-même été scolarisée au collège moderne à Rennes. Je suis rentrée en 6ème en septembre 1951. Simone Marsolier était en 3ème et il m'est arrivé de manger à la cantine à la même table qu'elle.

Je suis rentrée comme pensionnaire en même temps que Colette Rébillard. Je dois dire que c'est grâce à son père (Gaston), directeur de l'école de La Bosse. Il a réussi à convaincre mon père qui, à la base, n'était pas d'accord. Il est vrai qu'à l'époque, peu d'élèves de nos campagnes continuaient après le primaire. J'ai obtenu mon bac en juin 1958. Cette année-là, en France, seulement 8% des jeunes de ma génération y accédaient.

[Jeannine Jambois, née Lunel (82 ans) – le 10 novembre 2022]

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Vendredi 13 décembre 1946 à début novembre 1947

Un des premiers mobilisés depuis le début de l’occupation

Le 13 décembre 1946, je passe le conseil de révision au quartier Mellinet à Nantes. Nous sommes une trentaine à être retenus pour servir dans la marine mais nous devons attendre une semaine à la caserne Mellinet, en civil, avant d’avoir une affectation.

Faisant partie des premiers à être mobilisés depuis le début de l’occupation allemande (1), nous rejoignons Redon en train et Pont-Réan en autocar. Nous sommes mobilisés au Centre de Formation Maritime de la Massaye. Matelots de 3ème classe et traités comme des pauvres types, nous partons en manœuvre avec des sabots de bois en pratiquant de l’aviron sur la Vilaine, vêtus d’une blouse surdimensionnée. Notre paquetage ne nous est attribué qu’au bout de quinze jours.

Le 1er février 1947, nous intégrons l’école navale de Lanvéoc-Poulmic, près de Crozon, dans la rade de Brest. Mon travail consiste à approvisionner les véhicules de l’école en carburant.

Le 1er octobre 1947, je suis libéré de mes obligations militaires sans jamais avoir touché à un fusil.

Cinq semaines après être rentré à La Mouchère, un beau matin, alors que je suis en train de charger un tombereau de fumier avec mon père, les gendarmes m’apportent un ordre de mission indiquant qu’en raison d’un mouvement de grève nationale de grande ampleur, je dois repartir. Le lendemain, je ne suis plus à charger du fumier mais à monter la garde à la Centrale de Brest. Je ne reviens à la maison qu’un mois plus tard mais, cette fois, définitivement.

[Bernard Massicot (93 ans) – le 20 janvier 2020]

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(1) Suspendu en 1940, le recrutement militaire n’a été rétabli qu’en 1946

1946

Mon fusil est caché sous terre à La Touche depuis 72 ans

J’ai 18 ans ½ en avril 1945, lorsque Théophile Aulnette rentre de la guerre. Il retrouve sa ferme qu’il a quittée lors de la mobilisation générale en septembre 1939.

Je suis employé par son épouse Anna depuis la Saint-Jean 1942, date à laquelle j'ai remplacé Joseph Deshoux. Le lendemain de son rapatriement, Théophile redevient le patron. Je m'adresse à lui pour qu'il me dise quel travail je dois faire. Il me répond : « Tu fais comme d’habitude ». Je reste avec lui jusqu'à la Saint-Jean 1945, date d'achèvement de mon contrat.

Rentré chez mes parents, au Val Giffard, en Ercé-en-Lamée – à un km d’où j’habite maintenant – je me retrouve sans emploi. Quelques jours plus tard, je me rends à Rennes et je m'engage pour cinq ans dans l’armée de l’air commandée par le Général Leclerc. À la mi-juillet, je suis incorporé à Dinan, dans un régiment disciplinaire où je crève de faim. Peu après, je suis muté en Allemagne. Il me faut plus d’une semaine, en train, pour aller de Dinan à Strasbourg, tellement la ligne ferroviaire a subi des dégradations pendant la guerre. Ensuite c’est, couché sur de la paille, dans un camion de la 2ème DB équipé de roues très hautes pour avoir été utilisé pendant la campagne de Lybie que je quitte Strasbourg pour rejoindre l’Allemagne. Je sers dans l’aviation à Ofterdingen mais je n’y reste pas longtemps car, très vite, la compagnie est dissoute. Je suis à l’armurerie et, avant de quitter la caserne, j’achète (contre des cigarettes) un fusil d’assaut arabe à un soldat qui, lui aussi, a fait la campagne de Lybie (1941-1942). Cette arme de guerre lui a souvent été empruntée par les gradés, en raison de sa grande précision. Elle est rangée sous le lit du soldat mais ce dernier ne veut pas prendre le risque de partir avec.  

Je prends le train à Tübingen pour me rendre à la base aérienne Dijon, dans l'attente d’un départ à la guerre d’Indochine pour laquelle je me suis porté volontaire. Dans mon sac de paquetage, j’ai pour seul bagage le fusil que je viens d’acheter. Contrôlé dans la gare de Dijon, c’est avec mon casque que je camoufle le canon qui dépasse de mon sac. Quand on me demande ce que j'ai dans mon barda, je dis que c’est du matériel de pêche... Je risquer gros, peut-être même de passer en conseil de guerre. Le contrôleur croit en ma bonne foi mais je ne me sens pas à l'aise.

Dès mon arrivée à Dijon, je fais faire une caisse en bois chez un artisan menuisier puis, après avoir déposé le fusil à l’intérieur, je vais à la Poste et j'envoie le colis à Rémi Aulnette, le copain que j'ai côtoyé quotidiennement pendant mes trois années passées à La Touche. Je lui recommande d’en prendre soin. Quelques jours plus tard, j’apprends que mon départ pour l’Indochine est proche et que, avant de m’y rendre, j’ai droit à une permission qui me permet de rentrer dans ma famille. Aussitôt arrivé chez mes parents je fonce voir Rémi à La Touche. Il vient de recevoir l'arme à feu que je lui ai confiée. Ensemble, nous allons le tester dans le Devant-Lu en tirant sur un nid de pie.

A la fin de ma permission, je me rends en train à Marseille puis j’embarque pour Saïgon. Le voyage dure 24 jours. Le paquebot Foch au bord duquel je navigue affronte un énorme typhon pendant la traversée de l’océan indien. J'ai le mal de mer comme la plupart de mes coéquipiers.

Le 27 octobre 1946, jour de mes 20 ans, je suis à Saïgon. C'est ce jour-là que je fume ma première et ma dernière cigarette d’opium. C’est là aussi que je reçois une lettre de mon copain Rémi m’annonçant, qu’avec son frère Arsène, il vient d'enterrer mon fusil dans la grande prée située en bordure du Semnon, après l’avoir enduit de graisse et rangé dans la caisse en bois ayant servi à le transporter de Dijon à La Bosse-de-Bretagne. Rémi indique qu’il y a un mouvement en France et que toute personne contrôlée en possession d’une arme de guerre est condamnable. Il ne veut pas prendre le risque.

A mon retour d’Indochine, en 1950, je passe chez Alexandre Tessier (qui deux ans plus tard deviendra le beau-père de Rémi), artisan maçon au bourg d’Ercé-en-Lamée. Mon père Jules y est employé en tant que gougeard. Il rentre à la maison avec moi, au Val Giffard en m'aidant à porter mes deux valises. Sur la route, nous rencontrons les cantonniers : Rémi Giboire et son cousin Lucien Giboire. Mon père leur dit fièrement : « Regardez, c’est mon gars, il revient de la guerre d’Indochine ! ».

Dans mes bagages, j’ai des cartouches de cigarettes pour Rémi Aulnette et son frère André mais je n’ai pas de cartouches pour mon fusil qui est enfoui sous terre...

 [Propos d’Alexandre Rouiller (92 ans), recueillis chez lui à La Dieubrie en Ercé-en-Lamée – le 9 décembre 2018 et complétés par téléphone le 22 janvier 2019]

AR26 (35106)

*****

Je considère que cette histoire est belle et qu’elle pourrait l’être davantage encore si le fusil était déterré et restitué à Alexandre, son propriétaire. C’est pourquoi, après avoir eu un accord spontané de Samuel et Nathalie Chouannière, propriétaires-exploitants de la parcelle, j’emprunte un détecteur de métaux puis, le samedi 19, le dimanche 20 et le lundi 21 janvier 2019, aidé momentanément par mon frère René le samedi et par mon petit-neveu Alexis le dimanche, je marche pendant une quinzaine d’heures en parcourant un peu plus de 32 km dans cette ancienne prairie, actuellement ensemencée de blé, avec l’espoir de retrouver le fameux trésor de guerre. Je ne trouve que des bouts de ferraille (des pointes, du fil de fer, un doigt de fourche, une lame de ressort...). Au final, comme François Ménard il y a quelques décennies et Thierry Saulnier plus récemment, je rentre bredouille !

[Joseph Aulnette – le 26 janvier 2019]

JA49 (35235)

*****

Intrigué par ce qu’il vient d’entendre de la bouche de sa maman, il téléphone à son papy : 

      « C’est vrai que tu as creusé dans la terre pour chercher une arme de guerre ? »

      « Tu es sûr que les bouts de fer que tu as trouvé ne sont pas des morceaux du fusil ?»

      « Quand je serai plus grand, je chercherai moi aussi mais, si je le trouve, je ne pourrai pas le redonner au monsieur car il sera peut-être mort !»

[Calixte (4 ans ½) – le 3 février 2019]

CB14 (90010)

*****

Thérèse prend connaissance de l’article puis elle rectifie : « Alexandre n’a pas envoyé le fusil par la Poste…, il me semble que Rémi a toujours dit qu’il était allé à vélo le chercher à la gare de Teillay après avoir reçu un avis précisant que le colis était arrivé ».

Quelques minutes plus tard, Rémi se réveille !

Thérèse lui demande : « Est-ce que tu te souviens comment tu as récupéré le fusil qu’Alexandre t’a envoyé ? »

Rémi réfléchit et dit : « Je suis allé le chercher à la gare de Teillay ».

Thérèse : « Qu’est-ce que tu as répondu au chef de gare quand il t’a demandé ce que contenait le colis ? »

Rémi : « J’ai dit que je ne savais pas ce qu’il y avait dedans ».

Thérèse : « Te souviens-tu de l’endroit où tu as caché le fusil ? »

Rémi : « Oui, c’est dans la prée, au bord de la rivière, vers le milieu ».

Thérèse : « Près de l’abreuvoir ? »

Rémi : « Oui ».

Thérèse : « Tu l’as enterré profond ? »

Rémi : « Je ne sais plus trop… à peu près un mètre ».

Thérèse : « Tu ne l’as jamais retrouvé ?»

Rémi :« Non mais je n’en ai pas besoin non plus. Il est à Alexandre !»

[Thérèse et Rémi Aulnette (86 et 94 ans) chez eux, à Ercé-en-Lamée – le 16 mai 2019]

TA33 (35106)  RA24 (35106)

1946-1950

Les transports scolaires ne sont pas encore d'actualité

Simone, la jeune de mes sœurs, est scolarisée au collège moderne à Rennes (rue Jean Macé). Elle est pensionnaire et les vendredis soir où elle rentre à La Scierie, c’est à bicyclette qu’elle parcourt les trente-cinq kilomètres séparant l’établissement du domicile familial. Je connais l’itinéraire qu’elle emprunte et, avec mon petit vélo, il m’arrive d’aller à sa rencontre.

[André Marsolier (84 ans) – le 14 août 2021]

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1947

Le monde agricole évolue

Joseph Messu est forgeron à La Bosse mais, le monde agricole évoluant, il doit réorienter son entreprise. Il se lance dans la fabrication du monte-paille et son invention remporte un véritable succès. Au lieu de tomber par terre à l’arrière de la batteuse, la paille monte directement sur le pailler.

Joseph Messu vient régulièrement à La Mouchère pour essayer de vendre un tracteur à mon père mais il ne réussit pas à le convaincre. Pourtant, à l’époque où nous vivons, il suffit de vendre un des trois chevaux existant sur la ferme pour payer l’engin.

[Bernard Massicot (93 ans) – le 23 janvier 2020]

BM26 (35131)

*****

C'est Germain Aulnette (né en 1884) de La Touche qui a dû être le premier de la commune à s'équiper d'un monte-paille. Peu de temps après, Victor Nourisson de Pouchard en achète un lui aussi.

[Rémy Tessier (89 ans) – le 27 mai 2020]

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1947 

Un poisson d’avril au bord du Semnon

Alexandre et Clarisse Guiheux habitent à La Touche, tout près de chez nous. Quand Louis Chailloux (frère de Clarisse) a besoin de parler à sa sœur, il fait un kilomètre à pied depuis La Nouette en Ercé-en-Lamée jusqu'à la prée à Marie Deroche située en bordure du Semnon. Il est face à l'abreuvoir et dès qu’il aperçoit ma soeur Madeleine ou moi-même, il nous demande d’aller prévenir sa frangine et elle vient aussitôt. Bien que séparés par la rivière, ils peuvent communiquer entre eux.

Le 1er avril, Madeleine et moi, nous décidons d’aller dire à Clarisse que son frère l’attend au lieu habituel. Elle cesse momentanément de baratter son beurre et lorsqu'elle arrive à l'abreuvoir elle se rend compte que Louis n’est pas là ...

La blague que nous venons de faire pour fêter le poisson d’avril n’est pas vraiment appréciée.

[Bernard Aulnette (né en 1938) – vers 1990]

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1947 

Le bedeau

Au service de l’abbé Auguste Heudiard, Ange Mercier assure les fonctions de bedeau. Il habite (1) à côté de la boucherie de Joseph Rébillard et il élève un cochon. Quand j’ai envie de grignoter des friandises, je porte des glands au cochon et L'épouse d'Ange (née Maria Cadieux) me donne soit un bonbon, soit un gâteau. Curieusement, un jour, elle m’offre un réveil. Il ne fonctionne plus mais il n’empêche que je suis content.

[Germain Hervochon (80 ans) – le 13 janvier 2020]

GH39 (35136)

(1) = 9 rue de la Fontaine Jouaron

1947

La maison de Victor et la blague d'Alexandre

Le gros œuvre de la maison à Victor Tessier est achevé et, comme le veut la tradition, un bouquet de fleurs doit être posé sur la cheminée. C’est Annick Goualin (institutrice à l'école située de l'autre côté de la route) qui grimpe sur le toit et qui assure cette mission sous les applaudissements de quelques personnes regroupées dans la cour.

Le lendemain matin, je vais travailler à vélo chez mon oncle Alexandre (frère de papa) à Ercé-en-Lamée. Je me trompe de route et j’arrive à 8h05 sur le chantier. L’embauche étant à 8h00, Alexandre m’interroge : « Où étais-tu cette matinée ? » Voyant qu’il s’agit d’une blague, je fais celui qui n’a pas entendu. Le soir, au lieu de terminer à 18h00 comme les autres, je pars à 17h55. Le patron m’interroge à nouveau : « Où vas-tu Rémy ? » Et là, pour blaguer à mon tour, je m’empresse de dire : « Je récupère les cinq minutes de ce matin… ».

[Rémy Tessier, fils de Victor (86 ans) – le 6 juillet 2017]

RT30 (35030)

1948 et années environnantes

Le petit car d'Auguste

Auguste Chapon est cordonnier au bourg de La Bosse. Avec Marie, son épouse, il tient aussi une épicerie et un café. Possédant un petit car (qui ne passe pas inaperçu avec son arrière arrondi), Auguste assure des transports de personnes. Il emmène des gens au marché de Bain chaque lundi et de temps en temps il fait un trajet sur Rennes et il dépose ses passagers rue Vasselot, devant le café "La Dépêche".

Chaque fin d’année, pour le réveillon de la Saint-Sylvestre, son petit car est utilisé par la famille Prunault. C’est Gustave (fils d’Auguste) qui le conduit et le lieu de rassemblement est alterné :

  • Chez mes parents, Eugène et Antoinette Prunault, à La Haute-Bosse
  • Chez Prosper et Marie Delaunay, à La Couyère
  • Chez Joseph et Marie-Rose Théaudière, à Merquelande en Janzé
  • Chez François et Marie Guiheux au lieu-dit Legay en Teillay

La fête s’achève chaque fois vers quatre heures du matin. C'est à Legay, village situé en bordure de forêt, que je mange du civet de sanglier pour la première fois. Arsène, Raymond et François (mes cousins) attrapent ce gibier facilement, non pas en chassant mais en braconnant. Ils creusent une fosse en forêt. Le sanglier tombe dedans et il ne reste plus qu'à l'attraper avec un câble faisant office de collet.

[Romain Prunault (85 ans) – le 23 novembre 2019]

RP34 (35131)

Jeudi 16 décembre 1948

Décès d’Emile Lunel (84 ans). Il a exercé la fonction de maire de La Bosse de 1929 à 1945.

Fin d'année 1948

Du biberon de lait au verre de cidre

Chez nous à La Touche, quand nous étions petits, il n'y avait jamais d'eau sur la table pendant les repas. Ma sœur, mes frères et moi-même (d'après les ouï-dire), nous sommes passés directement du biberon de lait au verre de cidre. 

Une fois l'âge de raison atteint, à tour de rôle, nous faisions environ cent-cinquante mètres avec la cruche à la main et quelquefois après la nuit tombée pour aller chercher le cidre au cellier situé derrière la maison d'Arsène, cousin de Papa.

[René Aulnette (74 ans) – le 12 janvier 2022]

RA47 (35139)

***

Un jour Joseph était de corvée de cidre et, en allant au cellier, il cassa la cruche. Suite à cet incident, Maman acheta une bouteille en plastique (plus résistante) mais, pour s'amuser, Joseph ne trouva pas mieux que de mettre un poisson dedans. À partir de ce moment-là, Papa refusa catégoriquement de boire du cidre provenant de cette bouteille.

[Robert Aulnette (72 ans) – le 16 janvier 2023]

RA50 (35076)

Dimanche 15 mai 1949

L'abbé Heudiard quitte la paroisse

Le 15 mai 1949, dimanche du Bon Pasteur, l’abbé Auguste Heudiard annonce en chaire qu’il va quitter la paroisse (1) de La Bosse où il officie depuis le décès de l’abbé Pierre Guillet, fin avril 1944. Il annonce aussi qu'il vient d'être nommé à la paroisse de Monterfil. 

J’assiste à son installation à Monterfil et c'est là que je fais la connaissance de Bernadette. Nous nous marions le 3 avril 1951 et, soixante-quatre ans plus tard, nous sommes toujours ensemble ! »

 [Bernard Chevrel (89 ans) – le 3 mars 2015] 

BC26 (35109)

(1)  C'est l’abbé Joseph Louazel (39 ans) qui va lui a succéder.

*****

Peu après son arrivée dans sa nouvelle paroisse, l'abbé Heudiard invite les jeunes de La Bosse (auxquels il a fait le catéchisme) à passer deux jours chez lui à Monterfil et j'en fais partie. C'est Gustave Chapon qui nous emmène avec le petit autocar de son père. Nous dormons sur de la paille.

[Bernard Aulnette (81 ans) – le 18 février 2019] 

BA38 (35066)

*****

J'ai fait ma communion avec l’abbé Heudiard le dimanche qui précédait son départ à Monterfil. Se plaisant à La Bosse, il avait dit : « S’il fallait revenir, j’y reviendrais bien à genoux ! »

[Claude Tessier (81 ans) – le 11 avril 2020]

CT38 (35012)

1949

Bernard est maraîcher au bourg de La Bosse

Bernard Chevrel (mon père) fait un stage d'apprenti maraîcher de trois ans (1946-1949), encadré par un chef-jardinier normand, chez les Sœurs de la Congrégation de l'Immaculée Conception, au Couvent de la Visitation à Rennes. 

En 1949, sa formation achevée, il s'installe comme maraîcher à La Bosse, sa commune natale. Jean-Baptiste (son père) lui propose de choisir entre deux terrains : le champ de La Gaudinière ou celui de La Perrière. Il réserve La Gaudinière, à la sortie du bourg, route du Sel, sous réserve de pouvoir y creuser un puits.

Jean-Baptiste trouve une source sur le lieu retenu. Celle-ci est confirmée par un sourcier de métier. C'est alors que mon père, aidé de Bernard Massicot, creuse le fameux puits au fond du jardin. Il est entièrement réalisé à coup de mines car le sol est constitué d'un tuf bleu très rigide (dans le langage bosséen, on dit tuffe).

Bernard Massicot est chargé de tourner la manivelle pour faire descendre ou monter un baquet (conteneur en bois) dans lequel prend place mon père. Le baquet sert aussi à évacuer le tuf. Les plus gros morceaux sont enchaînés et tirés à l'air libre.

Un jour, Papa est à deux doigts de se faire sauter. Les chaînes du baquet et le contrepoids s'emmêlent alors qu'il vient d'allumer la mèche des explosifs au fond du puits. Heureusement il réussit à s'accrocher aux chaînes et, comme pour grimper à la corde, il revient à la surface. Les deux puisatiers ont tout juste le temps de couvrir le trou avec des fagots (de façon à empêcher les projections de tuf) et de s'échapper avant l'explosion.

Le puits est de forme carrée (deux mètres par deux mètres) et il mesure neuf mètres de profondeur. Maintenant qu'il est opérationnel, mon père peut pratiquer son métier. Maraîcher, il le restera durant dix-huit années.

En 1967, il change de voie et devient secrétaire de mairie.

[Guy Chevrel (69 ans) le 17 juin 2023]

GC54 (63195)

*****

Quand Bernard Chevrel était maraîcher, le dimanche matin après la messe, il venait vendre des plants de légumes à la sortie de l'église du Sel. À la saison, il vendait aussi des melons.

[Jean Aulnette (74 ans)  le 25 juillet 2023]

JA49 (35322)

1949-1950 

Un sabotier à La Bellandière

J’ai huit ou neuf ans lorsqu’un jour, de passage au village de La Bellandière, je m'arrête un instant à regarder Albert Maleuvre. Artisan, il fabrique des sabots avec du bois de frêne.

[Claude Hervochon (80 ans) – le 24 avril 2021]

CH41 (44184)

1949-1950 et années environnantes

Ma mère lave le linge à la rivière

Fin des années 40 et début des années 50, mes parents exploitent une ferme au centre-bourg de La Bosse. Les jours de grande lessive, mon père attèle le cheval sur la carriole à capote et nous rendons (en famille) au bord du Semnon. C'est à la rivière, près du moulin de La Pile, que Maman lave le linge. En attendant, nous (les enfants), nous jouons au bord de l'eau.

[Louis Mérel (81 ans) le 16 juillet 2023]

LM42 (35204)

1949-1952 ≈

Le bourrelier

Joseph Hervochon (originaire de Saulnières) s’installe en tant qu’artisan bourrelier au bourg (1) de La Bosse vers 1949. Il y reste deux ou trois ans et ensuite il reprend la bourrellerie de Isidore Trouessard, rue Saint-Nicolas à Bain-de-Bretagne. Le patron vient de décéder et c'est chez lui qu'il a fait son apprentissage.

Peu après, il se marie avec la fille, Marguerite Trouessard. En plus de la bourrellerie, ils ouvrent un magasin de maroquinerie et ils tiennent un café.

À La Bosse, Joseph est remplacé par Louis Leray.

[Monique Hérault, née Hervochon (87 ans), sœur de Joseph – le 26 mai 2020]

MH32 (35136)

(1) = face au 3 rue de la bascule

*****

Quand Joseph Hervochon s'est installé à La Bosse, il succédait à Louis Richomme décédé de la tuberculose.

[Rémy Tessier (89 ans) – le 27 mai 2020]

RT30 (35221)

Avril 1949 à septembre 1968

L’abbé Louazel arrive à La Bosse en 1949 et il va y rester dix-huit ans. Il fait souvent le trajet La Bosse > Rennes à vélo pour régler des documents administratifs de certains de ses paroissiens. Profitant de sa venue à la capitale, il m’apporte du linge, soigneusement plié et repassé par ma mère, au collège Saint-Martin où je suis pensionnaire. Il rentre à La Bosse avec mes vêtements sales.

L’abbé dit souvent qu’il a des problèmes de moteur (de cœur) mais ça ne l’empêche pas de pédaler.

[Camille Aulnette (80 ans) – le 9 septembre 2019]

CA39 (78005)

*****

Le jour de ma communion solennelle, comme la plupart des garçons et filles de mon âge, j'ai eu un missel (un livre de messe) en cadeau. C'est l'abbé Louazel qui me l'a offert.

[Germain Hervochon (80 ans) – le 15 janvier 2020]

GH39 (35136)

*****

Après sa messe du samedi soir, l'abbé Louazel venait souvent prendre l'apéritif chez mes parents, à leur logement de fonction, dans la nouvelle école. Il venait peut-être déjà à l'époque de l'ancienne mais je n’en ai pas souvenir. Chaque fois, ou presque, il évoquait les soucis auxquels il était confronté en faisant des démarches administratives pour ses paroissiens. Mon père, instituteur mais aussi secrétaire de mairie, l'aidait à trouver une solution.

[Anne-Françoise Quéguiner, née Leheup (63 ans) – le 2 septembre 2022]

AFQ59 (35238)

Eté 1949

Rapatriement d’un enfant de La Bosse mort au combat

C’est seulement au cours de l'été 1949 que le corps d’Emile Langouët (1) "Mort pour la France" le 19 mai 1940 à Couvron-et-Vivaise, dans l’Aisne, est rapatrié à La Bosse sa commune natale. Comme c’est en période de vacances scolaires, son cercueil est déposé à l’école des garçons, dans la grande classe. Il y reste jusqu’au jour de l’enterrement. La famille et les amis se relayaient jour et nuit pour veiller le défunt. J’ai dix ans et ça me marque beaucoup.

Je dors dans la chambre située juste au-dessus de la classe, avec ma cousine Jacqueline. Nous avons du mal à trouver le sommeil. Pendant la nuit, Jacqueline tombe du lit et ça fait du vacarme, alors qu’on nous a ordonné de ne faire aucun bruit.

Avec un groupe d'élèves de l’école, j'assiste aux obsèques.

[Témoignage de Colette Rébillard (78 ans) – le 14 octobre 2017]

CR39 (35051)

*****

(1) Emile est né à La Bosse le 7 mars 1909. Marié à Yvonne Morel depuis le 8 novembre 1938, il était soldat au 322ème Régiment d'Artillerie Tractée Tout-terrain. Fils de Jean-Marie Langouët et d’Anastasie Deroche, il est mort pour la France à l'âge de 31 ans.

JA49 (35235)

Mardi 29 novembre 1949 

La naissance de ma sœur 

En novembre 1949, lorsque ma sœur Marie-Paule est née au Cleray, j’allais sur mes neuf ans et je me rappelle que l’on m’a réveillé en pleine nuit pour m’emmener chez mes grands-parents maternels, à la rue Douesnel en Tresbœuf. Quand on m’a ramené le lendemain, on m’a montré ma petite sœur et j’ai constaté que ma mère était alitée. J’ai interrogé ma grand-mère et elle m’a dit que maman était tombée de vélo en allant chercher ma sœur au marché de Bain-de-Bretagne et qu’elle s’était cassé une jambe. J’ai su beaucoup plus tard que les accouchements se passaient à la maison…

[Claude Hervochon (76 ans)  le 30 novembre 2017]

CH41 (44184)

*****

Le jour du baptême de Marie-Paule, quand nous sommes arrivés à l'église, l'abbé Louazel n'était pas là pour accueillir les parents, le parrain, la marraine et le reste de l'assemblée. Il était à abattre du bois à Pléchâtel pour la construction du patronage de La Bosse quand il y a repensé. Nous l'attendions chez la mère Chapon et, quand il est arrivé avec son vélo, malgré un froid glacial il était en sueur.

[Jean-Pierre Hervochon (76 ans)  le 18 mai 2021]

JPH44 (35136)

*****

En complément de ce que dit Jean-Pierre :

Durant cette période de l'hiver 1949-1950 où l'abbé Louazel abattait du bois à Pléchâtel, plusieurs fois il était accompagné de mon oncle Elie Aulnette.  Quand ils étaient tous les deux, l'abbé Louazel prenait sa moto et il prêtait une soutane à tonton Elie (assis à l'arrière) pour l'abriter du froid.

[Bernard Aulnette (83 ans)  le 7 décembre 2021]

BA38 (35066)

Début d'été 1950

Restauration de la toiture du clocher

Au début de l’été 1950, Victor Tessier (mon père) et moi-même, nous participons à la restauration de la toiture du clocher pour la partie maçonnerie. Nous montons par l’intérieur du beffroi en utilisant les échelles accédant aux différents paliers.

En rentrant dans l’habitacle des cloches, je glisse en m’appuyant contre la plus petite qui, par son balancement, me projette contre la charpente. Par chance (ou par miracle), je suis retenu par une poutrelle. Grâce à elle, j'évite une chute d’au moins vingt mètres. Ouf !

Pour que cet incident ne se reproduise pas, mon père enlace les cloches à une sablière. Aucune sonnerie ne va retentir pendant la durée des travaux.

Aux angles situés à la base du faîtage, en remplacement des palis en tuffeau servant à étancher les quatre contreforts du clocher, mon père et moi, nous coulons des dés en ciment, en guise de pinacles. Avec une corde accrochée sur une poulie, nous montons les madriers, les seaux de ciment et les outils nécessaires.

Pierre Mercier (charron à Pouchard) et son commis, Pierre Saquet, remplacent l’ancienne charpente et réalisent le coffrage des dés. Comme je suis le plus jeune, le lendemain je suis désigné pour les démouler. Pierre Saquet me tient à bout de bras en disant : « N’ai pas peur, je ne vais pas te lâcher ! »

La couverture du clocher devait être restaurée par Amédée Maleuvre et Aristide Desbois (les deux artisans couvreurs de la commune) mais, Amédée s’étant blessé quelques jours auparavant, Aristide (qui attend un heureux événement : la naissance d'Yvon) est seul sur le toit. Lorsque le travail est achevé, les trois corps de métier sont présents (Amédée est là aussi) pour arroser la fin du chantier !

[Rémy Tessier (89 ans) – le 15 novembre 2019]

RT30 (35030)

                     Toit du clocher avant 1950                             Toit du clocher après 1950

Début septembre 1950

Le prêtre oublie la cérémonie

Ma grand-mère paternelle, née Victoire Robert, décède très jeune. Je ne l’ai pas connue. Mon grand-père, Pascal Marsollier, se remarie quelques années plus tard avec Joséphine Marie Joly et c'est elle qui m'a élevée. Je n’ai que douze ans lorsqu’elle meurt le 7 septembre 1950. Le jour de sa sépulture, un cheval et une carriole font office de corbillard depuis La Bellandière jusqu’à l’entrée du bourg de La Bosse où, habituellement, le prêtre vient accueillir la famille et l’accompagne jusqu’à l’église.

Ce jour-là, l’abbé Louazel arrive avec vingt à vingt-cinq minutes de retard. Il nous avait oublié. En fin de journée, nous apprenons que Victor Tessier l’a intercepté devant chez lui alors qu’il prenait la route en direction de Rennes avec sa moto.

[Germaine Gaultier, née Marsollier (83 ans) – le 2 novembre 2021]

GG38 (35322)

Joséphine Marie Marsollier, née Joly (assise) photograpiée dans les années 40 avec sa fille Marie-Rose et son fils Pascal (MS47)

Décembre 1950

La vie active d'un gars de La Bosse

Je quitte La Mouchère en décembre 1950 et, par l’intermédiaire de l’abbé Heudiard (1), je suis embauché comme chauffeur pour transporter des pommes chez Demeuré, marchand de produits du sol à Iffendic. J’y reste peu de temps car le gars que je dois remplacer décide de rester. Le patron me fait entrer chez Cadio, à Treffendel. Je conduis un camion et je vais chercher du foin en vrac dans les greniers des fermes environnantes pour l’emmener au camp de Coëtquidan où il y a beaucoup de chevaux à nourrir. J’y reste un mois et je suis embauché chez Demé, à Bédée. En mars 1951, je réussis à entrer à la laiterie de L’Hermitage appartenant à la biscuiterie LU (Lefebvre Utile) de Nantes. Le beurre fabriqué part à la biscuiterie.

Il y a encore sept tournées de lait collectées avec des chevaux attelés sur des carrioles. Il y en a un peu plus avec des véhicules à moteur. Je conduis une camionnette contenant une dizaine de bidons de cent litres, que je remplis avec des plus petits (20, 10, et même 5 litres) que je ramasse dans les fermes. En hiver, saison où la collecte est plus faible, il m’arrive d’aller chez certains rentiers ayant encore une ou deux vaches pour récupérer seulement un bidon de cinq litres. À certains, je ramène du petit lait de la beurrerie, qu’ils utilisent pour nourrir leurs cochons.

En 1966, la laiterie est rachetée par Emile Bridel. Il vient de temps en temps sur le site et il ne nous croise jamais sans venir nous serrer la main. En 1985, je prends ma retraite, nous sommes quatre à quitter l’entreprise. Pour le pot de départ, Monsieur Bridel est présent. En me saluant, il déclare : « Vous au moins, vous pourrez dire que vous avez connu l’évolution du lait ! »

… Durant mes huit dernières années, j’étais affecté sur un camion-citerne pouvant accepter une charge de dix-mille litres de lait. Nous étions deux conducteurs sur le véhicule, un du matin et l’autre d’après-midi.

Je suis retraité depuis trente-cinq ans et je n’ai pas encore retrouvé le vrai sommeil. La nuit, je dors très peu et je ne fais jamais de sieste. Ça ne m’empêche pas de vivre. Mon toubib me dit souvent : « Vous avez une santé exceptionnelle ! « 

(1) C'est l’abbé Heudiard (recteur de La Bosse de 1944 à 1949) m’a fait entrer chez Demeuré à Iffendic en 1950 et c’est aussi grâce à lui que j’ai rencontré Monique (mon épouse). Il nous a mariés à Monterfil le 9 novembre 1955.

[Bernard Massicot (93 ans) – le 20 janvier 2020]

BM26 (35131)

Début des années 1950

Michel livre du poisson en campagne avant d'aller à l'école

Michel Desbois est de mon âge et nous sommes tous deux scolarisés dans la classe de Gaston Rébillard. Le matin, avant d'aller à l'école, il bat la campagne à vélo et livre du poisson (raies, morues, sardines...) dans les villages de La Bosse. C'est sur le porte-bagages et dans une caissette en bois qu'il assure le transport. À la belle saison, des brins de fougère couvrent la caissette afin de garder un minimum de fraicheur.

[Claude Hervochon (82 ans) - le 8 juin 2023]

CH41 (44184]

1950-1955 

Une histoire qui aurait été vécue à La Bosse

Au début des années 1950, un dimanche matin après la messe, Anna Duclos rentre à pied chez elle au village de La Mouchère. En quittant le bourg, sur la droite après le virage de la Tournée, elle passe devant la maison de la mère Péan lorsque cette dernière l'arrête et l'invite à venir boire un café.

Anna accepte bien volontiers la proposition qui lui est faite puis, toutes deux assises à la table de la cuisine, la tasse à la main, elles se racontent les petits potins de la semaine en parlant le dialecte local.

Avant que son hôte s'en aille, la mère Péan lui demande : « Comment tu l’as trouvé mon petit jus ? » Anna répond : « Je l'ai trouvé très bon ton café ». Et la maîtresse des lieux s'écrit : « Ah, je suis bien contente de te l'entendre dire car je le conserve dans un pot en terre et, pas plus tard que ce matin, une souris est tombée dedans ». Avec la sensation d'avoir un arrière-goût cra-cra, Anna poursuit sa route et regagne La Mouchère.

[Raconté pendant le repas des classes de l'année 2010 par Bernard Marsolier (70 ans) selon les dires de Robert Aulnette, son cousin – le 9 janvier 2022]

BM40 (75056) – RA50 (35076)

Début mai 1951

Je vais à un repas de baptême sans être invité

Début mai 1951, j'accompagne ma grand-mère, Marie-Rose, et nous allons à pied au repas du baptême de Michel Hervochon au Cleray. Partis de La Touche, nous passons par Pouchard et Sourg et ensuite nous traversons les landes dites "les Landes du Cleray".

Maman n’est pas contente car si Grand-mère est invitée, moi je ne le suis pas.

[René Aulnette (70 ans) – le 15 janvier 2018]

RA47 (35139)

*****

Avant le repas, mes parents (Aristide et Marie), mon frère aîné (Claude), ma soeur (Marie-Paule) et moi-même, nous sommes allés en carriole à cheval à l'église en emmenant le petit dernier (Michel) se faire baptiser. Le chemin creux passant par Les Bleures étant quasiment impraticable, nous avons fait un détour par La Touche-Morel et La Bellandière afin que notre attelage reste présentable.

[Jean-Pierre Hervochon (76 ans) – le 18 janvier 2021]

JPH44 (35136)

Début mai 1951

La clôture électrique

Début mai 1951, Marcel Massicot et moi-même, nous allons à la foire exposition de Rennes à vélo. En entrant dans la ville et avant de traverser le boulevard Clémenceau, nous faisons une halte au bistrot situé descente de Châtillon. Ensuite, nous passons l’après-midi à la foire sur le champ de Mars.

Au retour, nous arrêtons à boire un coup au café de Madame Belhomme à Bourgbarré, face à l’église. Quatre kilomètres plus loin, une envie pressante nous oblige à faire une pause. Nous sommes stationnés à l’entrée de Chanteloup, à la barrière d’une prairie, et nous nous apprêtons à évacuer au pied d’un talus lorsque Marcel déniche un tic-tac l’intrigue. Il m'interpelle : « C’est quoi ce bruit Camille ? » Je réponds : « C’est peut-être une clôture électrique pour garder les vaches ». Marcel surenchérit : « Tu racontes des conneries, ce n’est pas un truc comme ça qui va arrêter les vaches ! » Il pisse sur fil mais sa réaction ne se fait pas attendre. Il sursaute en reculant de deux bons mètres. 

[Camille Chevrel (88 ans)  le 4 février 2022]

CC33 (35012)

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1951

 

Dans mes jeunes années, en période de forte chaleur, Maman mettait le beurre dans un linge au fond d’une seille en bois et elle le descendait dans le puits pour qu’il puisse être conservé.

Elle bloquait la seille avec le tour dès qu’il arrivait à la surface de l’eau.

[Claude Hervochon (82 ans) – le 8 juin 2023]

CH41 (44184)

Mercredi 1er janvier 1952

Repas et vœux de bonne année

Mes parents (Prudent et Bernadette), mes deux sœurs (Marie et Thérèse) et moi-même, nous sommes invités à un repas de bonne année chez Alphonse Chevrel (mon parrain) et Marie-Ange (son épouse), à La Touche en La Bosse.

En fin d’après-midi, après avoir festoyé, nous allons offrir nos vœux à Théophile et Anna Aulnette qui habitent à seulement quelques dizaines de mètres de là où nous sommes. Un de leurs jeunes fils, Joseph ou Robert, est assis avec nous à la table de la cuisine. Il fait sombre et, l’électricité n’étant pas encore arrivé dans le village, Madeleine (leur fille) monte sur une chaise et craque une allumette pour que la lampe alimentée par une bouteille de gaz nous éclaire.

À la nuit tombée et avant de rentrer chez nous à La Bouvetière en Pancé, nous traversons la route et, toujours à La Touche, c’est à tonton Germain et tante Adélaïde que nous allons souhaiter la bonne année. Durant tout le temps où nous restons chez eux, papa et tonton Germain ne cessent de parler de l'état d'avancement de l’avoine qu’ils ont semé à la Toussaint.

[René Aulnette (82 ans) – le 22 mai 2021]

RA39 (49228)

Eté 1952

L'abbé Bitaud

Un jour, pendant les vacances d'été 1952, je me rends à vélo chez Tonton Jean et Tante Marie au bourg de La Bosse. Peu après, l’abbé Bitaud arrive avec moto chez Marie Massicot (la maison d’à côté). Il est accompagné d'un jeune qui enseigne avec lui au collège Saint-Martin à Rennes. Ce dernier est de couleur et, en descendant de la moto, il vient me serrer la main. Aussitôt je regarde à l’intérieur. L’abbé me demande : « Pourquoi tu regardes ta main Alfred ?»

[Alfred Guibert (77 ans) – le 15 février 2020]

AG43 (35275)

Fin septembre 1952

Mes parents, Louis et Marie Mérel, quittent leur ferme, située au centre-bourg de La Bosse, à la Saint Michel 1952 et ils s’installent dans une plus grande exploitation à Guichen.

[Andrée Jollive, née Mérel (82 ans) – le 22 décembre 2020]                                     

  AJ38 (35231)

*****

Il me semble que nous sommes partis en 1953 ou 1954. Au bourg de La Bosse, nous venions d'avoir l'électricité et quand nous sommes arrivés au lieudit "La Grésillonnais" en Guichen, nous ne l'avions plus. L'EDF installait les poteaux.

[Louis Mérel, fils de Louis et Marie (81 ans)  le 16 juillet 2023]

LM42 (35204)

Fin septembre 1952 à fin août 1956

J’apprends le métier que j’ai choisi

C’est chez Alexandre et Germaine Tessier du bourg d’Ercé-en-Lamée que je débute comme apprenti maçon. Je suis passé les voir en leur disant que je cherchais du boulot et ils m’ont embauché aussitôt. Nous sommes à la Saint Michel et j’ai 16 ans et demi. J’arrive de La Nouette, précisément de chez Jean et Raymonde Loyer chez qui j’ai été élevé, ma mère étant décédée dès mon plus jeune âge. Dès que j'ai atteint l'adolescence, je les ai aidés dans leur ferme et maintenant j’apprends le métier que j’ai choisi.

Seul apprenti, je suis très bien accueilli par l'équipe qui est en place : Rémi Aulnette (le gendre de mes employeurs), Albert Fontaine (le frère de la patronne), Charles Masson (mon oncle), Alexandre Rouiller, Pierre Poulard (beau-frère d’Alexandre), André Toumy et André Rannoux.

Je fais le trajet à vélo tous les jours depuis les Cours-Luniaux où demeure mon père et j’apporte mon casse-croûte pour le midi. Quand nous sommes sur un chantier éloigné de l'entrepôt, je le mange sur place. Dans le cas contraire, il n’est pas rare que Rémi Aulnette et son épouse Thérèse m’invitent à déjeuner à leur table. Alexandre Rouiller m’invite aussi à venir croûter avec lui et son épouse Marie-Thérèse quand nous maçonnons dans le secteur où il habite.

Après quatre années passées dans cette bonne maison, je suis sur un chantier à la mairie de Tresbœuf lorsque j'apprends que j'ai reçu ma convocation pour partir au service militaire.

[Joseph Masson (84 ans) – le 8 décembre 2020]

JM36 (44020)

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Joseph dit qu'il travaillait à la mairie de Tresbœuf quand il a reçu sa convocation mais il oublie de dire que quelques semaines plus tôt, en faisant la noce de conscrits avec ses copains de La Bosse, il était venu rendre visite à ses collègues qui construisait un muret en pierre sur ce même chantier. Ils étaient tous plus ou moins éméchés et l'instituteur qui connaissait Joseph comme étant calme et réservé avait déclaré en le regardant : « Qu'est-ce-que faire la fête peut changer un homme ! »

[Thérèse Aulnette, née Tessier (87 ans) – le 9 décembre 2020]

TA33 (35106)

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1953

Il a suffi de quelques secondes d'inattention

Un jour, mes parents ont besoin de s'absenter et ils n'ont pas d'autre choix que de me confier à Claude, leur fils aîné, huit ans de plus âgé que moi. Tous deux, nous partons nous promener dans le bas des landes du Cleray.  Il a suffi de quelques secondes d'inattention à mon frère pour que je lui échappe et que je tombe dans le ruisseau des Bruères. Heureusement, il s'en aperçoit aussitôt. Nous sommes à la saison des foins et il n'y a pas beaucoup d'eau dans le cours d'eau, ce qui permet à Claude de me remonter à la surface sans trop de difficulté.

[Marie-Paule Thomas, née Hervochon (73 ans)– le 27 juillet 2023]

MPT49 (35047)

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1953

Quand mon frère Jean-Yves est né en septembre 1953, Jeannine Massicot est venue s'occuper de moi. À l'époque, mes parents habitaient rue Leguen-de-Kerangal à Rennes.

Plus tard, au début des années 60, Jai gardé les vaches chez Jean-Marie Hervochon, dans une prairie située entre Les Melliers en Pancé et La Mouchère en La Bosse. J'étais souvent avec Aline Massicot  de La Mouchère. Elle gardait celles de ses parents.

[Daniel Jolivel (72 ans) – le 28 août 2023]

DJ50 (22259)

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1953-1959

Dès sa scolarité terminée, Auguste (mon frère) s'en va travailler dans des fermes. Il est d'abord employé chez Jean et Madeleine Ridard à Pouchard et ensuite chez Arsène et Germaine Nourisson à La Vidoulière.

Plus tard et jusqu'à son départ au service militaire, il assure les tournées en campagne avec Gustave Chapon, épicier.

[Thérèse Monnier, née Giboire (78 ans) le 12 octobre 2023]

TM45 (35012)

Mi-mai 1953

Je reste huit heures dans le coma

Avec les deux chevaux de la ferme de mes parents, toute la matinée je prépare de la terre dans le champ de la Perrière. À midi, en rentrant à la soupe, je passe devant la maison de Joseph et Agnès Deshoux, mariés depuis seulement dix-huit mois. Je discute longuement avec Joseph sous un soleil de plomb. Lorsque je ramène mes chevaux à l’écurie, je ne me sens pas bien. Je vais quand-même leur chercher du fourrage dans la grange à quelques dizaines de mètres mais, soudain, la tête me tourne et je tombe. Je ne me réveille qu’en soirée.

J’apprends que j’ai attrapé une insolation et que je suis resté huit heures dans le coma. Je suis à l’agonie. Le docteur Ricaud venu de Janzé ne sachant plus quoi faire a dit à mes parents que j’étais condamné. Mon pronostic vital étant engagé, ils font venir l’abbé Louazel et ce dernier me donne l’extrême-onction mais, finalement, je réussis à m'en sortir.

Une semaine plus tard, je passe le conseil de révision au Sel. Malgré tout ce qui vient de m’arriver, je suis déclaré apte au service militaire.

[Camille Chevrel (88 ans) – le 4 février 2022]

CC33 (35012)

Juillet 1953

Papa aurait aimé que j’apprenne son métier

J’ai quatorze ans et je viens de terminer ma scolarité dans la classe de Gaston Rébillard. Maintenant, je consacre mon temps à aider mon père (Henri) et mon frère (Camille qui a deux ans plus que moi) à réaliser les travaux de la ferme. Notre mère (Marie) a une santé fragile et, bien souvent, elle ne peut faire que le strict minimum. Heureusement, Camille fait la cuisine. Quant à moi, j’assure la traite matin et soir avec papa. Le week-end, nous alternons. Lorsqu'il y a des travaux à faire dans les champs, Camille conduit les chevaux et j'effectue les tâches manuelles qui, bien que variées, ne m'intéressent pas du tout. Papa aimerait que j’apprenne son métier mais je n’ai pas envie de devenir cultivateur. Je travaille à contre-cœur.

Plus le temps passe et moins les activités agricoles me passionnent. J’en arrive à un point où je refuse de m’investir. Je veux absolument sortir de cette situation et voir autre chose. Un dimanche matin, je décide de fuguer. Je prends quelques affaires personnelles que je mets dans un sac et je pars à l’aventure. J'avance avec mes "choques" sans savoir où je vais. J’arrive au bourg et je rencontre Bernard Marsolier. Il propose de m’accompagner. Nous partons sur la route de Sourg puis, après avoir traversé le ruisseau des Bruères, j’abandonne mon baluchon dans un fossé et nous allons flâner tous deux dans les landes du Cleray. En fin d’après-midi, Bernard rentre chez ses parents. C’est ce que je devrais faire moi aussi mais je n’ai pas envie. Je retourne à l’endroit où j’ai laissé mon sac et, à la nuit tombante, je monte jusqu’au village de Sourg. Je frappe à la porte de la maison de mon oncle et de ma tante (Isidore et Clémentine), cultivateurs eux aussi. Ils acceptent de m’héberger pour quelques jours.

Une semaine passe et Camille (mon frère) vient me chercher. Je ne me fais pas prier pour le suivre mais, de retour à la maison, je ne suis pas très bavard. Je réussis à tenir encore six mois à la ferme de mes parents à La Haute-Bosse, jusqu'au jour où j'arrive enfin à faire admettre à mon père que le métier que j’exercerai plus tard ne sera pas le sien.

À seize ans, je commence un apprentissage en menuiserie chez Pierre Mercier à Pouchard. Je suis à nouveau chez un oncle, Véronique (son épouse) étant la sœur de mon père. Me voilà enfin employé à faire un boulot qui me plait. En 1957, l’atelier de menuiserie est transféré au bourg (1). Fin avril 1959, je cesse de travailler chez mon oncle car je dois partir au service militaire.

[Robert Lunel (80 ans) – le 20 février 2020]

RL39 (35139)

(1) = 2 rue de l'église

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Je me rappelle que ce dimanche-là, il faisait nuit quand Robert est venu se réfugier chez nous. Je sais aussi que mon père était allé à vélo prévenir tonton Henri et tante Marie pour ne pas qu'ils s'inquiètent mais je ne me souviens plus si c'était le soir même ou le lendemain matin.

[Jeannine Jambois, née Lunel (81 ans), fille d'Isidore et de Clémentine puis cousine de Robert – le 17 novembre 2021]

JJ40 (44162)

1953-1954

Je suis homme de toutes mains

Je travaille deux jours par semaine chez Arsène Aulnette à La Touche et deux jours chez Elie Péan à La Bellandière. Je ne conduis pas les chevaux mais j'effectue des travaux manuels physiques tels que : charger du fumier dans le tombereau et l'épandre dans le champ ensuite, ratisser les talus, ramasser des betteraves. Le reste de la semaine, je fais la même chose mais dans la ferme de mes parents, au bourg.

[Léopold Justal (89 ans) – le 27 mai 2020]

LJ31 (35212)

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Enfant à l'époque et habitant à La Touche, je me souviens avoir entendu Léopold dire qu'il était payé sept francs (anciens) par jour.

[Joseph Aulnette]

JA49 (35235)

Mercredi 3 février 1954

Volontaire, courageux et plein d'entrain

Marcel Monnier (20 ans) habite chez ses parents Pierre et Marie-Ange, cultivateurs à Pouchard. Le mercredi 3 février 1954, il donne un coup de main à Pierre Mercier (charron et voisin). Ensemble ils vont couper du bois. Marcel termine l'abattage d'un arbre qui, en tombant, bascule et lui écrase le bassin. Il est évacué en urgence et conduit à l'hôpital où des soins lui sont prodigués pendant de nombreuses semaines. La situation est critique. 

Nous vivons une époque où la prévention des accidents domestiques est encore méconnue. Pierre Mercier, l'employeur de ce jour maudit, est sous le choc.  

Au fil des mois et des années, malgré les séquelles de son accident, Marcel réussit à prouver qu'il est capable d'assurer l'ensemble des activités de la ferme. Volontaire, courageux et plein d'entrain, il succède à ses parents avec une énergie débordante alors que beaucoup auraient abdiqué.

[Bernard (83 ans) et Joseph (72 ans) Aulnette – le 26 janvier 2022]

BA38 (35066) JA49 (35235)

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Le 3 février 1954, il faisait très froid. Rennes enregistrait une température de – 10,5°

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Peu de temps avant son accident, Marcel était venu à bicyclette à La Touche pour m'inviter au bal de mariage de son frère André avec Agnès Beaufils. J'y étais allé et c'était au bourg de Poligné, dans la boutique à Neveu (charron), face à son restaurant.

[Bernard Aulnette (84 ans) – le 27 janvier 2022]

BA38 (35066)

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Marcel abattait l'arbre au harpon avec Christophe Loisel, ouvrier charron chez Pierre Mercier. En voulant reculer, il se serait pris les pieds dans des ronces et le tronc aurait basculé sur lui. Grièvement blessé, il avait été conduit à Pontchaillou et j'étais allé plusieurs fois le voir à vélo. Nous étions du même âge.

Un jour, Ferdinand Lunel (un an plus jeune que nous) m'avait emmené sur sa moto de couleur marron, une Motobécane de 125 cm3. Il ne supportait l'odeur d'éther qui régnait dans les couloirs de l'hôpital. Arrivé dans la chambre, en voyant une infirmière donner des soins à Marcel, il était tombé dans les pommes. Après, il n'est plus jamais retourné mais j'ai continué à y aller seul avec mon vélo.

[Camille Chevrel (88 ans), conscrit de Marcel – le 5 février 2022]

CC33 (35012)

Vers 1954

Le seul puits équipé d'une pompe à La Touche

Théophile et Anna (mes parents) font creuser en puits en mitoyenneté avec Tante Elise. Il est réalisé par Bernard Bordeaux et un certain Jubin.

Avant qu’ils ne se mettent à l'œuvre, Théophile leur dit : « Je viens de mettre un fût de cidre en perce et il est à votre disposition ». Les deux puisatiers ont tellement bien compris le message que chaque soir, lorsqu'ils terminent leur journée, ils sont dans un état d’ébriété avancé.

Jubin (un homme robuste) reste à la surface du sol. C’est lui qui tourne la manivelle qui fait descendre ou monter un vieux bidon de deux cents litres à l’intérieur duquel son collègue Bordeaux (plutôt menu) se rend au fond du puits qu'il creuse à la pioche. Avec une pelle, il charge le déblai dans le fameux bidon. Quand c’est nécessaire, il allume une mèche à l’extrémité d’un détonateur placé au cœur d’une charge d’explosifs. Il s'agit là d'un moment où les deux compères doivent travailler en parfaite harmonie.

Bordeaux (celui qui doit être remonté en surface avant que la charge n'explose) et Jubin (celui qui tourne la manivelle) n'ont aucune règle de sécurité mais, à ce moment précis, ils accordent leurs actions car ils savent que le risque est réel.

Ce puits est le seul de La Touche à être équipé d'une pompe et bien qu'étant creusé à seulement 4,50 mètres de profondeur, il est intarissable.

[Joseph Aulnette (73 ans) – printemps 2022]

JA49 (35135)

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Un jour, les deux puisatiers ont proposé à Odette Guiheux (voisine) de prendre place dans le baril et de descendre au fond du puits. Elle a accepté.

[Yvette Rouyer, née Guibert (85 ans), fille de Tante Elise – le 3 octobre 2022]

YR36 (35012)

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Concernant ces deux puisatiers, Jubin était le patron et Bordeaux était son salarié.

[Bernard Aulnette (85 ans) – le 8 juin 2023]

BA (35066)

Jeudi 24 juin 1954 à fin avril 1956

Je suis commis de ferme à La Touche

Le jeudi 24 juin 1954, jour de la Saint-Jean, je suis embauché en tant que commis de ferme à temps plein chez Arsène et Madeleine Aulnette, à La Touche. Je remplace Léopold Justal qui n'était présent que deux jours par semaine. Je m’occupe des chevaux de trait (Gamin et Caline). Je leur passe la brosse à étriller et je fais leur litière tous les matins. Je leur donne à manger matin, midi et soir puis, six jours par semaine, je dois les atteler pour effectuer les multiples travaux de la ferme. Je les accompagne à longueur de journée et la nuit je dors avec eux, à l’exception des derniers mois où mon lit n’est plus dans l’écurie mais dans le débarras collé à la cuisine.

Le salaire que je gagne n’est pas versé mensuellement et ce n’est pas à moi qu’il est attribué. Ce sont mes parents qui le perçoivent à la Saint Jean, soit après une année de travail accompli. Bien qu’étant salarié, si je veux sortir le dimanche, je dois toujours demander de l’argent à mes parents.

Fin avril 1956, mon contrat s'achève chez Arsène et le 4 mai je rentre à l’armée. C’est seulement à partir de ce moment-là que je reçois personnellement un revenu mensuel mais il n’est pas mirobolant.

[Francis Luce (85 ans) – le 22 décembre 2020]

FL35 (35231)

Octobre 1954 à juillet 1960

Durant ma scolarité, j’ai connu quatre enseignant(e)s

Le lundi 4 octobre 1954, je fais ma première rentrée à l’école primaire publique de La Bosse. Yvette Pleinfossé est ma maîtresse et c’est son premier poste. Comme elle enseigne aux élèves débutants et aux cours préparatoires, je reste deux années dans sa classe.

À la rentrée 1956, je vais dans la classe de Marie-Thérèse Leheup et c’est elle qui m’enseigne les cours élémentaires de 1ère et de 2ème année.

Le 2 octobre 1958, je rentre en cours moyen 1ère année avec le directeur, Michel Leheup.

Le jeudi 1er octobre 1959, un minibus est mis en service pour assurer le trajet entre La Bosse et Le Sel, à destination de l'école privée dirigée par l'abbé Emile Veillard. Je suis scolarisé avec lui, en cours moyen 2ème année.

Six décennies plus tard, le 20 septembre 2021, l’abbé Veillard (qui a eu 88 ans en mai dernier) décède.

Jusqu'à ce jour, mes quatre maîtres et maîtresses du primaire étaient toujours de ce monde mais maintenant ils ne sont plus que trois :

  • Yvette Pleinfossé a eu 89 ans en juin
  • Michel Leheup a eu 91 ans en août
  • Marie-Thérèse Leheup aura 92 ans en novembre

[Joseph Aulnette (72 ans) – le 22 septembre 2021]

JA49 (35235)

Début octobre 1954

Je venais d’avoir l’âge de raison

Nous sommes quelques jours après la rentrée scolaire 1954-1955. J’ai sept ans et je suis dans la classe de Monsieur Mellet quand, soudain, j’ai un mal de ventre insupportable. Le maître me propose d’aller me reposer chez ma grand-mère maternelle, Claire, qui habite à une centaine de mètres de l’école. Au bout d’une heure, pensant que je vais mieux (alors que mon état est stable), Grand-mère me laisse rentrer à pied seul, chez mes parents, à La Touche. Rendu à hauteur de la maison d’Alexandre et d'Adélaïde Robert à la sortie du bourg, Isidore Lunel me double avec son cheval attelé sur la grande charte (charrette). Il stoppe son attelage et me fait un signe en me proposant de monter avec lui. Bien que très mal en point, je me sens soulagé. Isidore ne va pas à La Touche, il va à Pouchard, chez Véronique et Pierre Mercier (sa sœur et son beau-frère). En haut de la côte des Bâtes, avant de bifurquer à gauche, il arrête son cheval et m’aide à descendre de sa charte sans vraiment se rendre compte dans quel état je suis. Plié en deux, je réussis péniblement à marcher sur les six cents mètres qui me séparent de La Touche.

À peine rentré à la maison, mes parents font venir le docteur Hervé Rialland qui, tout de suite, diagnostique une hernie. Il ordonne de m’envoyer à la clinique Sainte-Anne, boulevard Volney, à Rennes et c’est là que je subis ma première opération.

[René Aulnette (71 ans) – le 14 octobre 2018]

RA47 (35139)

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René a été opéré de son hernie seulement quelques jours après ma première rentrée scolaire. Je me souviens qu’on m’a emmené le voir mais ça sentait l’éther si fort dans sa chambre que je n’ai pas pu y rester. Je suis sorti dehors et j’ai attendu, assis sur une marche, à la porte de la clinique.

[Joseph (frère de René) – le 27 août 2019]

JA49 (35235)

Mardi 19 octobre 1954

François Ménard de La Rivière Breton, en Saulnières et de Odette Guiheux de La Touche, en La Bosse se marient le 19 octobre 1954.

–––––

Odette et moi, nous nous rencontrons pour la première fois dans un bal à Ercé-en-Lamée. Je danse d'abord avec Madeleine Renaud et ensuite avec Odette. Avant de nous quitter, nous convenons de nous revoir rapidement. Le lundi de Pâques, nous nous retrouvons à l'Assemblée de Pancé.

Le temps passe puis le jour du mariage arrive. Pour le festin, les tables sont installées sur un parquet posé sous une tente, à La Touche, dans la prairie d’Emmanuel Ginguené située au pignon de la maison que nous allons habiter.

La soirée dansante est à peine commencée lorsqu'un certain Hurel arrive en voiture à l'entrée du village. À seulement une centaine de mètres du lieu de rassemblement, il prend le virage de la prée à vive allure et termine sa course dans le fossé.

[François Ménard, le marié (86 ans) – le 31 janvier 2017]

FM31 (35238)

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Au début de la soirée dansante, j'étais assis sur un banc en bordure de l'espace de danse lorsque, malencontreusement, je me suis adossé contre la toile de la tente. Je suis tombé à la renverse dans la boue. Ma mère est venue à mon secours et elle m'a dit : « Je n'ai pas d'autres vêtements à te mettre, suis-moi et je t'emmène dans ton lit ». Voilà le souvenir que j'ai du premier mariage auquel j'ai assisté.

[Joseph Aulnette, âgé de 5 ans ½ à l'époque]

JA49 (35235)

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J’étais à ce mariage et je me souviens que nous étions encore à la mairie de La Bosse lorsque nous avons appris que Paul Ramage, du Petit-Fougeray (copain de François), venait de trouver la mort dans un accident de la route. Il était conducteur de poids lourd et la benne de son camion s'était décrochée.

[Monique Hérault, née Hervochon (88 ans) – le 26 mai 2020]

MH32 (35136)

Printemps 1955 à fin d'été 1957

C’est à bicyclette et ensuite en mobylette que je vais voir Odile

Un dimanche de printemps 1955, après la messe, Rémy Tessier me propose d'aller passer l'après-midi avec lui à la fête du muguet qui a lieu dans la forêt de Teillay. Sitôt après avoir déjeuné, nous enfourchons nos bicyclettes puis, en passant au bourg d'Ercé-en-Lamée, nous arrêtons quelques instants chez Alexandre Tessier où le père de Rémy assiste au repas de communion de François, leur fils. Parmi les personnes employées à la cuisine et au service, il y a Anastasie Chevrel, une dame Blouin et une jeune demoiselle prénommée Odile.

Odile Lebordais, je ne connais pas mais, très vite, nous commençons à nous fréquenter. Chaque dimanche, je me rends à bicyclette chez ses parents, au bourg d’Ercé-en-Lamée. Je franchis le pont de La Pile enjambant le Semnon jusqu’au jour où ce dernier devient inaccessible pour cause de travaux importants. Il va être refait à neuf et je dois changer d’itinéraire. J'emprunte la route de Verrion et je me coltine les côtes de Sourg et de La Richardais.

Au printemps 1956, je me rends chez Coulier (marchand de cycles à Tresboeuf) et j'achète une mobylette. Je fais ainsi partie des premiers jeunes de La Bosse à posséder un cyclomoteur. Maintenant, effectuer le trajet allant de La Bosse à Ercé devient un plaisir. Lorsque le pont de La Pile réouvre à la circulation, je l'emprunte à nouveau.

Odile et moi, nous nous marions le 18 septembre 1957.

[Camille Chevrel (88 ans) – le 16 juin 2022]

CM33 (35012)

1955-1957

Pendant les vacances d’été, durant trois années, je suis employée chez Arsène et Madeleine Aulnette, cultivateurs à La Touche. Mon activité principale consiste à m’occuper de leurs filles : Annie, Jeannette et Claudine la petite dernière qui, l’été 57, n’a que six mois. C’est souvent moi qui change ses couches.

D’autres tâches me sont confiées. Je vais presque tous les jours garder les vaches au champ. Ce que je déteste, c’est le moment où elles rentrent à l’étable car il faut les "nâcher". Pour celles dont j’ai peur de passer la chaîne autour du cou, je fais appel à Francis Luce, le commis de la ferme.

Dans le monde du travail, à la campagne, les hommes ont tendance à employer des jurons quand ils s’expriment, surtout lorsqu'ils sont en colère. Toutefois, Arsène est une personne qui ne jure jamais. Plutôt que de dire bon diou comme ça se fait couramment, il préfère dire : « nom ded de nom ded ... »

[Danielle Maleuvre (78 ans) – le 7 mai 2020]

DM42 (35238)

1955 

Une maison ravagée par les flammes à Sourg

Gustave Chapon et Ferdinand Lunel (son employé) font la tournée hebdomadaire avec leur camion aménagé en épicerie ambulante. Ils sont chez Henri et Hélène Gendrot à Sourg à livrer une bouteille de gaz commandée le dimanche précédent, après la messe. Au moment où Ferdinand échange la pleine contre celle qui est vide, une forte explosion se produit. Pris par la peur, il tente de se cacher sous un lit mais Gustave l’en empêche et lui demande de s’éloigner. Quelques minutes plus tard, la maison est ravagée par le feu.

Mon père, Francis Ridard, aperçoit les flammes depuis le Haut-Verrion. Aussitôt il crie : « au feu, au feu… » puis, abandonnant ce qu’il a entrepris, il se rend sur place.

[Source : Odile Miclard, née Ridard (79 ans) – le 24 novembre 2017]

OM38 (35343)

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Ce jour-là, je suis à travailler la terre dans les Grand-prés, à La Touche. Je m'empresse de dételer mes chevaux et de les rentrer à l’écurie puis, muni d’un seau, je monte sur mon vélo et je file sur les lieux pour apporter mon aide. À mon arrivée je constate que tout est brûlé.

Les personnes présentes ont beaucoup de difficultés à faire évacuer les vaches de l’étable située dans le prolongement de la maison. Face à l’épaisseur de fumée, elles refusent d’avancer.

 [Bernard Aulnette (79 ans) – le 24 novembre 2017]

BA38 (35066)

Fin août 1955

Caline et Gamin tombent dans la rivière avec leur attelage

Je suis commis de ferme chez Arsène Aulnette à La Touche depuis la fin juin 1954. Je dors dans l'écurie et j'aime m'occuper des chevaux mais un jour je prends peur.

Les battages sont à peine terminés lorsque, fin août 1955, je déchaume dans "les Egueriers", un champ situé en bordure du Semnon, entre le village de La Touche et le moulin de La Pile. Les deux chevaux que je conduis (Gamin, le cheval et Caline, la jument) sont attelés sur le cultivateur, outil muni de dents adaptées aux différents travaux de préparation du sol.

La coutume veut que la jument marche devant mais elle est tellement capricieuse que je la préfère en limon. Gamin est en tête de l'attelage et, arrivant à la fourrière, au bout du champ, je m’apprête à le faire bifurquer à droite pour faire demi-tour. C'est alors que Caline hennit et se cambre avant de retomber les deux pattes avant sur la croupe de Gamin. Le cheval, la jument et l’attelage sont immédiatement précipités dans la rivière. Heureusement, étant du bon côté, je ne suis pas entraîné par le mouvement. Affolé et ne sachant quoi faire, je pars en courant pour chercher du secours. Arsène vient aussitôt sur les lieux de l'accident. Il est accompagné de Théophile, son voisin. Ils montent tous deux sur une "ragosse" et détellent les chevaux afin de les libérer de leur harnais. Gamin réussit à remonter à la surface. Quant à Caline, encore toute excitée, elle traverse la rivière. C’est Henri Turpin (dit le Pape) de L’Ombrais qui la récupère et, en la tenant par la bride, il la ramène à La Touche mais il doit faire le tour par le moulin de la Pile.

Suite à cette mésaventure, je continue à nourrir mes deux chevaux et à faire leur litière mais je refuse catégoriquement d'atteler la jument. Arsène n’a pas d’autre choix que de la vendre.

[Francis Luce (82 ans) – le 3 octobre 2017]

FL35 (35231)

 

Dimanche 28 août 1955

Michel Leheup est nommé secrétaire de mairie

Pierre Mercier (maire) et le Conseil municipal approuvent la demande de Michel Leheup (instituteur) et l’autorisent à exercer les fonctions de secrétaire de mairie de La Bosse-de-Bretagne.

Autorisation d’exercer la fonction de secrétaire de mairie

Jeudi 29 septembre 1955 à samedi 29 septembre 1956

Le charretier

À la Saint-Michel 1955, je suis embauché comme charretier chez Calixte et Aurèlie Marsollier à La Charaie en La Bosse. Je remplace leur fils André qui vient de se marier avec Irène Chevrel (de Tresbœuf). Je travaille la terre sur une exploitation d’une quinzaine d’hectares avec deux chevaux, Bileu et Péchard.

Aurélie est une excellente cuisinière. À l’exception du dimanche, tous les jours elle fait des galettes et elles sont délicieuses.

À la Saint-Michel de l’année 1956, Calixte et Aurélie se retirent avec deux ou trois vaches au lieu-dit Le Briant.

[Fernand Briand (85 ans) originaire de La Bahuchais en Tresbœuf – le 7 avril 2020]

FB34 (35238)

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Calixte, je ne l'ai pas connu car je n'avais qu'un an lorsqu'il a quitté La Charaie pour aller au Briant. Adolescente, j'ai appris qu'il était à l'origine de la rencontre entre mon père (Albert) et ma mère (Marie).

[Christiane Héry (67 ans) – le 14 janvier 2023]

CH55 (92073)

1955 et années suivantes

Monsieur et Madame Leheup, instituteurs à l'école La Bosse, prennent leurs fonctions à la rentrée scolaire de 1955. Ils habitent sur place mais ils se rendent souvent à Rennes et, à plusieurs reprises, je fais le trajet avec eux lorsque je suis pensionnaire au lycée Saint-Martin. Maman est toujours à l’affût pour essayer de trouver quelqu’un qui puisse m’emmener. Un jour, en venant chercher du lait à la ferme de mes parents, Madame Leheup propose ses services.

 [Camille Aulnette (80 ans) – le 18 septembre 2019]

CA39 (78005)

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Noël 1955 ~

Un petit banc sur la tête de cheminée

Je suis encore petit ce jour où Odette Ménard me fait croire que chez ses parents, Alexandre et Clarisse Guiheux, les cadeaux de Noël sont plus importants qu’ailleurs parce qu’ils ont installé un petit banc sur la tête de cheminée pour que le père Noël puisse se reposer.

[Robert Aulnette (73 ans) - le 14 décembre 2023]

RA50 (35076)

Printemps 1956

Construction de la route des Bleures

La route dite "des Bleures" partant du bourg de La Bosse et allant jusqu'à La Vidoulière est construite par l'entreprise Verron de Thourie en 1956. Les travaux terminés, quand je pars de la ferme de mes parents (au Cleray) pour aller à l'école, je ne vais plus par le chemin qui passe à La Charaie et qui arrive au cimetière pour aller à l'école et je n'ai plus besoin de changer de chaussures chez Adèle Dehoux (née Chevalier) avant de me rendre en classe. Je vais par la route neuve !

Longtemps après la réalisation de cette route, mon père "Aristide" dit encore : « C'est avec les gars de l'entreprise Verron de Thourie que j'ai bu mon premier Ricard ! »

En février de cette année-là, une vague de froid s'est abattue sur l'Europe et La Bosse n'a pas été épargnée. Le blé a gelé dans toutes le fermes sauf dans celle de Théophile Aulnette (à La Touche) car il avait semé de l'Aisne, la seule variété ayant résisté.

[Jean-Pierre Hervochon (78 ans) – le 9 juillet 2022]

JPH44 (35136)

1956

Joseph me transporte avec la Juva 4 de son père

L’année de mes dix-neuf ans, il n’y a pas beaucoup de voiture à La Bosse. Occasionnellement, quand nous allons nous promener entre copains le dimanche, Joseph Hurel (des Bignons, en Le Sel) nous emmène avec la Juva 4 de son père "Albert" (1) quand ce dernier veut bien lui la prêter.

(1) Albert a une voiture mais il ne conduit pas.

[Jacques Maleuvre (82 ans) – le 30 mars 2020]

JM37 (35281)

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Cette année-là, mes parents achètent une chienne « Finette » chez Célestin et Marie Maleuvre (parents de Jacques). En guise de paiement, je charge une charretée de fagots et je vais livrer avec les chevaux, chez eux, aux Cours-Luniaux.

[Bernard Aulnette (82 ans) – le 20 avril 2020]

BA38 (35066)

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À cette époque, nous ne sommes pas nombreux à être titulaire du permis de conduire dès l'âge de dix-huit ans. Comme mon père possède une voiture et qu'il n'a pas de permis, il m'encourage. Je passe le code et la conduite le 25 juillet 1955 dans le quartier Sainte-Thérèse à Rennes et je réussis tout du premier coup.

[Joseph Hurel (83 ans) – le 4 août 2020]

JH37 (35030)

1956

Mon scooter "Motobécane"

En 1956, j'achète un scooter "Motobécane" chez Very, place Henri IV à Bain-de-Bretagne. Peu de temps après, je suis embauché pour travailler en 3/8 à la Papeterie de la Seine à Nanterre. 

Avec mon scooter, je fais le trajet depuis La Bosse jusqu'à Paris à deux ou trois reprises.

[Léopold Justal (89 ans) – le 27 mai 2020]

LJ31 (35212)

1956  

Je rentre dans l'écurie sur le dos d'un cheval au galop

Ma journée terminée, je reviens du champ assis sur le dos d'un cheval. Pour une raison inconnue, à l'entrée du village il prend peur et s’emballe. Je me cramponne à sa crinière jusqu'à ce que nous arrivions dans la cour. La porte de la râtelle (l'écurie) est ouverte. Le cheval la franchit à une telle vitesse en fonçant dans le noir qu'il m'est impossible de descendre. Je baisse la tête et j'allonge mes jambes sur son dos. Lorsqu'il est apaisé dans son box, je suis soulagé et je mesure la chance qui est la mienne. Je suis indemne.

[Bernard Aulnette (83 ans) – le 31 octobre 2021]

BA38 (35066)

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J’ai entendu notre père Théophile (1910) raconter que notre grand-père Jean (1871) aurait ouïe dire par notre arrière-grand-père René (1835) qu'une dame dénommée "la Houée" avait volé des œufs dans la râtelle (photo ci-dessus) et qu'un voisin en avait profité pour fermer la porte à clé.

Essayant en vain de revenir avec ce qu'il lui fallait pour faire une omelette, "la Houée" sortit par la lucarne, visible à droite de la porte, en empruntant la marche arrière.

[Joseph Aulnette (72 ans) frère de Bernard – le 18 janvier 2022]

JA49 (35235)

1956-1993

Claude anime les bals de mariage durant deux générations

Je n’ai que 18 ans lorsque je fais mon premier bal de mariage. Je suis à la batterie et Claude Faucheux (de Tresbœuf) est à l’accordéon. Il s’agit du mariage de Francis Hérault (de Bais) et de Monique Hervochon (de Saulnières).

Vers 1958, je rentre comme batteur aux « Papillons Rennais ». Le chef d’orchestre est Marcel Poirier, accordéoniste (originaire de Thourie). À la guitare, il y a Théophile Drouin (de Pouchard en La Bosse) et au saxophone, Guillaume Godin (de Châteaubourg).

Nous animons des bals en matinée et soirée presque tous les dimanches, principalement à Coësmes, Retiers, Rougé, Ruffigné et Thourie. Pendant sept ou huit ans, nous animons aussi les réveillons de Noël et de la Saint-Sylvestre au restaurant Guilloux à Saint-Grégoire.

À partir de 1968, j’organise des bals à mon propre compte. Durant une quinzaine d’années, j’anime le bal du 14 juillet à Bain-de-Bretagne (sur le terrain des sports, près de l’étang) et celui de la Saint-Sylvestre au restaurant Métayer à Janzé. Je joue dans des soirées de mariage pendant une quarantaine d'années, d’abord pour une génération et plus tard pour leurs enfants. Au fil des ans, j’ai joué avec Joëlle Gaigeard (accordéon) de Teillay ; Loulou Blin (accordéon et synthétiseur) d’Ossé ; Hervé Judais (accordéon) de Guipry ; Guillaume Godin (saxophone) de Châteaubourg ; Claude Malécot (guitare) de Saint-Didier.

J'anime mon dernier bal de mariage en 1993.

[Claude Tessier (81 ans) – le 4 avril 2020]

CT38 (35012)

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J’ai des très bons souvenirs de cette époque. Le mariage de Francis Hérault et Monique Hervochon est le seul où j’ai joué avec Claude Tessier. 

Par compte, avec lui, j’ai fait beaucoup de bals de conscrits. Tous les ans, pendant la période suivant le conseil de révision, le dimanche, les uns après les autres, les parents des nouveaux appelés du contingent organisaient un repas festif. Claude et moi, nous animions le bal.

[Claude Faucheux (80 ans) – le 16 mai 2020]

CF39 (35066)

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Le jeudi 11 octobre 1956, jour de notre mariage, il faisait très beau. Nous sommes allés en cortège à pied depuis l'église de Saulnières jusqu'au lieu-dit "Le Champ Berhault" en chantant. Le repas avait lieu sous une remise et mon oncle François jouait de l'harmonica. 

Bien sûr que je me souviens de la soirée dansante animée par Claude Tessier et Claude Faucheux. Aujourd'hui encore, je continue à aimer l'accordéon. Tous les après-midis, dès 14 heures sur TV Rennes, je regarde l'émission 1, 2, 3 Musette !

[Monique Hérault, née Hervochon (87 ans) – le 16 mai 2020]

MH32 (35136)

Jeudi 27 juin 1957

Le Tour de France passe tout près de chez nous

Le 27 juin 1957, de nombreux habitants de La Bosse sont rassemblés sur le bord de la route, au Châtellier en Pléchâtel. Ils assistent au passage de la première étape du 44ème Tour de France : Nantes  Granville = 204 km.

Je suis scolarisé en CE1 mais le jeudi il n'y a pas d'école. J'ai donc la chance de pouvoir participer, avec mes parents, ma sœur et mes frères, à ce spectacle grandiose !

Il a fait très chaud et je suis un peu fatigué lorsque nous rentrons à La Touche, en milieu d'après-midi. Ce qui m'attend est beaucoup moins enthousiasmant. Il faut que j'aille faire une sieste et je n'ai pas envie. Ma grand-mère paternelle, Marie-Rose, réussit à me convaincre.

Vers dix-sept heures, André Darrigade (coureur populaire âgé de 28 ans), remporte cette première étape.

Le 20 juillet, à l’arrivée sur les Champs Elysées, c'est Jacques Anquetil (23 ans) qui décroche le titre de vainqueur. Pourtant, en passant au Châtellier trois semaines plus tôt, il effectue sa première journée de participation dans un Tour de France et il est encore inconnu du grand public.

 [Joseph Aulnette]

JA49 (35235)

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Moi aussi, c’est au Châtellier que j’ai vu le Tour de France pour la première fois. Juste avant le passage des coureurs cyclistes, nous avons admiré la caravane du Tour. Yvette Horner jouait de l’accordéon debout dans un véhicule publicitaire.

[Bernard Aulnette (81 ans) – le 17 décembre 2019]

BA38 (35066)

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Nous ne sommes rentrés à La Touche que vers 15 heures et Grand-mère n'était pas contente car elle avait fait un bon fricot pour le midi et elle était seule à déjeuner.

[Madeleine Tessier, née Aulnette (84 ans) – le 19 mai 2021]

MT36 (35221)

23 étapes 4669 km 120 coureurs au départ 56 à l'arrivée.

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Vers 1957

Un coup de cidre au pied du fût

Quand Charles Legendre (marchand de tissus ambulant) fait sa tournée et qu'il passe à La Touche, il a son chauffeur. À ce dernier, un jour, mon père propose un coup de cidre. Il l’emmène au cellier, devant un fût équipé de deux clés (une au milieu et une en bas). Papa lui propose de choisir en disant : « À la clé du milieu c’est du cidre doux et à celle du bas c’est du vieux cidre ».

Le chauffeur choisit de boire du cidre provenant de la clé du milieu. Ensuite, Papa lui fait goûter le cidre de la clé du bas  et il demande : « Comment le trouves-tu celui-là ? » Le chauffeur rétorque : « Il est nettement moins bon ».

[Robert Aulnette (73 ans) - le 14 décembre 2023]

RA50 (35076)

Dimanche 24 novembre 1957

Gilbert Chevrel perd la vie dans un accident de la route

Le jour de la Sainte Catherine est aussi le jour où les jeunes filles de 25 ans, célibataires, fêtent les « Catherinettes ». Alice Tessier, du bourg, et Yvette Pleinfossé, institutrice habitant à l’école, sont concernées. La Sainte Catherine étant un lundi, c’est la veille, le dimanche 24, qu’elles organisent une surprise-partie dans l’atelier de Roger Paris.

Le bal vient tout juste de commencer lorsque Gilbert Chevrel, âgé lui aussi de 25 ans et convié à cette soirée, décide de repartir avec sa moto pour aller chercher Bernard Masson (originaire des Cours-Luniaux) chez Jean-Marie Prunault, à La Vidouillère, où il est employé en tant que domestique. Ne réussissant pas à le convaincre, Gilbert repart seul. Sur le trajet du retour, près du carrefour des quatre chemins, sans doute aveuglé par le brouillard, il heurte un pont d’entrée de champ qu’il a probablement confondu avec la route. L’accident lui est fatal

Au bourg de La Bosse, la soirée dansante se poursuit jusqu’au milieu de la nuit mais personne ne remarque que Gilbert n'est pas revenu. C’est seulement le lendemain matin que, chez ses patrons, Francis et Clémentine Ridard demeurant au Haut-Verrion en Tresbœuf, son absence intrigue. Ce lundi matin, jour de la foire Saint-Martin, Gilbert n'est pas là pour le petit-déjeuner. Agnès, la jeune des filles de la maison, âgée de 15 ans, imagine qu'il ne s'est pas réveillé. Elle pousse la porte de l’écurie où, selon ses habitudes, il est censé avoir dormi et, à l’appel de son prénom, elle constate que non seulement il ne répond pas mais que son lit n’est pas défait. Elle court prévenir son père qui, affolé, déclare : « oh … il doit encore y avoir un malheur » (1). Francis enfourche son vélo et se rend à La Vidouillère pour voir si Bernard Masson, copain de Gilbert, en sait davantage. Bernard, n’est au courant de rien. Ils partent tous les deux en direction du bourg de La Bosse et après avoir effectué environ un kilomètre, ils découvrent Gilbert, mort, près de sa moto, la face contre terre.

Aristide Hervochon, habitant le village du Cleray situé à 300 mètres, est informé. Aussitôt, il atèle Robuste (son cheval) sur la carriole et va chercher le corps de Gilbert puis il l'emmène chez ses parents au bourg de La Bosse.

Peu de temps après, la triste nouvelle arrive au Haut-Verrion. C’est la consternation. La famille Ridard est complètement bouleversée. Chacun tente de remémorer cet instant où Gilbert a quitté la maison pour se rendre à la fête. Odile, sœur d’Agnès, se souvient l’avoir entendu dire, en posant ses mains sur ses poches : « j’espère que je n’oublie rien… ». Peu de temps après, il perdait la vie…

Dans la matinée, c’est l’abbé Louazel, recteur de La Bosse, qui arrive chez les Ridard. Les visages sont graves. Agnès ne supporte pas d’entendre prononcer le terme « mort » révélant la disparition de Gilbert

(1) Gilbert avait déjà été victime d'un accident au cours de l'été précédent. Un cheval avait pris peur au moment où il lui enlevait le harnais et, en faisant un faux mouvement, il lui avait brisé une jambe.

Témoignages recueillis auprès de : 

* Rémy Tessier (87 ans) – le 26 septembre 2017

* Agnès Bécan, née Ridard (75 ans) et sa sœur Odile Miclard, née Ridard (79 ans) – le 7 novembre 2017

*Jean-Pierre Hervochon (73 ans) – le 30 novembre 2017

RT30 (35030) - AB42 (35012) - OM38 (35343) JPH44 (35136)

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J'étais à la surprise-partie organisée par Alice Tessier et Yvette Pleinfossé et, à la fin de la soirée dansante, j'ai redescendu le bourg à pied avec Marie Aulnette, ma voisine. Je suis allée me coucher sans avoir le moindre soupçon que mon frère Gilbert avait eu accident quelques heures auparavant. Je n'ai appris sa mort que le lendemain matin, lorsque Pierre Mercier (le maire) et Arsène Nourisson sont venus à la maison pour avertir les parents.

[Yvette Rouiller, née Chevrel, sœur de Gilbert (84 ans) – le 7 septembre 2019]

YR35 (35012)

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Je me souviens de ce 25 novembre au matin, où papa a eu la charge d'aller prévenir les parents de Gilbert. Ils habitaient dans le bourg, à une centaine de mètres de chez nous. De la porte de la cuisine, j'ai vu le père Chevrel sortir de sa maison tout affolé. Il avait enlevé sa casquette et il tournait en rond dans la cour.

[Marie-Paule Massicot, née Mercier (79 ans) – le 25 septembre 2019]

MPM40 (35030)

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Dans la matinée de ce lundi 25 novembre, André Pétrel, boulanger à Ercé-en-Lamée, est passé faire sa tournée de portage. J'étais avec maman à l'arrière de sa camionnette lorsqu'elle a échangé un bon de paiement contre un pain et que la boulanger lui a annoncé : « Gilbert Chevrel s'est tué en moto cette nuit  »

[Joseph Aulnette]

JA49 (35235)

Septembre 1957 à septembre 1960

Nous aimions beaucoup l’ambiance de La Bosse

Léon et Juliette Saulnier arrivaient d’Amanlis lorsqu’ils se sont installés dans une ferme de 11 hectares à La Bosse, au village de Sourg. Ils sont restés de septembre 1957 à septembre 1960 puis ils ont été remplacés par Jules et Juliette Prime.

Léon : Quand nous sommes arrivés, nous avions une vache, une brouette et deux vélos. Nous avons commencé à exploiter avec un cheval que nous avons acheté à Alexandre Robert, propriétaire de nos bâtiments et d’une partie des terres. Ce cheval, nommé "Chaton", nous l’avons revendu au mois de février suivant pour financer une partie de l’achat de notre premier tracteur, un Pony diesel (18cv) acquis avec René Lemoine, maréchal-ferrant au bourg. J’avais adapté un auto-limon sur l’attelage de la grande charrette, du tombereau et du rouleau. Pour labourer, j’utilisais une charrue alternative. J’ai été un des premiers à mettre de l’engrais dans les champs. Juliette avançait le tracteur et j’étais debout dans la remorque pour l’épandre sur la terre avec une pelle. Les fermiers du secteur se déplaçaient pour voir le résultat. Comme nous sommes partis de Sourg peu après pour prendre une plus grande ferme au Grand Bois, à Essé, c’est notre successeur qui en a profité…

Je ne pense pas me tromper en disant que c’est nous qui avons eu la première clôture électrique à La Bosse. Nous habitions encore à Sourg quand j’ai obtenu mon examen de permis de conduire, à Rennes, après avoir fait seulement deux leçons d’auto-école à Janzé (mais j’avais eu un permis militaire à l’armée). C’est à Essé, au printemps 1961 que nous avons acheté notre première voiture, une Renault. En même temps, nous avons fait l'acquisition de notre première machine à laver le linge. Elle fonctionnait au bois. L’année suivante nous l’avons revendue au même prix pour en prendre une autre fonctionnant à l’électricité. Quand nous avons quitté Sourg, en 1960, les sols étaient tellement trempés que j’ai sorti les betteraves du champ avec des paniers que je transportais sur le rouleau attelé derrière le tracteur.

Juliette : Nous n’avions pas beaucoup de temps à consacrer aux loisirs. Avec la ferme et les enfants en bas âge, nous étions bien occupés. Deux de nos sept enfants sont nés à Sourg, Daniel en 1957 et Claude en 1960. Un jour de l’année 1959, l’abbé Louazel, recteur de La Bosse, était de passage chez nous et je me souviens lui avoir dit que, pour mes 30 ans, nous aurions bien voulu aller à la fête des classes de La Bosse mais que ce n'était pas possible à cause des enfants. Il m’avait répondu : « Vous irez maman Juliette et je viendrais garder vos petits ! ». C’est bien grâce à lui que nous sommes allés et nous avons eu beaucoup de plaisir. Nous sommes restés très tard dans la nuit. A notre retour, l’Abbé dormait dans notre lit, le seul qui était disponible. Il s’est levé, il est monté sur sa moto et il a pris la direction du bourg pour aller finir sa nuit dans son presbytère.

Il est arrivé plusieurs fois que l’abbé Louazel vienne nous donner un coup de main dans les périodes surchargées. Il nous a aidés à cueillir les pommes, à ramasser des gerbes, des betteraves... Il est même venu tourner la baratte.

Léon et Juliette : Nous aimions beaucoup l’ambiance de La Bosse et, à Sourg, nous avions des bons voisins :

  - Isidore et Clémentine Lunel et leurs enfants : Jeannine, Thérèse et Jean-Claude.

  - Henri et Olga Turpin et leurs enfants : Marie-Louise, Gabriel et Marcelle.

  - Clarisse Duperrin.

 [Léon Saulnier (92 ans) et son épouse Juliette (89 ans)  le 16 janvier 2019] 

LS26 (36136) – JS29 (35136)

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C’est Ange Hugues qui, en 1948 ou 1949, a eu la première clôture électrique à La Bosse. Pour l’abriter, il m’avait demandé de faire des niches (60 cm x 40 cm) en parpaing avec une dalle et un toit en ciment, dans le champ qu’il avait sur la route de Sourg, dans le pré de la Gaudinière et dans les Prons.

[Rémy Tessier (88 ans) – le 9 février 2019]

RT30 (35030)

2ème quinzaine de mai 1958

Nous prions pour que l'Algérie ne sombre dans une guerre civile

Tous les jours suivant le putsch d'Alger du 13 mai 1958, dès la sortie de l’école le midi, avec tous les élèves de ma classe, je me rends à l'église paroissiale. L’abbé Louazel nous accueille et nous faisons une prière à une intention bien particulière. Nous prions pour que l'Algérie ne sombre dans une guerre civile.

[René Aulnette (74 ans) – le 11 décembre 2021]

RA47 (35139)

Vers 1958

Je me couche avec la peur

Un soir, après souper, nous sommes assis en famille en formant un demi-cercle autour de la cheminée. Papa nous raconte qu'un lundi midi, en rentrant du marché de Bain, un homme a été attaqué par des brigands face à l'abreuvoir de la grande prée au moment où il s'apprêtait à traverser le Semnon avec son cheval attelé sur une carriole.

[Robert Aulnette (73 ans) le 13 juin 2023]

RA50 (35076)

1959

Electrification des cloches de l'église de La Bosse.

1959 

À cinq ans, je mets le pied à l'étrier

Bernard Chevrel (mon père) a l'habitude de bêcher son jardin à la main mais le lundi de Pâques il emprunte Biby, le cheval de Gilbert Massicot, pour labourer une partie de son terrain.

Après avoir accompli sa mission, le cheval doit être reconduit chez son propriétaire. Je n'ai que cinq ans et je ne vais pas encore à l'école mais Papa me propose quand-même de le reconduire seul. Il me grimpe sur le dos du bourrin et me dit : « Ne t'inquiète pas, Biby connaît la route ! »  Lorsque j'arrive dans la cour de la ferme de Ferdinand et Léontine Massicot à La Mouchère, il ne me reste plus qu'à descendre et à prévenir leur fils Gilbert, le charretier.

[Guy Chevrel (69 ans), fils de Bernard – le 17 juin 2023]

GC54 (63195)

Un dimanche de juillet 1959

Nous assistons à notre premier moto-cross

Un dimanche de juillet 1959, Rémy Tessier (mon futur beau-frère) nous conduit à La Dominelais où nous avons la chance d’assister pour la première fois à un moto-cross. C’est avec la Peugeot 203 camionnette bâchée "280 BJ 35" de son père qu’il nous emmène. Nous sommes assis sur des bancs installés de chaque côté du caisson. Dans les virages, nous devons nous agripper à la ridelle.

[Joseph Aulnette (69 ans) – le 7 février 2019]

JA49 (35235)

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Je me souviens très bien de cette fameuse virée dans la camionnette de Rémy. J'étais enceinte de Laurence mais j'ai quand-même fait le voyage assise sur un banc.

[Yvette Rouyer, née Guibert (84 ans) – le 14 novembre 2020]

YR36 (35012)

1959 

Le coupe-chou de Papa

Quand Papa se rase, c'est du sérieux. Nous avons interdiction de nous approcher de lui et chaque matin il en est ainsi. C'est un moment pénible pour nous ses enfants qui avons tendance à être turbulents. La maison n’étant pas équipée d’une salle d’eau, c’est assis à la table de la cuisine et à l'opposé de la fenêtre qu'il s'installe. Il ne profite pas de la lumière du jour mais c'est son choix. Il utilise un coupe-chou (rasoir de barbier), un outil qui assure un travail de haute précision.

C’est Papa qui coupe les cheveux de René, de Joseph et de moi-même, ainsi que ceux de Tonton Jean (son frère). Il se déplace aussi chez Victor Nourisson à Pouchard qui, en contrepartie, coupe les siens.

[Robert Aulnette (71 ans) – le 16 janvier 2022]

RA50 (35076)

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L'article de Robert me remémore un souvenir original. Le samedi 19 septembre 1959, les travaux du matin effectués, Papa se préparait pour aller au mariage de Francis Morel et de Marie Aulnette (sa nièce) et il était à la bourre. Avant de mettre sa belle chemise qu'il appelait "la chemise du dimanche" et de mettre sa cravate, il avait fait son shampoing. En s'essuyant les cheveux, il s'était aperçu qu'au lieu d'utiliser un produit adapté, il avait pris le tube de dentifrice.

Inutile de dire que le temps de rectifier son erreur, le retard s'était accumulé. Avec Maman, René et Robert, j'attendais dans le caisson de la 203 camionnette de Rémy Tessier (futur beau-frère). Quant à Bernard, il était à faire son service en Algérie. Rémy et Madeleine (pensant à leur mariage fixé un mois plus tard) s'agitaient à l'avant.  Je vois encore Rémy brûler d'impatience au volant de son auto. Lorsque Papa arriva, la voiture prit la route et, au final, notre retard passa inaperçu.

[Joseph Aulnette (72 ans) – le 16 janvier 2022]

JA49 (35235)

1959

Le téléphone à un chiffre

À la ferme de mes parents à La Touche, quand une vache est malade et qu’il faut faire appel au vétérinaire, il arrive que je sois désigné pour aller chez Théophile Prunault au moulin de La Pile au bord du Semnon, où se trouve la cabine téléphonique la plus proche. C’est Germaine (épouse de Théophile) qui compose le numéro de Tersiquel (le vétérinaire) demeurant à Bain-de-Bretagne. Pour faire venir Gautier (l’inséminateur) de Janzé, la procédure est la même. Germaine se met en relation avec le central téléphonique et elle dit : « Pour le 4 à la Bosse, passez-moi le 8 à Janzé ».

Si à dix ans je trouve normal qu’on puisse téléphoner en ne composant qu’un chiffre, je n’imagine pas qu’il faudra en composer six en 1963, huit en 1985 et dix en 1996. Je n’imagine pas non plus que mes parents auront le téléphone fixe à la maison en 1984 et encore moins que, comme beaucoup, j’aurai un portable avant l’arrivée de l’an 2000.

[Joseph Aulnette]

JA49 (35235)

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Selon ce que j'ai entendu dans mes jeunes années, avant l'existence du moulin à farine de La Pile exploité par la famille Prunault depuis plusieurs générations, il y aurait eu un moulin où l'on pilait du chanvre. Ce serait la raison pour laquelle ce lieu-dit est couramment appelé "La Pile", bien que le nom officiel soit La Plesse.

[Gilles Prunault (65 ans), fils de Théophile (meunier) et de Colette, née Menoux puis petit-fils de Théophile (meunier) et de Germaine, née Debroise – le 23 janvier 2022]

GP56 (44215)

1960-1970

VIE QUOTIDIENNE A LA BOSSE DE BRETAGNE DANS LES ANNÉES 60

Le monde était paysan, commerçant, artisan et chrétien. 

Le monde paysan.

La majorité de la population dans les hameaux travaillait la terre dans de petites fermes. Les tracteurs n’avaient pas encore tout à fait remplacé les chevaux de trait, plutôt par contrainte que par choix. Gardons à l’esprit que les crédits auprès des banques restaient rares, ils ne correspondaient pas qui plus est, à une âme paysanne tendue toute entière par l’incertitude du lendemain, toujours désireuse de se couvrir des habits de la précaution. La Terre ne ment pas, elle est une véritable école d’humilité.

La commune s’entourait en effet d’une vie sociale importante, les échanges étaient conséquents. Je citerai d’abord les commerces puis les artisans dont je me souviens, la liste n’est sans doute pas exhaustive. Que ceux qui ne seraient pas mentionnés me pardonnent.

Les commerçants 

- M.et Mme Robert Hugues épicerie/café et pompe à essence, 

- M. et Mme Gustave Chapon épicerie/café,

- Mme Marie Chapon/mère, magasin de chaussures,

- Mme Thérèse Lemoine, vêtements, mercerie,

- Mme Madeleine Perrudin café,

Mme Perrudin avait également en charge la pesée sur la bascule communale des récoltes de blés et autres céréales des agriculteurs.

- Mme Marie-Thérèse Desbois quincaillerie, bureau de tabac,

- M. Joseph Rébillard charcutier. Il était aussi appelé pour tuer les cochons dans les fermes.

- M. Bernard Chapon négociant en céréales.

Les artisans 

- M. René Lemoine, maréchal-ferrant. Je me souviens particulièrement de l’odeur dégagée lorsqu’il ferrait les chevaux. Tout en travaillant, il chantait. Sa voix de stentor résonnait jusqu’à l’extérieur de la forge,

- M. Pierre Mercier –maire de la commune – Scierie,

Dans sa propre maison il y avait le bureau de poste tenu par l’une de ses filles – dans ces années-là, la boîte aux lettres était de couleur bleue,

- M. Théophile Prunault « route de Bain » meunier du moulin de la pile sur la route d’Ercé-en-Lamée,

- M. Baptiste Perrudin, peintre en bâtiment,

- M. Aristide Desbois, couvreur,

- M. Amédée Maleuvre, couvreur,

- M. Roger Paris, menuisier,

- M. Rémy Tessier, maçon,

- M. Roger Moutel, vendeur et réparateur de vélos,

- Les frères Deshoux, Marcel à la Mouchère, Joseph à la Perrière Scieries/Charrons,

- Alexis Aulnette, coiffeur hommes.

Le monde chrétien

L’Église est toujours bien au centre du village. Mais Il ne s’agit pas d’une simple expression géographique.  Le dimanche une première messe basse se déroulait à 7 heures du matin. Messe basse signifie sans chant.  A 11 heures c’était la grand- messe. Lorsque les cloches sonnaient, les paroissiens se rendaient à la cérémonie religieuse. Une heure, une heure quinze plus tard à la sortie, les ouailles convergeaient vers les trois cafés du bourg. Pour ce moment amical, les femmes se retrouvaient entre elles pour bavarder autour d’un café et les hommes pour boire un ballon de rouge ou un petit blanc. Pendant ce temps, profitant de cette liberté, les enfants jouaient dehors dans l’attente du retour à la maison pour déjeuner en famille. La messe concourait à ce grand rendez-vous dominical propice aux échanges conviviaux et chaleureux. C’était un temps fort dans la vie du bourg. Les autres fêtes religieuses telles que les Rameaux, Pâques, le 15 août, la communion solennelle et Noël réunissaient encore plus de personnes.

L’absence de moyens de locomotion, les loisirs limités, les lignes téléphoniques quasi-inexistantes favorisaient les contacts directs dans un périmètre restreint au centre du bourg, essentiellement le dimanche, seul jour de la semaine où les fermiers s’octroyaient une détente bien méritée. L’occasion aussi de faire ses courses dans les deux épiceries.  Il semble difficile aujourd’hui d’imaginer toute cette communauté bienveillante heureuse de se retrouver autour d’un verre pour parler de ses difficultés, de ses espoirs, de sa famille, de ses joies, de l’avenir.

Désormais, la Bosse de Bretagne ressemble à toutes les communes environnantes. Nous traversons le bourg en voiture sans nous arrêter. Bien que Le nombre d’habitants ait augmenté de manière substantielle ces deux dernières décennies le bourg semble déserté.

Notre génération a eu la chance de vivre des moments heureux et nous ne pouvons que nous en réjouir. Pourtant, la vie quotidienne était difficile en raison des conditions de vie rudimentaires. Cependant, nos besoins étaient différents. Il reste dans mon esprit des moments joyeux, une vie agréable et insouciante.

[Témoignage écrit par Christiane Héry (63 ans) – le 5 mars 2019]

CH55 (92073)

*****

En complément du témoignage rapporté ci-dessus, je précise que Roger Moutel n'était ni vendeur ni réparateur de vélos à La Bosse. Il vivait chez sa mère (Marie-Josèphe), dans la maison accolée à l'école et il travaillait aux Cycles Guédard à Rennes en tant qu'ouvrier spécialisé dans le montage des rayons.

[Rémy Tessier (89 ans) - le 26 janvier 2020]

RT30 (35221)

1960-1977

Nos parties de pêche à La Touche

Chaque année, les week-ends de période estivale, nous quittons régulièrement Rennes pour venir camper à La Touche, au fond de la grande prairie située en bordure du Semnon. La plupart du temps, nos cousins de la famille Douard viennent avec nous. Nous arrivons le samedi matin et ne reprenons la direction de la capitale bretonne que le dimanche soir. Les premières années, nous y allons avec un fourgon Citroën HY aménagé en camping-car.

Pour mes parents, ma sœur Annie et moi-même, c’est un bonheur de camper dans cette prairie mise gracieusement à notre disposition. Arsène et Louisette Jolivel (mon oncle et ma tante), Rennais eux aussi et propriétaires d’une résidence secondaire au bourg de La Bosse, se joignent très souvent à nous. Ils viennent avec leurs enfants (Daniel, Jean-Yves, Michel, Marie-Anne et Pascal) et nous organisons des cousinades improvisées.

Nous nous approvisionnons en eau potable chez Théophile et Anna Aulnette, exploitants de la parcelle où nous sommes installés. Un jour, mes parents leur achètent un lapin. Arrivé au campement, il s’évade et tombe dans le Semnon. Papa réussit à la ramener à la surface avec son épuisette.

Les plus jeunes, nous passons la nuit du samedi au dimanche sous la tente. Aussitôt levés le dimanche matin, nous partons à pied à la messe à l’église de La Bosse. À la fin de l’office, nous passons à la sacristie et le recteur signe notre carte annuelle de messe et nous pouvons justifier notre présence au curé de la paroisse Saint-Joseph à Rennes à laquelle nous appartenons.

La Bosse, pour nous, c’est d’abord les parties de pêche (sans pour autant nous nourrir de poisson) mais c’est aussi les baignades dans le Semnon. Pour ne pas être sous la surveillance de nos parents, nous allons nager à l’abreuvoir situé à l’entrée du village. L’eau est trouble mais ça nous convient malgré tout.

Les dernières années, nous ne campons plus au fond de la prairie mais au pied de la butte, tout près de l’entrée, et nous sommes toujours au bord de la rivière.

[Rolande Leblond, née Moulin (68 ans) - le 12 décembre 2023]

RL55 (35238)

1960 

Le bouc de Lorée

Dans les années 60, Alfred et Eloïse Lorée, demeurant aux Brûlons, possédaient un bouc qui, selon les dires des gens du secteur, n'avait pas d'autre endroit pour se mettre à l'abri que l'habitacle du four à pain...

[Louis Colliot (68 ans) – le 13 octobre 2017]

LC49 (35076)

Dimanche 24 avril 1960

Robert et Odette déménagent

Robert et Odette Chevrel quittent leur ferme, à La Touche en La Bosse, et s’installent dans une plus grande, à La Lande en Corps-Nuds.

Ils sont remplacés par Robert et Yvonne Minguet qui arrivent de Bain-de-Bretagne.

[Joseph Aulnette (69 ans) en 2018]

JA49 (35235)

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Robert Chevrel (mon parrain) et son épouse Odette m'avaient invité à leur déménagement. J'avais 10 ans et ça m'avait marqué. J'étais resté deux ou trois nuits chez eux. Ce dont je me souviens aussi, c'est qu'Odile Miclard (sœur d'Odette) m'a donné une sucette lorsque nous sommes arrivés à Corps-Nuds.

[Robert Aulnette (73 ans) – le 13 juin 2023]

RA50 (35076)

Jeudi 14 juillet 1960

Simone Marsolier se noie en se baignant dans l’Ain

Âgée de 25 ans et originaire de La Bosse, Simone est employée aux Chèques Postaux de Lyon. En dehors de son travail, elle aime profiter de ses temps libres et partir à l’aventure. C’est une vive la joie.

En février 1960, elle s’offre un séjour à la neige, aux Arcs, en Savoie. Elle se casse la jambe gauche en skiant. Après plusieurs jours d’hospitalisation, elle rentre en convalescence chez ses parents, Théophile et Marie, à la Bosse. Elle se déplace à l’aide d’un bâton et, sur sa jambe plâtrée, une tête de mort et quelques autographes ne passent pas inaperçus. Une fois rétablie, elle reprend son train de vie normal.

Le jeudi 14 juillet de cette même année, le jour de la fête nationale, en début de matinée, Simone monte sur son scooter avec à son bord Andrée Buisson, une de ses copines de travail. Ensemble, elles partent pour une journée de détente… Après avoir effectué une soixantaine de kilomètres, elles stationnent à Pont-d’Ain, près du camping "l’Oiselon", sur un espace enherbé, au bord de l’Ain. Elles pique-niquent, puis elles consacrent un peu de temps à préparer un concours qui va leur permettre d'acquérir un nouveau grade. Vers 16h00, Simone décide d’aller se baigner dans la rivière malgré la faible température de l’eau. Quelques instants plus tard, Andrée, qui a préféré continuer à réviser, aperçoit un attroupement à seulement quelques dizaines de mètres de là où elle se trouve. Elle s’avance et très vite elle prend conscience de la réalité. Simone vient d’être happée par les courants. Parmi les personnes présentes, certaines l’ont vu disparaître mais aucune n’a pu aller lui porter secours...

À La Bosse, ses parents et ses sœurs vont être prévenus par Pierre Mercier, le maire. Quelques minutes plus tard, André et Bernard, ses frères, sont avertis dans le champ où ils moissonnent. C'est seulement trois jours plus tard que le corps de Simone est découvert par un pêcheur, à Meximieux, commune située à 23 kilomètres de là où elle a disparu. Dès que la famille est informée, André, frère de Simone, monte dans sa 4 CV et part rencontrer Gustave Chapon (épicier de La Bosse) qui assiste à une fête à Crevin. Il lui demande s’il veut bien aller chercher le corps pour le ramener chez ses parents. Gustave accepte aussitôt. Yvette, sœur de Simone, et Alain Papail vont avec lui.

Environ un mois plus tard, toujours avec sa 4 CV, André retourne sur les lieux de la tragédie avec Yvette et Bernard. En allant, ils passent par Lyon pour prendre Andrée Buisson et, avec elle, ils reconstituent l'itinéraire du 14 juillet. Andrée raconte ses derniers moments vécus avec Simone. Avant de repartir de l'endroit où son corps a été retrouvé, ils récupèrent quelques galets puis ils passent au domicile du maire de la commune, Jean-Claude Ronge, afin de le remercier pour les démarches qu’il a dû accomplir.

[Témoignages recueillis auprès d’André Marsolier (80 ans) et de son frère Bernard (77 ans) – le 9 novembre 2017]

AM37 (78490) BM40 (75056)

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Au cours de ma carrière, je suis allée faire un stage aux Chèques Postaux de Lyon. Ça devait être en 1975. En discutant avec les collègues, je leur ai parlé de Simone Marsolier qui, originaire comme moi de La Bosse, est décédée tragiquement le 14 juillet 1960. Surprises, elles m’ont dit : « Parce que tu es de La Bosse-de-Bretagne ... Tu connaissais Simone ... » Ce fut un grand moment d’émotion pour ces dames qui avaient travaillé avec elle.

Elles m’ont raconté que ce 14 juillet, elle était partie avec une amie en scooter pour aller au bord de l’eau. En route, elle s’était arrêtée dans un garage pour faire resserrer une roue qui se dévissait. Le matin, Simone avait risqué un accident de la route et l’après-midi elle se noyait dans une rivière.

Ses copines de travail m’ont relaté être descendues dans la cour des Chèques Postaux pour se recueillir quand Gustave Chapon est allé, avec son estafette, chercher le corps pour le ramener à La Bosse.

[Témoignage recueilli auprès de Danielle Maleuvre (75 ans) – le 3 novembre 2017]

DM42 (35238)

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En revenant avec le corps de Simone, Gustave ramenait aussi son scooter.

Quelques mois plus tard, André vendait sa 4 CV. Yves Guibert (mon cousin) était venu à La Scierie pour l’acheter. Le tarif ne lui convenant pas, Tante Marie avait dit : « Si ça t’intéresse, nous avons aussi un scooter à vendre ». Yves avait fait affaire et il était reparti avec.

[Alfred Guibert (77 ans) – le 15 février 2020]

AG43 (35275)

Vendredi 16 septembre 1960

Disparition d'une forge, d'un atelier de mécanique agricole et d'une quincaillerie

Robert Gilbert (38 ans) et son épouse Paulette (31 ans) ferment définitivement la forge, l’atelier de mécanique agricole et la quincaillerie qu'ils exploitent à la sortie du bourg de La Bosse, sur la route du Sel.

JA49 (35235)

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C'est chez Robert Gilbert que mes parents ont acheté mon premier vélo, un Sporting rouge. Je me souviens qu'un jour, il a fait un malaise cardiaque et qu'il est tombé derrière sa forge.

[Daniel Jolivel (72 ans) – le 28 août 2023]

DJ50 (22259)

Début novembre 1960 à fin 1964

Après la mobylette bleue, le scooter rouge

Mes études terminées, je rentre dans la vie active début novembre 1960. Je travaille au Génie rural, à Rennes, dans les bâtiments de la Cité administrative situés à l’angle du boulevard de la Liberté et de l’avenue Janvier. Peu après mon embauche, j’achète une mobylette chez Coulier, à Tresbœuf. Elle est neuve et elle est bleue. Six mois après, je la lui revends et j’achète un scooter Vespa d’occasion rouge à Rennes. Je rentre à La Touche le week-end et j’emmène maman là où elle a besoin. Le plus souvent, c’est à la messe du dimanche ou chez ma sœur Yvette à Bain.

Je roule avec jusqu’à la fin de l'année 1964 et pour une de mes dernières sorties, j'ai Marie-France (ma fiancée) comme passagère et, de Rennes, je la conduis chez ses parents à Saulnières. 

[Alfred Guibert (77 ans) – le 15 février 2020]

AG43 (35275)

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Un jour, en me promenant dans le pré de la rivière appartenant à Roger Guiheux, j’ai aperçu Alfred en train de faire du rodéo dans la vallée exploitée par Robert Mainguet. Il était au bord du Semnon et il n’avait qu’une envie, grimper sur la butte. Le scooter avait réussi à monter le premier raidillon mais pas le second car il était trop abrupt. L'engin s'était renversé et le pilote en était sorti indemne.

Alfred avait imaginé que son vol plané était passé inaperçu sauf que moi, j’avais tout vu !

[Joseph Aulnette]

JA49 (35235)

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Novembre 1960

Début d'un hiver particulièrement pluvieux

Le 2 novembre 1960, lorsque quitte la ferme de mes parents au Plessis en La Bosse pour aller à l'armée, les terres sont gorgées d'eau et les travaux de la Toussaint ne peuvent être engagés. Les cultivateurs ne sèmeront le blé qu'à Noël et certains ne pourront pas en faire.

Je rentre en permission pour la première fois le 9 mars 1961 et, pendant les dix jours où je suis sur l'exploitation, je réussi à semer des céréales qui, normalement se font à la Toussaint. L'été suivant, comme le blé a été semé tard, il murit tard, et il est germé sur les tas de gerbes avant la période des battages.

[Gabriel Suhard (83 ans) le 13 avril 2004]

GS40 (35343)

Samedi 17 décembre 1960

Naissance de Michel Tessier

JA49 (35235)

Eté 1961

Pendant les vacances, je garde les vaches

L’année scolaire étant terminée, je suis embauché pour les grandes vacances en tant que patou chez Germain et Aimée Rouiller, à Pouchard. Comme je dors chez mes parents au bourg, matin soir, je fais la route avec ma bicyclette. La matinée, je garde les vaches et l’après-midi je fais la litière dans l'étable. Il m'arrive aussi de participer à certains travaux des champs. La semaine précédant la reprise scolaire, j'aide à ramasser des patates.

[Louis Colliot (72 ans) – le 7 octobre 2021]

LC49 (35076)

1961 

Un morceau de lard piqué à l'ail

Je suis avec Théophile (mon père) à fabriquer un enclos dans le parc de la soue à cochons qu’il vient de construire avec des chutes de planches récupérées à la scierie d'un autre Théophile (Marsolier celui-là), mon oncle.

Maman étant absente pour la journée, en fin d’après-midi Papa déclare : « Il est temps que j’aille mettre le lard à cuire ». Je réponds : « Ne bouge pas, je vais y aller ». Il rétorque : « Vas-y si tu veux ».

Lorsque je sors un morceau de lard du charnier, une idée me vient en tête : « Si je le piquais à l’ail ». Je prépare quelques gousses que je découpe dans le sens de la longueur et je fais en sorte que la chair soit bien garnie. J’en mets plutôt plus que moins.

Quand nous passons à table, les choux verts, les pommes de terre et le lard sont servis dans le même plat que d'habitude mais, cette fois, je suis le seul à me régaler. Ce soir-là, comme souvent, Tante Elise soupe avec nous mais ni elle ni aucun autre membre de la famille n'apprécient le menu que j'ai soigneusement préparé. C'est dommage. Heureusement pour moi, personne ne rechigne. Au contraire, la blague pimentée que je viens de faire est bien acceptée.

[René Aulnette (74 ans) – le 13 janvier 2022]

RA47 (35139)

Samedi 4 novembre 1961

Les exploitations agricoles s’agrandissent

Arsène Aulnette (42 ans) et son épouse Madeleine (41 ans) quittent la ferme qu’ils exploitent à La Touche depuis une dizaine d'années et ils partent s’installer dans une plus grande, à La Soulvachère, en Martigné-Ferchaud.

À La Touche, la maison et les terres sont reprises par Théophile Aulnette (51 ans) et Anna (51 ans), en agrandissement de ce qu’ils ont déjà. La surface exploitée n'est plus de dix-sept mais de trente-deux hectares et pour assurer le travail des champs, le nombre de chevaux passe de trois à cinq. Leur ferme est désormais la plus grande de La Bosse.

[Joseph Aulnette – janvier 2019]

JA49 (35235)

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Ce samedi-là, jour de leur déménagement, Arsène et Madeleine me confie la responsabilité de leur basse-cour. Après avoir déposé les volailles délicatement dans des caisses appropriées et une fois le tombereau chargé, je prends la route en guidant Péchard, mon cheval, direction Lalleu, Thourie, Martigné-Ferchaud. En arrivant à La Soulvachère et avant de procéder au déchargement, je constate qu'il y a de sérieux dégâts. Les poules, sans doute apeurées par les secousses produites au cours du voyage, se sont blotties les unes contre les autres et la majeure partie d'entre-elles sont mortes étouffées. Cette mésaventure me met mal à l'aise mais comment aurais-je pu l'éviter… ?

Il ne me reste plus qu'à prévenir les nouveaux Martignolais

Le soir, je rebrousse mon chemin avec le cheval attelé sur le tombereau non éclairé. Je ne suis qu'à moitié satisfait de ma mission à mon arrivée à La Touche, tard dans la nuit.

[Bernard Aulnette (81 ans) – le 18 février 2019] 

BA38 (35066)

La nuit de Noël 1961

Le temps de la messe, la route devient une patinoire

Le dimanche 24 décembre 1961, comme après chaque réveillon de Noël, toutes les familles du village se réunissent et partent à pied au bourg distant de deux kilomètres, en s’organisant de façon à arriver à l’heure pour la messe de minuit. Pas besoin de lampe de poche, le ciel est chargé d’étoiles. La nuit s’annonce froide mais aucun paroissien ne s’inquiète en rentrant dans l’église. Une pluie verglaçante tombe pendant l'office et, à la surprise générale, quand nous ressortons, les routes et les trottoirs sont de vraies patinoires. Il est tellement difficile de tenir debout que Rolande Lunel, qui n'a guère que la route à traverser pour être chez elle, met son mouchoir et son foulard par terre et rentre à genoux.

Pour nous, c’est vraiment la galère. Nous avons mille misères à regagner La Touche mais nous y parvenons. En déposant nos chaussures dans la cheminée, nous espérons que le père Noël saura nous faire une faveur…

[Joseph Aulnette]

JA49 (35235)

Janvier 1962

Il n'a que vingt-sept ans et sa vie est brisée

Mon frère aîné, René Hamon, est salarié chez Helloin-Lemarchand, une entreprise de gros œuvre implantée sur la région rennaise. Il est sur un chantier dans l'enceinte de l'usine Citroën à La Janais en Chartres-de-Bretagne (laquelle n’est en service que depuis quelques mois) lorsqu'un jour de janvier 1962, il est victime d'un accident de travail qui va le paralyser pour toujours. Il a 27 ans. Posant des parpaings pour la construction de l'atelier de peinture, il est debout et perché approximativement à six mètres de hauteur, sa truelle à la main, lorsque son échafaudage bascule. Grièvement blessé, il est immédiatement transporté à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu, à Rennes. Le diagnostic est sévère : Une double fracture du bassin, une jambe broyée (qui va être devoir être amputée) et de multiples contusions. René est immobilisé pendant plusieurs semaines dans un matelas coquille.

Le jour de ce tragique accident, le hasard veut que moi aussi, je me trouve à l'intérieur de l’usine Citroën. Je travaille pour le compte de la société Germot peinture dont le siège est à Paris. Je suis barbouilleur.

En juillet 1962, ma fiancée Simone et moi-même, nous nous marions. René est hospitalisé depuis six mois et il est dans l’incapacité d’être parmi nous sur toute la durée des festivités. Après la célébration à l’église Saint-Martin de Cesson-Sévigné, Henri Hamon (un oncle) domicilié à Bain-de-Bretagne et présent à la noce va le chercher avec sa voiture. René assiste au repas servi au restaurant "La Friture" à La Hublais mais, aussitôt après le dessert, il doit regagner l’hôpital.

Quelques mois passent et il revient enfin au domicile familial, aux Cours-Luniaux en La Bosse. Pendant de nombreuses années, il navigue entre sa maison natale et l’Hôtel-Dieu. René ne reprendra jamais le travail et il est condamné à se déplacer en fauteuil roulant tout le reste de sa vie.

[Jean Hamon (83 ans) le jeune frère de René – le 30 janvier 2022] 

JH38 (35051)

1962

Une perdrix pour celui qui ne peut plus aller à la chasse

Mariés depuis 1947, nous venons tous les dimanches chez mes parents, Eugène et Maria Masson. Mon mari, Marcel Douessin, est chasseur à La Bosse. Victime d’un premier infarctus au début des années 60, il est en incapacité de chasser. Un jour d’ouverture, nous sommes chez mes parents et Rémy Tessier nous apporte une perdrix. Le soir, nous la mangeons.

Je garderai toujours en souvenir ce geste généreux d’un des copains de chasse de Marcel. Quand j’y pense, ça me fait pleurer.

[Germaine Douessin, née Masson (89 ans) – le 2 mai 2018] 

GD29 (35281)

Mercredi 4 juillet 1962

L'abbé se déplace en moto et souvent il surprend

Le jour de notre mariage, juste avant de rentrer dans l’église de Cesson, Simone et moi, nous avons eu l’agréable surprise de voir arriver l’abbé Louazel, recteur de La Bosse. Il est penché sur sa moto avec le casque de travers. Sans nous avoir prévenu, il assiste à l’office.

Quelques jours plus tôt, je suis allé me confesser et il m’a dit : « On ne va pas passer au confessionnal. Viens avec moi, on va faire ça au presbytère ». Ensuite, il m’a payé un coup à boire et nous avons discuté longuement mais il ne m'a pas dit qu’il aurait assisté à la cérémonie de notre mariage.

[Jean Hamon (81 ans) – le 15 octobre 2019]

JH38 (35051)

Fin septembre 1962

Roger et Michèle Guiheux s’installent en ferme à La Touche. Ils arrivent de La Fleuriais et prennent la succession d’Alexandre (décédé) et de Clarisse, les parents de Roger.

JA49

Octobre 1962

Un transport scolaire insolite

Nous sommes pensionnaires au collège Saint-Joseph à Bain-de-Bretagne et, notre semaine terminée, c’est Bernard Chapon, négociant en produits du sol à La Bosse, qui vient nous chercher. Il n’est pas avec sa voiture comme d’habitude mais avec son camion chargé de pommes à ras bord. Il a deux passagers avec lui dans la cabine, si bien qu’il n’a aucune place de libre pour les quatre collégiens que nous sommes, à savoir : son fils Bernard, mon cousin Jean-Yves Aulnette, Christian Marcault et moi-même. Nous allons donc être transportés à l'air libre, perchés sur ce chargement non bâché. La consigne nous est donnée : « cramponnez-vous bien à l’avant et surtout ne faîtes pas les fous ! »

Nous avons un beau point de vue du haut de ce camion de couleur jaune et de marque “Unic’’ et nous constatons que l’expédition que nous formons est, elle aussi, unique ! À la Potine, lorsque nous bifurquons à droite direction La Bosse, l’équivalent d’un panier de pommes passe par-dessus la ridelle. En voyant cela, conformément aux consignes reçues, chacun de nous se cramponne...

En arrivant chez nos parents, nous réalisons que nous venons de faire un voyage hors du commun !

 [Joseph Aulnette – le 3 mars 2019

JA49 (35235)

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Je me souviens très bien de ce retour de collège où nous avons fait le voyage de Bain-de-Bretagne à La Bosse, perchés sur le camion de pommes de Bernard Chapon.

[Jean-Yves Aulnette (71 ans) le 22 octobre 2019]

JYA48 (53130)

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Je me souviens très bien de ce jour où nous sommes grimpés à l’arrière du camion, devant la porte du collège Saint-Joseph. Je n’ai pas vu les pommes passer par-dessus la ridelle à la Potine car je suis descendu quelques centaines de mètres plus tôt. Mon père m’attendait avec sa voiture (devant l'atelier d'Alexandre Saulnier dit "Xanxandre", sculpteur) près du pont enjambant le Semnon, pour me ramener au bourg de Pancé.

[Christian Marcault (69 ans) – le 1er avril 2020]

CM50 35238)

1962

Une sieste perturbée

Chaque jour, après le repas du midi, Bernard Guiheux traverse le village de La Touche pour emmener ses chevaux (Faquin, Vermouth et Voltige) boire à l’abreuvoir. Les trois bourrins sont côte à côte et ils ont largement le temps de se désaltérer car Bernard fait la sieste, allongé sur le dos de Vermouth. 

Blotti à moins d'une trentaine de mètres de là, entre le pailler de la ferme de mes parents et l'arrière de l'ancien poulailler d'Arsène, je domine la situation et j'observe. J'ai envie de faire une farce. Ni vu ni connu, je lance un gros caillou dans le lit du Semnon. Les trois chevaux sursautent en rebroussant chemin et repartent au galop. Bernard n'est plus allongé sur l'échine de Vermouth, il est tombé dans la rivière.

[René Aulnette (74 ans) – le 12 janvier 2022]

RA47 (35139)

1963 

Une blague non appréciée

Roger Paris et Baptiste Perrudin sont à la pêche dans le Pré-Morel, au bord du Semnon, à proximité de La Touche. Roger s'absente pendant quelques minutes et Baptiste en profite pour accrocher une ardoise au bout de sa ligne.

À son retour, Roger remarque que le bouchon est coulé. Il ferre et le fameux bouchon part dans tous les sens. Lorsqu'il découvre que le poisson qu'il avait imaginé être une brème est en réalité une ardoise, il est vexé. N'appréciant pas la blague de son copain, il plie ses gaules et s'en va.

[Robert Aulnette (73 ans) le 13 juin 2023]

RA50 (35076)

Vacances de la Toussaint 1963

 

Le pommier est intact

 

J’ai 14 ans et j’accompagne Bernard, mon frère aîné, pour labourer dans le verger des Grands-prés, à 300 mètres de la maison. Les deux chevaux, Gamin et Piloute, sont attelés sur le brabant et tout semble aller pour le mieux. Soudain, je me rends compte que Gamin frôle un pommier de locard et qu’il va érafler l’écorce avec son collier. Je pense à papa qui, avant de partir de la maison, nous a dit : « N’allez pas abîmer mes pommiers » et instinctivement, je pousse le cou du cheval avec ma main gauche. Mon doigt (le majeur) se coince entre la ferrure du collier et le pommier. Les trois phalanges sont rabotées et l’ongle est arraché.

Gamin et Piloute continuent à creuser le sillon comme si de rien n’était…

 

[Joseph Aulnette – le 12 février 2019]

JA49 (35235)

Fin février 1964

Trois filles chez l'un et quatre chez l'autre

Un dimanche matin, je conduis les vaches dans la prée située en bas de la côte à gauche, sur la route allant à Ercé-en-Lamée. Je croise ma tante Marie-Ange de La Touche. Elle se rend à pied à la messe. Je viens d’être papa d’une 3ème fille et elle me dit : « Comment tu te débrouilles Camille pour avoir trois filles à suivre ? Tu n’es pas plus fin que ton cousin ! » En effet, Robert (son fils) a eu une quatrième fille il y a quinze jours.

Une décennie plus tard, mon cousin Robert a six filles et moi j’en ai toujours trois mais j’ai aussi deux garçons.

[Camille Chevrel (88 ans) – le 5 février 2022]

CC33 (35012)

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Fin juin 1964

Je termine ma scolarité à l'école privée du Sel-de-Bretagne fin juin 1964 et je suis le seul de la classe de l'abbé Veillard (classe des garçons) à être présenté au certificat d'études.

Ne voulant pas d'échec, avant la date de l'examen et durant plusieurs jeudis (jours de repos hebdomadaire), l'abbé me fait venir à vélo de La Touche et il me donne des cours particuliers.

En obtenant le certificat, je suis content pour moi mais je suis content aussi pour l'abbé Veillard qui a fait le maximum pour que je réussisse.

[Robert Aulnette (73 ans) - le 19 décembre 2023]

RA50 (35076)

1964

Une période de sécheresse extrême

Nous vivons une période de sécheresse extrême et nous plantons des choux dans les "Prés-Hauts". Pour qu'ils résistent, Papa décide de les arroser.

Le cheval « Gamin » est attelé sur la tonne à eau d'une capacité de 600 litres et il fait la navette sans relâche depuis l’abreuvoir de La Touche jusqu’à l’entrée du champ. Nous sommes cinq ou six à circuler dans les rangs avec un seau rempli dans une main et une louche dans l’autre et nous arrosons les choux un par un.

[Joseph Aulnette – le 8 octobre 2020]

JA49 (35235)

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1964

Connaissez-vous les pastilles pectoïds ?

Un jour, nos parents s'absente pour ne revenir qu'en soirée et, Robert et moi, nous restons seuls à la maison. Le midi, en passant à table, nous prenons le repas que Maman nous a préparé.

Elle a fait aussi un dessert. Etant l'aîné, j'ordonne à Robert d'aller le chercher dans le garde-manger accroché au plafond de ce que nous appelons "la maison d'à bas". Têtu comme une mule, il refuse de se soumettre. Considérant que je n'ai pas le choix, j'y vais moi-même mais avec un esprit revanchard.

Dans l'assiette de crème au chocolat que nous avons à nous partager, j'enfonce discrètement une pastille pectoïd et pour être sûr de ne pas rater mon coup, je me sers le premier. Robert se sert ensuite mais, dès qu'il commence à avaler, ses dents restent collés. Vexé, il quitte la table.

Le soir, en rentrant, Maman constate que la moitié de son dessert favori est toujours dans l'assiette.

[Joseph Aulnette (74 ans) le 2 septembre 2023]

JA49 (35235)

Lundi 7 décembre 1964

En mobylette par tous les temps

Salarié aux Etablissement Langlois à Rennes Saint-Jacques, je loge dans une chambre située à l’angle de la rue Leguen de Kerangal et du boulevard Albert 1er. Chaque samedi soir, après ma semaine de travail, je rentre à La Touche en mobylette.

Le lundi 7 décembre 1964, lorsque je m’apprête à repartir sur Rennes, le sol est recouvert d’une vingtaine de centimètres de neige et il fait froid. Maman fait tout pour que je ne parte pas mais j’y vais quand-même.

Je roule tout doucement. Mon engin patine quand je monte les côtes et il dérape quand je les descends. En passant à Bout-de-Lande, en Laillé, je me remémore la chute de mobylette que j’ai eue en ce lieu il y a trois ans et demi. J’amorce les virages dits de "Bout-de-Lande" qui, bien que réputés dangereux, ne sont limités qu’à 100 km/heure (1). Le jour est levé lorsque j’arrive sur mon lieu de travail. Je suis en retard mais sain et sauf !

[Bernard Aulnette (81 ans) – le 18 janvier 2020]

BA38 (35066)

(1) À cette époque, les limitations de vitesse n’existaient que là où il y avait des virages dangereux. Dans ces virages, l'allure autorisée restait supérieure à celle qui est appliquée dans les lignes droites aujourd’hui.

1964 

J’ai failli être conducteur d’autocar

L’abbé Auguste Heudiard, ancien recteur de La Bosse, est ami avec le patron des Autocars De Saint-Hénis. Un jour, il m’emmène avec lui au siège de la société, rue Dupont des Loges, à Rennes. Monsieur De Saint-Hénis propose de m’embaucher mais je n’ai pas le transport en commun. Il me suggère de passer l’examen et s’engage à me titulariser sur la ligne régulière Gaël – Rennes dès que j’obtiens le permis. Sur le moment je suis intéressé mais, finalement, je ne donne pas suite.

[Bernard Massicot (93 ans) – le 25 janvier 2020]

BM26 (35131)

1964-1971

Mes premières années de vie active

Dès l’âge de 14 ans, je suis embauché comme apprenti-maçon chez Rémy Tessier, mon beau-frère, artisan à La Bosse. Je travaille avec Rémy et Victor, son père. Trois ans plus tard, Alphonse Marcel se joint à nous.

Nous avons souvent des chantiers dans le bourg. Quand c’est le cas, nous démarrons nos journées en prêtant l'oreille pour entendre la voix de René Lemoine, maréchal-ferrant. Il chante à tue-tête en interprétant Luis Mariano et bien d’autres artistes. Dans sa forge, il tape sur son enclume en battant et en façonnant un fer à cheval. Son marteau retombe à petits coups pesants et clairs.

Le lundi 21 juillet 1969, jour où un homme a marché pour la première fois sur la lune, avec Rémy, je construis les murs du garage attenant à la maison de René. Au milieu de l’après-midi, il sort de sa forge située à seulement quelques dizaines de mètres de nous et il dit : « Venez avec moi, nous allons nous installer devant le poste de télévision et vivre un moment exceptionnel ! ». Sur l'écran, nous revivons l'instant où Neil Armstrong a posé le pied sur la lune.

Le 4 août 1970, après six années passées dans la maçonnerie, je pars faire mon service militaire à Radolfzell, en Allemagne. À mon retour, je fais encore une année chez Rémy en attendant d'être retenu pour un stage au centre FPA d’Auray car je veux changer de métier.

Sur les échafaudages, j’ai le vertige et je n’arrive pas à y remédier. À l'exemple de ce jour où, perché au pignon (côté rue) du bâtiment abritant le bistrot de Baptiste Perrudin, je reste à genoux pendant un quart d’heure avant de pouvoir bouger.

Je décide de me reconvertir dans le carrelage pour quelques années en attendant de prendre une autre voie.

[Robert Aulnette (73 ans) - le 13 juin 2023]

RA50 (35076)

1965 ≈

Le tabac à priser même à l'église

Tous les dimanches, je me rends à la messe avec mes parents. Les hommes se regroupent dans les chapelles et certains ont des habitudes bien particulières comme, par exemple, Victor Tessier. Au cours de l'office, il sort plusieurs fois sa tabatière d'une poche de sa veste et, sans le moindre complexe, il se met à priser.

[Marie-Paule Touffé, née Orain (65 ans) – le 20 juillet 2020]

MPT55 (44146)

1965 ≈ 

À onze ans, je conduis la voiture de mon père

J'ai seulement onze ans lorsque Papa m'autorise, pour la première fois, à conduire sa 2 CV camionnette dans les chemins environnants. Quelques semaines passent et il m'envoie au bourg, chercher de l'essence chez Robert Hugues. Ce dernier est surpris quand il me voit stationner au pied de sa pompe. Il accepte cependant de me servir en remplissant le réservoir (d'une capacité de 20 litres) pour un montant correspondant au billet de cinq francs que je lui remets entre les mains.

[Guy Chevrel (69 ans) le 17 juin 2023]

GC54 (63195)

<<< La pompe à essence (Texaco) de Robert Hugues

 

1965 :

Le pont du Bas-Rochereuil

Le pont enjambant le ruisseau des Bruères, situé entre La Touche et Le Bas-Rochereuil, a été construit en 1965.

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Je suis rentré aux Ponts et Chaussées en 1962 et j'ai eu l'occasion de réaliser de nombreuses œuvres d'art. Avec Alexandre Rouiller, j'ai fait la maçonnerie de du pont du Bas-Rochereuil. 

[Claude Tessier (84 ans) le 12 juillet 2023]

CT38 (35012)

Samedi 16 octobre 1965

Je suis invité au mariage de Joseph Leclère et de Thérèse Neveu (Joseph est mon parrain). Le repas est animé par Louis Jolivel de Tresbœuf qui a l'art de raconter des histoires. En voici une : Un couple de fiancés préparant son mariage se rend chez le curé pour convenir d’une date. Ce dernier commence par annoncer le coût de la célébration. Tout de suite, les futurs mariés l’arrêtent en disant que compte tenu de la somme et vu leurs faibles revenus, ils n’ont pas d’autre choix que de différer la date de leur union, le temps de faire quelques économies.

Les fiancés sortent du presbytère et traversent la cour. Le futur marié (menuisier de métier) aperçoit une brouette en lambeaux au fond du jardin. Séance tenante, il retourne voir le prêtre et lui dit : « Je viens de constater l’état de votre brouette et, après avoir réfléchi, je me dis que je pourrais vous en faire une neuve d’une valeur équivalente à la somme que vous nous demandez ; qu’en pensez-vous ? » Après un court temps de réflexion, le prêtre accepte l’offre et le marché est conclus. Le mariage a lieu comme prévu.

Deux années passent et ce n’est plus le grand amour, bien au contraire. Le couple envisage de se séparer. C’est alors que le marié retourne au presbytère pour essayer de passer un nouveau contrat : « Monsieur l’abbé, voulez-vous bien nous démarier ? »  Surpris, le prêtre déclare : « Ce que vous me demandez là n’est pas de ma compétence et il ne m’est donc pas possible de répondre en votre faveur ». L'époux va au fond de sa pensée et dit : « Dommage car avant notre mariage je vous avais fait une brouette et cette fois, je suis prêt à vous faire une grande "charte" ».

[Joseph Aulnette (71 ans) – le 9 décembre 2020]

JA49 (35235)

Un soir d'hiver 1965-1966

Un remorquage risqué

Trois cyclomotoristes, Claude et Raymond Loyer (d'Ercé-en-Lamée) et moi-même, matin et soir, nous faisons le trajet séparant le domicile de nos parents de la maison familiale rurale de Rougé (44). Nous alternons entre l'école d'agriculture et les travaux de la ferme. 

Un soir d'hiver, sur le chemin du retour, ma mobylette tombe en panne. Nous venons d'atteindre la D 772 reliant Châteaubriant à Bain-de-Bretagne et, quelques centaines de mètres avant la frontière séparant la Loire Atlantique de l'Ille-et-Vilaine, nous voilà immobilisés. Nous essayons de réparer mais aucun de nous trois n'y parvient. Soudain, Claude a une idée. Il a une corde d'environ un mètre 50 dans une de ses sacoches et il propose de me remorquer. J'accepte mais ce n'est pas sans risque. Claude remonte sur sa motobécane et il roule comme si de rien n'était. Je suis vraiment mal à l'aise car ma marge de manœuvre est inexistante. Je n'ai pas d'autre choix que de faire confiance à celui qui me tracte. Nous traversons la forêt puis, après avoir parcouru quatre kilomètres dans des conditions périlleuses, nous franchissons le porche accédant au garage d'Edouard Aveline, au centre-bourg de Teillay. Je peux enfin dire ouf !

[Joseph Aulnette (73 ans) – le 10 septembre 2022]

JA49 (35235)

1965-1968 

Mémère (Marie-Ange Chevrel) vient chez nous à La Gerbaudière en Bain, depuis La Touche en La Bosse où elle habite, chaque fois que mes parents (Julien et Alphonsine Rouyer) tuent le cochon et font de la charcuterie. Pour y parvenir, elle parcourt trois kilomètres et demi à pied à l'aide de son bâton (sa bicyclette comme elle dit). Régine, ma sœur, et moi-même, nous avons entre cinq et dix ans et nous aimons la voir arriver chez nous. Nous apprécions aussi les fois où notre père la remmène chez elle car nous pouvons profiter du voyage. Papa n’a pas de voiture. C’est avec la bétaillère accrochée au derrière de son tracteur qu’il reconduit Mémère à La Touche. Elle est assise sur une botte de paille, à l'avant de la bétaillère. Régine et moi, nous sommes installées près d'elle, dans une petite chaise.

À chaque période de vacances scolaires, je passe quelques jours chez Pépère et Mémère à La Touche. Le dimanche, je vais à la messe à pied à avec Mémère, au bourg de La Bosse. À la fin de l'office, nous passons toutes les deux à la sacristie. Le curé de Bain m'a remis une carte et, pour justifier ma présence à l'église, je dois la faire signer par l'abbé Louazel, recteur de la paroisse. 

Les vacances, c'est aussi l'occasion pour Martine et Jocelyne Chevrel (mes cousines), les filles aînées de Robert et Odette habitant Corps-Nuds, de venir passer quelques jours avec moi à La Touche. Il y a deux lits dans la cuisine des grands-parents mais nous dormons toutes trois dans celui qui est situé près de la fenêtre et, pour être plus à l'aise, nous nous mettons en travers du lit.

[Christiane Gaigeard, née Rouyer (65 ans) – le 1er octobre 2022]

CG57 (49020)

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Quand Julien Rouyer ramenait sa belle-mère à La Touche avec son tracteur, il passait au pignon de la maison de mes parents. Nous apercevions Marie-Ange au travers des barreaux de la bétaillère.

[Joseph Aulnette – le 14 novembre 2022]

JA49 (35235)

Samedi 9 juillet 1966

Les obsèques de Pierre Mercier (62 ans), maire de La Bosse en exercice depuis fin octobre 1947, ont lieu le 9 juillet 1966.

Il était charron de profession, d'abord à Pouchard et ensuite au bourg.

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J'ai assisté à ses obsèques avec les élèves de ma classe. Je crois me souvenir que tous les enfants de l'école étaient présents.

Tous les matins, en allant à l'école, je laissais mon vélo dans une remise lui appartenant, à droite de son atelier, sur la route du presbytère. Pour moi il s'agissait d'un personnage important, à tel point que je n'osais pas lui parler.

[Christiane Héry (66 ans) le 28 janvier 2022]

CH55 (92073)

Printemps 1967

Cinq agriculteurs s’associent pour un investissement commun

À la fin du printemps 1967, cinq agriculteurs de La Bosse ont un projet qui leur tient à cœur. Ils se réunissent à deux ou trois reprises et ça suffit pour que l’idée qui germe dans leur tête depuis quelques temps se concrétise. Ils vont acheter une moissonneuse-batteuse. Elle sera bleue et ce sera une Braud !

Les acquéreurs :

  • Francis Morel (32 ans), du bourg
  • Henri Fontaine (34 ans), de La Haute-Bosse
  • Robert Lunel (35 ans), du bourg
  • Roger Guiheux (42 ans), de La Touche
  • Théophile Aulnette (57 ans), de La Touche

C’est avec René Lemoine, le forgeron de La Bosse qui, depuis le début des années 60, diversifie son activité en étant davantage présent dans la vente de matériel agricole que le projet murit. Il faut faire vite car la saison de la moisson approche. René Lemoine se met en relation avec Yves Juguet, concessionnaire à Bain-de-Bretagne. Ce dernier, qui s’apprête à transférer le siège de son entreprise tout près de l’usine Citroën de la Janais, aux portes de Rennes, met tout en œuvre afin de satisfaire non pas un mais cinq nouveaux clients. Quelques jours passent et c’est Jean-Claude Leray, originaire de Saulnières et représentant de la concession, qui traite l’affaire. Il vient de trouver une occasion récente qui leur convient parfaitement. Maintenant, il ne reste plus aux acquéreurs qu’à signer le marché.

Robert Lunel conduit les cinq bénéficiaires (dont il fait partie) au lieu-dit le Vallon pour la prise de possession du bien dont ils auront la charge et l’usage. Robert retrouve Yves Juguet avec lequel il a passé une année à l’école Saint-Joseph à Bain. Francis et Henri ramènent la moissonneuse à La Bosse. Robert, Roger et Théophile rentrent en voiture mais ils font une halte au bourg de Pancé et ils attendent leurs deux compères. Un quart d’heure passe et les cinq copropriétaires entrent dans le bistrot de Germaine Turquety (Veuve de Georges Duclos) pour arroser la machine qui va leur changer la vie. Elle va moissonner, elle va battre et elle va botteler…

Il s’agit d’un événement et ils sont fiers !

En arrivant à La Bosse, ils font un essai dans un champ à Francis, mais l’orge est à peine mure. Impatients, ils décident d’aller chez Roger et Théophile à La Touche où la récolte est un peu plus avancée. L’emprise de la coupe est de 2 mètres 50, ce qui est bien pour l’époque. Fini le remplissage des sacs de blé… La machine est moderne. Elle est équipée d’une trémie et d’une vis sans fin. Seul petit inconvénient : le moteur de la vis est à l’extrémité, ce qui rend l’installation compliquée. C’est souvent Henri qui monte dans le grenier pour tirer la vis avec une corde. Un jour, Roger tord l’empattement en reculant avec son tracteur et elle en prend un sérieux coup. René Lemoine réussit à la redresser.

Quand une panne se déclare, c’est rarement la moissonneuse mais plutôt la botteleuse. C’est sans doute pour cette raison que, très souvent, moissonneuses et botteleuses sont vendues séparément. La moisson étant tributaire du temps, quand il fait beau il faut accepter de faire des heures. Le midi, à l’heure du repas, il y a toujours un conducteur sur la machine. La plupart du temps, elle est conduite par Francis ou par Henri.

Emile Aulnette exploite une petite ferme à Pouchard et il fait partie de la souhaite. Il est employé à faire les paillers avec Théophile. Une fois la saison terminée, c’est chez lui que la moissonneuse est remisée. Nous nous réunissons chez lui chaque fin de saison pour régulariser nos comptes. Nous terminons par un repas préparé par Aurélie, sa mère. En récompense, la récolte d’Emile est battue à titre gracieux.

Un jour, Henri et Francis sont à moissonner en bordure de la route de Sourg, dans un champ à Emile qui, dès leur arrivée, leur apporte une bouteille, croyant que c’est du cidre bouché alors que c’est de l’apéritif qu’il vient de prendre dans le cellier de son frère Eugène. Il en emporte une autre à ceux sont sur le pailler et là, il s e rend compte qu’il s’est trompé. Il dit : « Zut, je viens d’emporter la même aux chauffeurs de la moissonneuse ». Théophile réplique : « Ne te tracasse pas Emile, ils vont bien la boire quand-même ». En effet, sans doute trop fatigués, ils l’ont vidée sans se rendre compte que ce n’était pas du cidre. Lorsque René, Robert et Roger reviennent dans le champ pour charger une charretée de paille, ils surprennent Francis et Henri dormant à l’ombre sous un saule sauvage. Ce n’est pourtant pas dans leurs habitudes.

Une autre fois, à La Touche, Henri s’engage dans le chemin de la Beussière et un chêne débordant du talus lui bloque le passage. Compréhensif, Joseph Henry, le propriétaire, accepte qu’il soit abattu. Bernard Guiheux arrive aussitôt avec son tracteur et sa tronçonneuse puis, un quart d’heure plus tard, le chemin est accessible. Le même jour, Henri déplace une remorque chargée dans un champ de Théophile et l’embout n’est pas verrouillé. En se retournant, il s’aperçoit qu’il a perdu la valeur d’une dizaine de quintaux de blé.

Il arrive à René (fils de Théophile) de conduire la machine, mais uniquement pour remplacer les titulaires. Sinon, sa spécialité est de faire les charretées de paille. Plus ils sont nombreux à lui envoyer les bottes et plus il est content. Il aime à dire : « Vous pouvez y allez…, amenez…, amenez ! » Un jour, il voit un lapin se cacher sous une botte de paille. Il saute de la charrette et réussit à l’attraper !

Les années passent et c’est Alain Guiheux, fils de Roger, qui prend la relève. Il devient le conducteur principal de la moiss batt.

Article relatant un vécu raconté par :

  • Henri Fontaine (85 ans) – le 9 février 2019
  • Robert Lunel (87 ans) – le 11 février 2019   

  HF33 (35030) – RL31 (35030)

1967

Une scierie à La Touche

En 1966, âgé de 23 ans, je commence à débiter mes premiers arbres à la scierie de Joseph Tardif (qui vient de décéder) à La Richardais en Tresbœuf. L'année suivante, en 1967, ma femme Yvette et moi-même, nous nous installons à notre compte à l'entrée de La Touche (mon village natal) en créant notre propre scierie.

[Bernard Guiheux (79 ans) le 13 juin 2023]

BG43 (35030)

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Je me souviens bien de cette époque. C'est moi qui suis allé chercher le moteur de la scierie chez Tardif. Je l'ai amené à La Touche avec le tracteur Renault de Papa. En revenant de La Richardais, je suis passé par la nouvelle route reliant Sourg à Pouchard. Le moteur était posé complétement à l'arrière du plateau si bien qu'en descendant la côte, probablement à trop vive allure, mon assemblage s'est déséquilibré et il a zigzagué sur quelques dizaines de mètres. Toutefois, il n'a pas quitté la route.

Fait du hasard : Bernard et Yvette Guiheux ont installé leur scierie dans un champ qui, auparavant, était appelé "Le tronc de Bois".

[Joseph Aulnette (74 ans) – le 17 juin 2023]

JA49 (35235)

Mai ou juin 1967

Le tablier du pont-bascule s'effondre

Je suis salarié à la Direction Départementale de l’Equipement et je fais du point-à-temps (de l'émulsion de bitume et de gravillons), sur des routes de campagne à Lalleu, avec Alexis Aulnette habitant le bourg de La Bosse-de-Bretagne. Je conduis un camion-citerne multifonctions chargé de goudron avec une remorque remplie de gravier à l’arrière. En milieu de matinée, je veux faire demi-tour mais je n’ai pas suffisamment d’espace pour manœuvrer. Alexis tient la lance et j'obéis à ses consignes. Il me dit : « Vas donc au bourg et tu feras le tour de l’église ! » Il monte avec moi dans la cabine.

Une cérémonie d'obsèques a lieu à l'église et la place est recouverte de voitures. Je n'ai pas d'autre choix que de passer sur le pont-bascule public qui, normalement, est conçu pour porter de lourdes charges. Par malchance, le tablier s'effondre et les roues de mon camion s'enfoncent mais le châssis est retenu par la rampe de la citerne. Jeune dans le métier, me voilà bien embêté. Alexis me rassure en disant : « Viens avec moi, nous allons prévenir Jean-Marie Douessin, le maire ! » Nous avons à peine le temps de lui expliquer ce qui vient de m’arriver qu’il déclare en riant : « Je suis bien conscient que le tablier de la bascule est pourri et ça fait plusieurs fois que nous abordons le sujet au conseil municipal. Maintenant, la question ne se pose plus, nous allons le changer ! » Le maire se met en relation avec mon chef d'exploitation et précise que je n'y suis pour rien. Ensuite, il fait venir un camion grue pour sortir la goudronneuse de l'endroit où elle est engloutie.

[Paul Chasles (77 ans) – le 19 février 2022]

PC44 (35066)

1968 

Un œuf sur le plat

Roger Paris est artisan menuisier au bourg de La Bosse et son fils Yves travaille avec lui. Yves se marie et le couple vit sous le même toit que Roger. Ils prennent tous trois leurs repas ensemble.

Au bout de quelques mois, Yves et son épouse Marie-Claire décident d’aller habiter en dehors de la commune. Ça ne plait pas du tout au père Paris car il va devoir faire sa cuisine. Agacé, il déclare aux gens de son entourage : « If li, Marie-Claire ielle, y sont partis ieux. Je m’pète un œu su l’plat ma, fi de garce ».

[Robert Aulnette (71 ans) – le 10 décembre 2021]

RA50 (35076)

Mercredi 12 juin 1968

Alexis Aulnette (53 ans), agent au service technique de la Direction Départementale de l'Equipement à l’agence de Bain-de-Bretagne, décède accidentellement sur la commune de Lalleu, au volant d'un tracteur attelé sur une balayeuse.

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Guy Desrivières (adjoint au maire de Lalleu) et Claude Etendard (conseiller municipal) sont intervenus sur ce tragique accident pour apporter leur secours.

[Bernard Aulnette (84 ans) – le 9 février 2022]

BA38 (35066)

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Alexis, je le connaissais très bien. Il m’a invité deux ou trois fois chez lui, au bourg de La Bosse-de-Bretagne. J’ai travaillé à ses côtés. C’était un homme sérieux, logique et aimé de tous.

Le jour où le malheur est arrivé, je n’étais pas là mais l'information m'est parvenue peu de temps après. Il conduisait un tracteur Renault attelé sur une balayeuse et il y avait beaucoup de poussière. Un autre chauffeur de la DDE, conduisant un camion, est arrivé à sa hauteur. Il était dans un nuage et il ne l’a pas vu.

[Paul Chasles (77 ans) – le 19 février 2022]

PC44 (35066)

Samedi 20 juillet 1968

Nous assistons au mariage en tant que chiens de noce

Etienne Deroche (de La Bosse) et Marie-Thérèse Horvais (de Trévérien) se marient le samedi 20 juillet 1968 à la mairie et à l'église de Trévérien. Ce jour-là, en début d'après-midi, je propose à Jean-Yves Aulnette (un cousin) de m'accompagner au bal de leur mariage à Plerguer. Il accepte et me dit : « Pourquoi ne demanderait-on pas à Jean-Claude (un autre Aulnette) de venir avec nous ? » Ce dernier accepte lui aussi et nous sommes trois Aulnette à nous y rendre avec ma dauphine. Nous y allons en tant que "chiens de noce" (sans être invités). Chez nous, cette pratique est courante et nous savons déjà que nous allons être bien accueillis par les mariés.

Introduits parmi les invités, nous assistons à la soirée dansante jusqu'à ce que le bal soit terminé. Lorsque nous quittons la piste de danse, plutôt que de rentrer à La Bosse, nous décidons d'aller passer le reste de la nuit à Dinan. Je stationne ma voiture à l'angle d'une prairie située à proximité du château et nous dormons assis à l'intérieur. Le lendemain matin, à notre réveil, nous remarquons qu'une dame est en train de traire une vache dans la parcelle d'à côté. Nous constatons non seulement que les vitres de ma dauphine sont couvertes de buée mais qu'il y a un bon centimètre d'eau sur le tapis de sol. Tout ça parce que nous n'avons pas pris la précaution de laisser une vitre entrouverte. 

La journée du dimanche, nous visitons la ville de Dinan et ses abords puis nous rentrons à La Bosse en fin de journée.

[Joseph Aulnette (73 ans) – le 5 février 2022]

JA49 (35235)

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En complément de ce qui est écrit ci-dessus, j'ajoute que Jean-Yves et Joseph sont d'abord passés chez Elise Brochard (ma mère) pour savoir si j'étais disponible et intéressé. Elle leur a dit : « Allez lui demander, il doit être chez Pierre Brochard (mon cousin) à Rochereuil en Pancé ». Arrivés au village, Jean-Yves et Joseph ont appris que, Pierre et moi, nous étions à faire une installation électrique chez Théophile Morel à La Bennerais (autre lieudit de Pancé). Lorsqu'ils m'ont fait la proposition, j'ai tout de suite donné mon accord et je suis rentré aussitôt pour changer de tenue. Entre-temps, sachant que j'aurai forcément accepté, ma mère a préparé un poulet que nous avons emporté chez Roger et Marie Bitauld à Dinard. Marie (ma cousine) nous a offert une collation puis nous sommes allés rejoindre les mariés et leurs invités.

[Jean-Claude Aulnette (73 ans) – le 5 février 2022

JCA48 (35051)

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Je suis né au bourg de La Bosse. Mes parents (Louis et Marie) habitaient près de l'église, à l'angle de la voie principale et de la rue conduisant au patronage où ils exploitaient une petite ferme. En 1952, ils sont partis à Guichen. J'ai quitté La Bosse à l'âge de 10 ans mais je me souviens que j'allais souvent jouer aux billes avec Etienne Deroche dans la cour de la ferme de ses parents. J'étais parti depuis longtemps lorsqu'il s'est marié et je n'étais donc pas au bal de son mariage. Toutefois, j'ai souvent eu l'occasion d'assister à d'autres mariages en tant que chien de noce. On m'a même proposé le casse-croute servi vers 22h00.

[Louis Mérel (80 ans) – le 26 octobre 2022

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Fin juillet 1968

Ma dauphine dérape et termine sa course dans l’ornière

Je suis en congé et je donne un coup de main pour la moisson. Nous sommes dans les Sanceries et on me demande de faire une charretée de la paille mais il manque un broc. Etant venu avec ma dauphine, je propose d’aller en chercher un à La Touche. Le chemin est carrossable mais il n’est pas fait pour les voitures… Rendu seulement au Pont-de-la-Grée et roulant peut-être un peu trop vite, j’engage la roue avant droite dans une ornière. Le réservoir à carburant rabote le schiste et le bouchon de vidange est sectionné. Dire que je viens de faire le plein… En quelques secondes, il ne me reste plus une goutte d’essence. Ma dauphine va être immobilisée jusqu’à ce que je trouve un réservoir d’occasion mais si je suis venu ici, c’est d’abord pour aider à faire la moisson…

[Joseph Aulnette – le 3 mars 2019

JA49 (35235)

Dimanche 8 septembre 1968

L'abbé Joseph Louazel quitte la paroisse de La Bosse, dans laquelle il a officié durant 19 ans et demi.

Il célèbre une première messe à Bourgbarré, sa nouvelle paroisse.

Lundi 16 décembre 1968

La route se transforme en patinoire

Ce lundi-là, il est un peu mois de 7h00 quand je quitte le domicile de mes parents à La Touche, au volant de ma dauphine immatriculée 738 LF 35, pour me rendre à mon travail à Rennes. Les conditions climatiques sont mauvaises mais ça ne m’affole pas plus que ça. Je parcoure seulement un kilomètre et demi lorsque, en amorçant le virage dit « de la Croix à Perrin », je me rends compte que la route est transformée en patinoire. Quand j’arrive sur le pont enjambant le ruisseau des Bruyères, je ne suis plus maître de ma voiture. L’arrière se déporte et elle s’enfile dans la descente accédant à la prairie du Père Chevrel. Fort heureusement, la barrière est ouverte. Rendu en contrebas, je mesure la chance qui est la mienne. Je réalise aussi que si le dérapage avait eu lieu quelques mètres plus tôt, j'aurai fini ma course dans le ravin profond de presque trois mètres.

Ce qui vient de m’arriver devrait me servir de leçon mais ce n’est pas le cas. Au lieu de rebrousser chemin et de regagner la maison de mes parents, je poursuis ma route. Je mets beaucoup plus de temps que d’ordinaire pour atteindre l'usine Langlois qui m'emploie mais j’y parviens.

[Joseph Aulnette]

JA49 (35235)

Vers 1968

Le club de foot est désormais équipé de vestiaires

Sur le terrain de La Perrière, les premiers vestiaires sont aménagés dans un baraquement en bois ayant servi à loger des familles pendant plusieurs décennies dans le quartier des Hautes-Chalais, près du boulevard Clémenceau à Rennes.

Il n'y a pas de douche mais il s'agit malgré tout d'une belle avancée.

[Robert Aulnette (73 ans) le 13 juin 2023]

RA50 (35076)

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C'est Bernard Chapon (marchand de graines et de produits du sol) qui est allé chercher le baraquement en bois à Rennes avec son camion.

[Jean-Claude Lunel (73 ans) le 30 juin 2023]

JCL49  (35030)

Mardi 28 janvier 1969 

Un gardien peu crédible

Robert Aulnette rentre du Centre de sélection de Guingamp où il vient de faire ses trois jours de préparation militaire. Il arrive à pied depuis la gare chez Bernard et Danièle, son frère et sa belle-sœur, habitant dans le même immeuble que nous, au 29 rue du Puits Jacob à Rennes, et il espère y passer la nuit.

Peu après 22h00, il est à la porte et pour ne pas réveiller les voisins que nous sommes, il n’entre pas dans le couloir que nous avons en commun. Il préfère frapper à la fenêtre de la chambre de Bernard et Danièle mais ces derniers sont partis avec Hervé (le petit dernier qui n'a que deux mois et demi) passer la soirée chez des amis, Louis et Odyle Tranquart. Frédéric, leur fils aîné, âgé de quatorze mois, dort dans leur chambre. Joseph, frère de Bernard et de Robert, pionce dans la cuisine juste à côté et la porte est entrouverte. C’est lui qui est censé assurer la garde de Frédéric, seulement il a le sommeil profond. Robert frappe si fort que Joseph vient enfin à son secours mais, bien que debout, il dort toujours... Il entrouvre la fenêtre et la referme aussitôt. Robert comprend qu’il va lui ouvrir la porte d’entrée alors qu’il retourne se coucher. Il attend désespérément dehors puis il cogne une dernière fois à la fenêtre mais il n’obtient plus aucun signe de vie.

Agacé, Robert décide de rentrer en stop à La Bosse. Un routier alcoolisé le prend en charge dans son camion et l’emmène à Bain-de-Bretagne. Ensuite il doit faire sept kilomètres à pied, dans une nuit noire, pour regagner enfin la maison de ses parents, à La Touche…

Quand Bernard et Danièle reviennent chez eux, Joseph ouvre un œil et dit : « Je crois que Robert vient de passer… » et il replonge dans son sommeil. Bernard monte dans sa Citroën 2 CV et il va jusqu’au Pigeon-Blanc. Ne trouvant pas son frère, il abdique.

[Constant et Marie-Claude Morel (85 et 76 ans), Jules Chevrier (91 ans) – le 19 février 2019] 

CM34 (35238) - MCM42 (35238) - JC28 (35281)

Février 1969

La pierre de La Charaie est réutilisée

Pour la construction de ma maison à L’Hermitage, pas moins de 45 m3 de pierre viennent d'être triés lors de la démolition d’une ancienne bâtisse appartenant à Aristide et Léocadie Prunault (1), à La Basse-Charaie en La Bosse, à côté de là où habitaient Calixte et Aurélie Marsollier jusqu'en 1956. C'est avec un camion appartenant à Paul Chambragne, patron d’une entreprise de maçonnerie basée au Chatelier en Pléchâtel que la pierre est transportée.

François Guiheux (mon cousin du Briant) et Bernard Guérault (mon beau-frère de La Haute-Bosse) viennent m’aider à creuser le sous-sol. Nous sommes en Février 1969 et la neige tombe. Bernard fait le trajet depuis La Bosse avec son tracteur « Renault » attelé sur une mini-pelle.

 [Romain Prunault (85 ans) le 23 novembre 2019]

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(1) aucun lien de parenté avec Romain

Lundi 3 mars à vendredi 11 avril 1969

La statue de Jeanne d'Arc en guise de quille

Le lundi 3 mars 1969, je pars faire mon service et je prends le train pour la première fois. Sur le quai de la gare de Rennes, je rencontre Jean-Claude Colinet de La Hautais en Tresbœuf. Lui aussi, il est appelé à l'activité. Nous montons dans le même wagon et, assis l'un à côté de l'autre, nous faisons un bout du trajet ensemble. Au Mans, il continue sur Paris et moi je m'en vais à Orléans.

À tous les troufions de ma chambrée, dès le premier matin après le petit-déjeuner, des gradés font faire des exercices absurdes. Nous n'avons pas encore repéré les lieux que nous partons déjà avec la tenue de sortie. Quatre à quatre, nous descendons les deux étages nous conduisant au rez-de-chaussée et nous nous positionnons dans la cour, en colonne par trois et par rang de taille. Nous imaginons que le programme des jours à venir va nous être présenté, et bien non. Nous recevons l’ordre de remonter et cette fois nous enfilons la tenue de combat puis nous redescendons les escaliers en sautant trois marches à la fois. Nous sommes conduits au pas cadencé dans une clairière où nous rampons à plat ventre pendant plus d'une heure sous des fils barbelés, dans de l’eau glaciale et terreuse. Nos treillis sont trempés et nous rentrons gelés. L’après-midi, nous refaisons des manœuvres quasiment identiques et aussi stupides. 

Il y a un mois que je suis en formation à la base aérienne 123 d'Orléans-Bricy et je n'ai pas reçu le moindre vaccin TABDT (Typhoïde A et B, Diphtérie, Tétanos), alors que tous les gars de mon contingent ont déjà eu les trois injections obligatoires, décalées chacune d'une semaine. La raison : un surdosage d'albumine dans les urines à l'âge de 14 et 15 ans. Pendant de nombreux mois, j'ai été au régime sans sel. Je mangeais du pain doux mais, comme il était pétri sous la forme d'un cake, j'avais l'impression que c'était du gâteau.

Désormais, l'albumine c'est du passé. À présent, je suis cloîtré dans une caserne et ça ne me passionne pas vraiment, d'autant que nous sommes dimanche et que j'ai 20 ans aujourd'hui. En début d'après-midi, je me rends au mess. Pour marquer le coup, j'offre un pot à tous ceux qui sont au bar et, en trinquant avec eux, je me rends compte que j'en connais seulement quelques-uns.

Quatre semaines après mon incorporation, on ne sait plus quoi faire de moi. Je suis venu au service militaire, armé d'un certificat médical établi par le docteur Rialland (médecin de famille) et, à ce jour, aucun infirmier ne s'est hasardé à me faire une piqûre.

Le mardi 1er avril (ce n'est pas un poisson), on m'envoie à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris. Arrivé à la gare d'Austerlitz, je prends le métro (1ère fois là aussi) pour me rendre à Port-Royal. De-là, pour me mettre dans l'ambiance, ma valise à la main, c'est à pied que je parcoure quelques centaines de mètres avant de franchi la porte du célèbre hôpital du plus vieil arrondissement parisien. Pour moi qui ne suis pas malade et qui n'est jamais venu à la capitale, c'est la belle aubaine. Je n'ai pas de traitement particulier si ce n'est que je dois prendre ma température chaque jour à 10h00 et à 16h00. Ça va bien une journée mais je ne suis pas parisien de passage pour rester cloué au lit. Dès le 2ème jour, j'aspire à plus de liberté. Après tout, je ne risque pas grand-chose. Pour la température à 16h00, je demande à mon voisin (moins bien portant que moi) de tracer une courbe identique à celle d'un patient qui n'a pas de fièvre sur ma fiche de clinique accrochée en bas de mon plumard et ce, trois jours durant

Mercredi 2 avril à 10h00, aussitôt après avoir remis le thermomètre dans son étui, je pars faire du tourisme comme si j'avais quartier libre alors que ce n'est pas le cas. Je vais d'abord rendre visite à André et Marguerite Marsolier (cousins) à leur domicile rue Pernety, dans le 14ème. Le reste de la journée, je me balade dans la capitale qui fait rêver des gens du monde entier.

Jeudi 3, je décide d'aller voir Bernard et Henriette Marsolier (cousins eux aussi, Bernard étant le frère d'André). Je sais qu'ils tiennent un café-tabac-PMU rue des Pyrénées mais je n'ai ni leur numéro de téléphone ni le numéro de la rue. Je sais seulement qu'elle mesure 3 km 500 (la 2ème plus longue de Paris après le rue Vaugirard). Je descends à la station de métro Nation puis je m'engage dans cette artère qui est la leur en me renseignant à chaque café-tabac-PMU, jusqu'à ce que j'arrive chez eux au n° 395, au café-tabac de la Poste. Je suis à l'extrémité la rue et à seulement à 50 mètres du métro Belleville. J'ai marché beaucoup alors que j'aurai pu ne faire que quelques pas. En entrant, j'aperçois Henriette derrière son bar. Je m'assoie discrètement à une table puis, lorsqu'elle vient me servir, elle dit : « Vous ne seriez pas un gars Aulnette de La Touche en La Bosse ? » et nous engageons la conversation mais Henriette a beaucoup de travail. Bernard descend de l'appartement et la causette se poursuit, tantôt avec lui, tantôt avec elle. Ils m'invitent à déjeuner avec eux et proposent de m'emmener voir le film "Le Cerveau" ensuite. Ce film est sorti le 7 mars dernier. Il s'agit d'une production de Gérard Oury avec comme acteurs principaux, Bourvil et Belmondo. Je passe un après-midi sensationnel.

Vendredi 4, au Val-de-Grâce, le médecin-colonel passe me voir vers 9h30 comme chaque matin puis, en cette veille du week-end de Pâques, il ne me trouve toujours rien d'anormal. S'absentant jusqu'à mardi, il dit à son assistant en me regardant : « Celui-là, je ne veux pas le revoir» Je suis bien content ma foi car dans trois jours c'est le lundi de Pâques et je suis invité au repas du baptême de Blandine Tessier (ma nièce), la fille de Rémy et de Madeleine (ma sœur). Maintenant, je suis sûr de pouvoir y participer. Après avoir festoyé avec ma famille, le mardi 8 avril je rejoins la base 123 de Bricy sans savoir que ma première permission sera la dernière. En effet, le mercredi 9, je suis réformé définitif n°2 par le Conseil de réforme d'Orléans. Le lendemain, je suis renvoyé dans mes foyers à La Touche en La Bosse.

Avant de quitter l'armée de l'air sans être jamais monté dans un avion, je file dans un magasin de souvenirs puis, en guise de quille, je m'offre une statue en bronze d'une valeur de 16.00 francs. Elle représente Jeanne d'Arc, assise sur son cheval ici à Orléans, le jour où elle entra dans la ville en marquant un tournant dans la guerre de "Cent Ans". Elle avait 17 ans et c'était le 29 avril 1429, seulement 520 ans avant le jour de ma naissance.

Le vendredi 11 avril 1969, me voilà rayé des contrôles de la base aérienne 123 et, les jours suivants, pour garder quelques traces de mon séjour éclair à Orléans-Bricy, j'écris une scénette intitulée :

Deux appelés font de la résistance

Comme tous les gars de mon contingent, je suis parqué dans le casernement lorsque commence ma formation militaire. Nous devons obéir aux ordres de l'adjudant mais deux jeunes recrues refusent catégoriquement de se soumettre. Il s’agit de Raphaël et d’Arthur.

  • L’adjudant : « Tout le monde en rang ! »

Les soldats s’exécutent, excepté Artur et Raphaël

  • L’adjudant : « J’ai dit tout le monde en rang ! ». Voyant que ces deux fortes têtes ne bougent pas, il s’adresse à Arthur : « Où habitez-vous ? »
  • Arthur : « Nulle part »
  • L’adjudant fixe son regard sur Raphaël et dit : « Et vous ? »
  • Raphaël : « En face de chez lui »
  • L’adjudant revient vers Arthur : « Que faîtes-vous dans le civil ? »
  • Arthur : « Rien »
  • L’adjudant s’adresse à nouveau à Raphaël et redit : « Et vous ? »
  • Raphaël : « Je lui donne un coup de main »

L’adjudant constate qu’il n’est pas le maître de ces deux individus. Afin de rester crédible vis-à-vis de la bonne vingtaine de trouffions que nous sommes à appliquer les règles, il essaye de trouver une solution alternative en s'adressant une nouvelle fois à eux : « Puisque vous refusez de vous soumettre à la discipline qui vous est imposée par le corps d’armée (en l'occurrence l'armée de l'air), je vous demande de vous rendre à l’atelier d'ébénisterie. Vous allez me récupérer une armoire qui vient d’être restaurée et l’emmener dans mon bureau » 

Sans rechigner cette fois, Arthur et Raphaël acceptent. Cinq minutes s’écoulent et Arthur sort de l’atelier avec l’armoire sur le dos.

  • L’adjudant : « Il est où votre collègue ? »
  • Arthur : « Il est à l’intérieur, il porte les étagères »

L'armoire traverse la cour de la caserne puis elle est déposée délicatement dans le bureau de l’adjudant.

Au fil du temps et aussi drôle que cela puisse paraître, les deux compères que sont Raphaël et Arthur deviennent mes meilleurs copains. À tel point que, libéré après quarante jours de bons et loyaux services, avant que je ne rentre chez mes parents, nous convenons de déjeuner ensemble au café-restaurant situé face à l’entrée (la sortie pour moi) de la caserne.

Nous nous installons à une petite table au fond de la salle de restauration et nous prenons le menu à dix francs, boisson comprise. À la fin du repas, le serveur nous apporte la note et nous la réglons en espèces. Lorsque l'argent arrive au comptoir du patron, ce dernier se renseigne : « De quelle table s’agit-il ? » « La 49, celle qui est tout au fond à gauche » dit le serveur. Très conciliant, le maître des lieux déclare : « Ah, c'est là table où se trouve celui qui est réformé. Ils sont souvent venus prendre un verre tous les trois et ils sont sympas, reportez-leur donc cinq francs ». En traversant l'auberge une fois de plus, le serveur met discrètement deux francs dans sa poche et redonne un franc à chacun de nous. Conclusion : Notre repas nous a coûté neuf francs au lieu de dix (soit vingt-sept francs les trois) et le serveur a raflé deux francs.

27 + 2 = 29. La question est simple : « Où est passé le franc manquant ? »

.....

Au début de l'année 2015, moi qui n'ai jamais été un vrai soldat, je deviens Citoyen de la Paix. J'adhère à l'association rannéenne des CPG (Combattants et Prisonniers de Guerre) à laquelle mon père était adhérent et à celle des CATM (Combattants d'Algérie, de Tunisie et du Maroc) à laquelle mon frère aîné est adhérent.

.....

En mars 2019, la veille de mes 70 ans, étant en villégiature dans la région orléanaise avec Denise (mon épouse), je lui propose de faire un petit détour afin de redécouvrir la base aérienne où je séjournais il y a 50 ans. Elle me prend en photo devant l'entrée lorsque le bidasse de garde s'approche de nous en disant : « C'est interdit de vous faire photographier ici. » Et moi de riposter : « C'est dans cette caserne que j'ai fait mon service militaire. » Puis j'ajoute : « Et je ne vous reconnais pas ! » – Il m'interroge : « Ça fait combien de temps ? » – Je réponds : « Un demi-siècle précisément. » – Et, d'un air plus ou moins confus, il clôt le débat en disant : « J'ai 28 ans. »

[Joseph Aulnette  le 18 janvier 2022]

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Le jour où Joseph est venu nous voir à Paris, ça tombait bien car mes parents (François et Marinette Vigouroux) étaient là. L'après-midi nous avons pu nous libérer. Nous avons emprunté le métro jusqu'à l'arrêt Opéra, boulevard des Capucines. Ensuite, nous avons marché jusqu'à la salle de cinéma "le Berlitz", boulevard des Italiens, dans le 2ème arrondissement.

[Henriette Vigouroux (77 ans)  le 18 janvier 2022]

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Samedi 14 juin 1969

Trois Aulnette de La Bosse aux vingt-quatre heures du Mans

Le samedi 14 juin 1969 en fin de matinée, avec ma dauphine, je vais chercher Jean-Claude et Jean-Yves Aulnette (mes cousins) à Rennes. Je prends Jean-Claude devant l’IUT du campus de Beaulieu, rue du Clos Courtel et Jean-Yves à la Fac de Sciences, avenue du Professeur Léon Bernard. Bien que n’étant pas étudiant, je vais déjeuner avec eux dans un restaurant universitaire situé rue Dupont des Loges. Pour passer au self, je me place en deuxième position de façon à ne pas me faire repérer. Le repas terminé, nous prenons la route en direction du Mans et nous sommes bien à l'heure pour assister au départ des 37èmes vingt-quatre heures.

Nous sommes tantôt à regarder la course, tantôt à déambuler sur l'immense espace réservé à la fête foraine et nous essayons d’en voir le maximum en nous déplaçant dans chacun des points stratégiques du circuit. Jean-Claude et Jean-Yves dorment quelques heures à la belle étoile. Quant à moi, je passe une nuit à blanc. 

Le dimanche à 16h00, la course s'achève. Nous assistons à l’agitation du drapeau à damier noir et blanc signalant l’arrivée des vainqueurs : Jacky Ickx et son coéquipier Jackie Olivier, sur Ford GT40 puis il ne nous reste plus qu'à reprendre le chemin du retour.

[Joseph Aulnette (72 ans) – le 5 février 2022]

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Avant de prendre la direction du Mans, nous avons déjeuné rue Dupont des Loges, le meilleur RU de Rennes. Ce midi-là, pour la première fois, on nous a servi des langoustines en entrée. N'ayant pas acheté nos billets à l'avance, nous les avons pris en route, dans un point de vente de l'Automobile Club de l'Ouest et nous les avons eu à demi-tarif tout en ayant accès à la tribune située face au stand principal.

[Jean-Claude Aulnette (73 ans)  – le 5 février 2022]

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Eté 1969

Une journée sur l'île de Jersey

Un groupe de personnes de La Bosse, complété de quelques autres du Sel, se rend en voiture à l'aéroport de Pleurtuit. De-là, il prend l'avion et atterrit sur l'île de Jersey. Il s'agit du premier vol et d’un baptême de l'air pour la quasi-totalité des participants.

C'était l'année de mes 20 ans et j'étais l'organisateur de ce voyage mais, pour une raison qui me sort de l'esprit, je n'ai pas pu y participer.

[Joseph Aulnette – début 2018]

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L'abbé Jean Genouel, curé du Sel, faisait partie du voyage. Il était sorti de son presbytère en chaussons et il traversait un nuage au-dessus de la Manche lorsqu'il s'en était aperçu.

[Robert Lunel (86 ans) – début 2018]

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Moi aussi j'ai participé à cette excursion d'une valeur de cent francs par personne et comprenant :

  • le billet d'avion
  • le repas au restaurant le midi (du vieux mouton)
  •  un tour de l'île en autocar

En arrivant à Jersey, Henri Piton avait converti trop de francs en livre sterling si bien qu'à la fin de la journée, pour se débarrasser du surplus, il nous avait tous emmenés dans un pub en disant : « Je vous offre la tournée générale ! » Au moment où le barman lui rendait la monnaie, il avait l'impression d'en récupérer davantage.

Pour le trajet La Bosse – Dinard (aller et retour), je faisais partie de ceux qui étaient en voiture avec mon frère René. À l'époque il avait une Simca 1000. Ce fut un voyage magnifique !

[Robert Aulnette (71 ans) – le 9 janvier 2022]

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1969 ~

René Lemoine ferre son dernier cheval

René Lemoine, maréchal-ferrant bien connu des habitants de La Bosse, ferre le cheval de Calixte Marsollier (du Briant). Lamy, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est l'un des derniers sinon le dernier à être ferré à la forge de René.

Jacques Papail filme la scène sur laquelle figurent Calixte (le propriétaire du cheval), René Lemoine et ses deux fils : André (≈ 17 ans) et Serge (≈ 12 ans).

Jeudi 1er janvier 1970

Gustave Chapon (45 ans) et son épouse Marie-Thérèse (41 ans), cessent leur activité "bar-épicerie" au bourg de La Bosse.

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Du début février 1970 au 31 juillet 2007

Trente-deux ans et demi dans la même entreprise

Nous sommes au tout début de l'année 1970. Reprendre la ferme de mes parents pourrait peut-être m’intéresser mais mon père ne m’encourage pas. Il aurait plutôt tendance à me déconseiller. Après un temps de réflexion, comme beaucoup de jeunes nés en milieu rural, je fais le choix d'aller travailler à l’extérieur. Les parents prennent leur retraite à la Saint-Michel de cette même année et, en accord avec eux, je pars dès le début du mois de février car, cette fois, nous n'avons pas de terre à préparer pour les semis de printemps. C'est Roger Guiheux (notre plus proche voisin) qui reprend les 32 hectares pour agrandir son exploitation. C'est donc lui qui va assurer la préparation des sols pour les cultures à venir.

Je me fais embaucher comme cariste à l'usine Citroën de la Janais à Chartres-de-Bretagne et je suis en équipe (une quinzaine du matin, une quinzaine d’après-midi et ainsi de suite), ce qui me permet d’alterner et de continuer à donner un coup de main à la ferme jusqu'à la Saint-Michel.

La fin septembre 1970 arrive, Papa et Maman font valoir leurs droits à la retraite. C'est alors que je quitte l’usine, le travail en équipe n'étant pas vraiment mon truc. Je fais un stage d'observation de quelques jours avec un contrôleur laitier, un gars de Thourie. Il est bien sympa mais son gagne-pain ne m'attire pas plus que ça. Je ne suis là qu'à titre expérimental. De cette formation, je me souviendrais quand-même d'avoir dit à ma mère en sortant de ma sacoche la balance que j'utilise pour réaliser des contrôles : « Si un jour, tu as un lapin à peser, tu n'as qu'à me faire signe ! » 

Je préfère tenter une nouvelle expérience en me faisant embaucher dans un entrepôt de l'enseigne Duquesne-Purina, à Sainte-Colombe. Avec un petit camion, je livre des sacs d'alimentation animale dans les fermes environnantes puis le marché de La Guerche chaque mardi. Bien qu'ayant l'avantage de ne pas avoir de patron sur le dos, je ne persiste pas. C'est ainsi qu'un mois après être arrivé ici, je suis recruté aux Transports Orain à Messac. Cette fois, je suis face à un véritable changement de vie mais, hélas, pas dans le sens que je voudrais. Je roule énormément, les jours de repos sont rares et le matériel n'est pas entretenu. Peu après avoir été embauché, on m'envoie livrer dans Paris, moi qui n'ai jamais roulé dans la capitale. Je pars avant le lever du jour puis, arrivé à hauteur de Saint-Arnoult, deux motards de la police nationale me doublent et m'arrêtent. L'un d'eux me dit : « Ça fait plus d'un kilomètre que nous vous suivons et vous n'avez pas cessé de rouler sur la voie centrale ». Avec la fatigue, je ne m'en suis même pas rendu compte. On me dresse un procès assorti d'une amende de trente francs que je règle en espèces sur le champ, sans obtenir d'accusé de réception en retour. En reprenant ma route, je me demande si cet argent qui vient de sortir de mon porte-monnaie va vraiment servir à renflouer les caisses de l'Etat ou si, au contraire, il ne va pas alimenter la tirelire des deux agents qui viennent de m'alpaguer. Deux heures passent et je suis au cœur de Paris, une des villes les plus réputées au monde.

Je dois me faufiler dans des rues très étroites en évitant d'accrocher les voitures en stationnement dont certaines sont mal garées. Après une journée de dingue durant laquelle j'ai à peine eu le temps de manger, je vais recharger à Beauvais. Le lendemain au retour, pour éviter le trafic parisien que je trouve stressant, je prends la deuxième couronne et je file direction Nantes pour vider mon camion. La marchandise que je dépose est attendue depuis un bon moment si bien que je me fais engueuler en arrivant. Comme si j'avais besoin de ça. Lorsque je suis de retour à l'entrepôt de Messac, je suis usé.

Et ce n'est pas tout. Fin octobre, un matin aux alentours de 5h00, je pars avec un chargement pour Bordeaux. Soudain, à la sortie de l'agglomération nantaise, le système de freinage de mon véhicule se bloque. J'évite le fossé de justesse. L'anomalie technique est sérieuse mais, tant bien que mal, je continue en roulant doucement et j'assure la livraison de mon client bordelais. J'ai un bon de transport pour ramener le la marchandise et je dois me rendre dans un bureau de fret mais je refuse d'aller mettre mon camion à quai. Trouvant que c'est trop risqué, de ma propre initiative je décide de rentrer à Messac à vide et, ne voulant plus jouer avec la sécurité, je demande mon compte.

Le lundi 2 novembre 1970, je me pointe au bureau des TIV situé cours des Alliés, dans l'enceinte de la gare routière de Rennes. Ma candidature est retenue et je suis affecté sur une ligne transportant du personnel Citroën en partance de Bonnemain, à 90 km de La Bosse, ce qui m'oblige à louer une chambre sur place. Le poste me convient, toutefois, je cherche à me rapprocher. En discutant avec un collègue, conducteur aux transports de Saint-Hénis, j'apprends que Gérard Chevrel, un gars de Saulnières titulaire de la ligne de Rannée, est muté sur un autre service. Ni une ni deux, je me rends rue Dupont des Loges et je demande à rencontrer le patron. Quelques minutes plus tard, j'ai son accord.

Dès les premiers jours de janvier 1971, j'assure la ligne C01 partant de Rannée et je retourne prendre pension chez mes parents à La Touche. L'été 1972 arrivant, je suis atteint de symptômes m'occasionnant des vertiges répétitifs durant quelques minutes au minimum et parfois beaucoup plus. Ça me donne des nausées et j'ai envie de vomir. Le seul remède prescrit par le docteur Hervé Rialland (l'homme à la pipe), notre médecin de famille connu et reconnu dans toute la contrée, consiste à ne plus conduire la nuit. Véhiculant du personnel employé en 2/8, je roule forcément de nuit comme de jour. Mon métier devient incompatible avec ce que m'ordonne le médecin. Son remède ne me convient pas mais, comme il en existe soi-disant aucun autre, je suis contraint à résilier mon contrat le 30 septembre 1972.

En octobre 1972, je n'assure plus la ligne C01, je réintègre l'usine de la Janais dans laquelle j'ai déjà travaillé de février à septembre 1970. Cette fois je ne suis plus cariste mais je conduis un camion en dehors de l'établissement tout en restant dans les parages. Onze mois se sont écoulés lorsqu'une place se libère aux Transports Prost, rue Claude Bernard à Cleunay. Mes problèmes de vertiges étant résolus, je peux m'éloigner davantage. Je postule et le lundi 17 juin 1974 j'intègre la société. Là encore, je fais le choix de ne pas m'éterniser. Au printemps 1975, deux nouvelles offres d’embauche se présente à moi. La STAR (Service de Transport de l’Agglomération Rennaise) et la CAR (Coopérative Agricole Rennaise). De peur de m’ennuyer en conduisant toujours en ville et ne voulant pas avoir trois coupures dans la journée, je choisi la CAR. C'est depuis une cabine téléphonique, dans un café à Nantes, que je négocie mon recrutement. Je ne vais plus transporter des êtres humains, je ne vais plus transporter de la messagerie, je vais transporter des produits laitiers.

Je reste fidèle à la CAR qui au fil du temps devient CORALIS. Je collecte du lait dans les fermes pendant trente-deux ans et demi sans jamais connaitre le moindre jour de chômage. Je ne quitte la coopérative que le 31 juillet 2007, le jour où j'atteins l’âge de la retraite.

[René Aulnette (74 ans) questionné par téléphone, dans son jardin à La Touche – le 12 janvier 2022]

RA47 (35139)

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Ma première rencontre avec René remonte au samedi 1er mai 1971, une date à laquelle, chaque année, la fête du travail est célébrée. René était conducteur d'autocar aux Transports de Saint-Hénis. Quinze mois après nous nous sommes mariés et il y était toujours. Deux ans plus tard, il avait changé trois fois de patron et il prospectait pour en trouver un quatrième. Considérant qu'il était atteint du syndrome de la bougeotte et le sachant passionné par tout ce qui touche le milieu rural, j'avais interrogé Bernard Létendard (un beau-frère) en lui demandant si la coopérative agricole rennaise (la CAR) où il travaillait n'était pas en manque de recrutement. Bernard s'était renseigné et on lui avait répondu que René pouvait se présenter quand il voulait. Il y était allé dès le lendemain et sa candidature avait été retenue.

Quand il conduisait un camion chez Prost, il partait souvent plusieurs jours en déplacement et, jeunes mariés, nous ne supportions pas de vivre séparés. Une après-midi, me trouvant seule dans la maison que nous possédions rue de l'Armor à Chartres-de-Bretagne, je suis allée chez mes parents à Bout-de-Lande pour qu'ils me remontent le moral. Papa (Auguste) n'était pas là mais Maman (Mélanie) préparait de la terre dans son jardin. Je lui avais annoncé que René était parti pour trois jours et que j'avais beaucoup de mal à accepter. Elle m'avait répondu par une phrase que je n'oublierai jamais : « Monique, pense un instant à tes beaux-parents. Théophile (ton beau-père) a passé presque six années de sa vie à la guerre. Pendant tout ce temps, Anna (ta belle-mère) a vécu seule avec deux enfants en bas âge et elle n'était pas sûre de le revoir un jour. René (leur fils, ton mari) est parti pour trois jours mais lui, tu sais qu'il va revenir ! »

Près d'un demi-siècle plus tard, j'y pense toujours et je suis fière d'avoir fait la démarche pour que René entre à la CAR. Je suis satisfaite aussi qu'il ait enfin trouvé l'emploi qui lui convenait. Pendant plus de trois décennies, en faisant ses tournées de collecte de lait, il a côtoyé le monde paysan et ça lui a toujours plu.

[Monique Aulnette, née Jamet (71 ans), épouse de René – le 14 janvier 2022]

MA50 (35139)

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C'est moi qui ai remplacé René début octobre 1972 sur la ligne Citroën partant de Rannée. Auparavant, j'étais conducteur aux Transports Perrin à Coësmes et j'emmenais régulièrement des gens en villégiature. Etant seulement à quelques mois de la date de mon mariage, j'avais profité de l'opportunité pour avoir un emploi sédentaire, bien que faire un service régulier ne m'intéressait pas vraiment.

Si René ne m'avait pas cédé son poste, je ne serais probablement jamais devenu Rannéen. Presque 50 années se sont écoulées depuis et, Rannéen, je le suis toujours !

[Joseph Aulnette (72 ans), frère de René – le 15 janvier 2022]

JA49 (35235)

Printemps 1970

Le commerçant est sollicité n'importe où et n'importe quand

Un dimanche, en début d'après-midi, je me rends dans une prairie appartenant à Alphonse Reuzeau, non loin de La Touche, pour pêcher la carpe en rivière. Je m'installe sur mon bateau à rames d’à peine trois mètres de long, amarré dans le Semnon pour la durée de la période estivale. Mes lignes sont montées avec des hameçons forgés au carré et du fil nylon très solide (du 40/100ème). Pour être certain de ne pas rentrer bredouille ce soir, je suis venu appâter neuf jours durant.

Le nez de ma barque effleure la berge et j’ai le dos tourné lorsque, soudain, j’entends des pas sur les lattes en bois. Je me détourne et je constate que je ne suis pas seul. Bertrand Jouaux de Rochereuil est près de moi. Eméché, il vient de manger toutes les fèves cuites (appât naturel) que j'avais en réserve dans un seau. Bien que nous sommes dimanche, il vient déranger non seulement le pêcheur mais aussi le mécanicien agricole que je suis avec l'intention de faire du commerce. C'est le début de la période d'ensemencement des céréales de printemps et il me supplie de lui trouver un semoir à treize bottes dans les plus brefs délais. Il me tient le crachoir jusqu’à ce que je lui dise que je vais faire le maximum puis il s’en va.

J'avais prévu passer l'après-midi au calme et à l'ombre et j'ai évité de faire du bruit afin de ne pas perturber la mutation des poissons. Avec tout le chambardement qui vient de se produire, pêcher la carpe est devenu impossible. Je n’ai plus qu'à plier mes gaules et à rentrer chez moi avec une filoche vide.

Pêcheur le dimanche mais commerçant le lundi, dès la première heure je me mets en quatre pour apporter une solution acceptable par mon client. Je contacte un concessionnaire en matériel agricole à Châteaubriant. Ce dernier m’annonce qu’il a deux semoirs sulky en dépôt, compatibles avec ce que je recherche. Je lui demande de m'en réserver un et je vais chercher en fin de matinée avec la Peugeot 202 camionnette que j'avais racheté à mon prédécesseur, Théophile Gaigeot. À 14h00, je livre le semoir à Rochereuil. En soirée, j’apprends qu’avant de venir faire de la résistance sur mon bateau, Bertrand avait parié avec des copains qu’il aurait réussi à acquérir un semoir à treize bottes dans un temps record. Il a bel et bien gagné son pari !

[Louis Cormerais (87 ans) – le 24 février 2022]

LC34 (35012)

Lundi 29 juin 1970

Le Tour de France passe à la Bosse

L'étape Angers > Rennes, d'une distance de 140 kilomètres, transite par La Bosse vers 16h00. Les coureurs viennent de passer Thourie, Lalleu, La Richardais, La Pile en Ercé-en-Lamée et ils prennent la direction du Sel-de-Bretagne, Chanteloup...

  • Le vainqueur de cette 3ème étape va être Marino Basso
  • Le vainqueur de ce 57ème Tour de France sera Eddy Merckx et ce sera sa 2ème victoire.

Lundi 29 juin 1970 (le tour de France, sur la départementale 82, au carrefour de La Touche et Pouchard) : 1 Joël Latouche, 2 Ginette Rébillard, 3 Alain Chapon, 4 xxxx, 5 xxxx, 6 xxxx, 7 xxxx, 8 xxxx, 9 xxxx, 10 xxxx, 11 xxxx, 12 xxxx, 13 xxxx, 14 xxxx, 15 xxxx, 16 xxxx, 17 xxxx, 18 xxxx, 19 xxxx, 20 xxxx, 21 xxxx, 22 xxxx, 23 xxxx, 24 xxxx, 25 xxxx, 26 xxxx, 27 xxxx, 28 xxxx, 29 xxxx,  30 xxxx, 31 xxxx, 32 xxxx, 33 xxxx, 34 xxxx, 35 xxxx, 36 xxxx, 37 xxxx.

1 Joël Latouche, 2 Ginette Rébillard, 3 Alain Chapon, 4 xxxx, 5 xxxx, 6 xxxx, 7 xxxx, 8 xxxx, 9 xxxx, 10 xxxx, 11 xxxx, 12 xxxx, 13 xxxx, 14 xxxx, 15 xxxx, 16 xxxx, 17 xxxx, 18 xxxx, 19 xxxx, 20 xxxx, 21 xxxx, 22 xxxx, 23 xxxx, 24 xxxx, 25 xxxx, 26 xxxx, 27 xxxx, 28 xxxx, 29 xxxx,  30 xxxx, 31 xxxx, 32 xxxx, 33 xxxx, 34 xxxx.

Mardi 4 août 1970

Trente ans après mon père, je pars en Allemagne

Appelé sous les drapeaux, le 4 août 1970 je me rends dans une caserne à Angers pour me faire couper les cheveux et récupérer mon paquetage. Le soir même, je prends le train et je pars direction l’Allemagne. Je fais une partie du trajet avec Michel Dauphin, un gars des Epiniaux en Pancé avec lequel j’ai fait une partie de ma scolarité à l’école du Sel, dans la classe de l’abbé Emile Veillard.

Le 5 août, je suis incorporé dans le 3ème régiment d’infanterie à Radolfzell, petite ville située au bord du lac de Constance (Konstanz). En arrivant, j'ai droit à une nouvelle coupe de cheveux et seulement quelques jours plus tard, je suis chez le coiffeur pour la 3ème fois mais cette fois je ressors avec la boule à zéro.

Peu de temps après mon arrivée à la caserne, je fais connaissance d’Alain Guyot. En discutant, il trouve que j’ai un accent identique à celui du secteur où il habite. Il m'interroge : « De quelle région viens-tu ? » Je réponds : « de Bretagne ». Il poursuit : « plus précisément ». J’ajoute : « de La Bosse ». Et il me fait : « je suis des Noës-Eon en Janzé ». Très vite, nous devenons des vrais copains et durant quatre mois nous logeons dans la même piaule. Le mercredi 28 juillet 1971, nous avons tous deux la quille !

Après plus de 50 années, nos liens d'amitié sont restés intacts.

[Robert Aulnette (71 ans) – le 9 janvier 2022]

RA50 (35076)

Mardi 29 septembre 1970

Encore une ferme en moins à La Bosse

Théophile et Anna Aulnette cessent d’exploiter leur ferme (32 ha) à La Touche le 29 septembre 1970 (jour de la Saint-Michel). Ils font valoir leurs droits à la retraite.

Les terres sont reprises par Roger et Michèle Guiheux.

JA49 (35235)

1970 

 

"V’la core tout ça qu’est cheû"

 

Pour moi, au début des années 70, « Maria du bureau » (1) est l’un des nombreux personnages de La Bosse qui ont, sans que je n’en aie conscience, marqué une enfance peuplée du vécu, tantôt nostalgique, tantôt difficile aussi, de ma grand-mère Suzanne à La Bosse. Elle m’a beaucoup raconté de ses treize années « bossues » comme elle disait. Fille de la ville, elle y découvrait au début des années 1930, un tout autre monde… Si Bain, où elle débute en 1930, est une petite ville rurale bien différente de Rennes, La Bosse et Ercé où vivent ses beaux-parents, sont des endroits improbables et Suzanne a souvent du mal à en comprendre le parler… et elle s’en moque aussi parfois ! Sa mission est d’apprendre à ses élèves à « bien parler » et donc à bannir ce patois dont elle ne saisit pas toujours tout mais qu’elle manie finalement aussi.

Plusieurs décennies plus tard, elle continue à en reproduire les expressions et moi petite, alors qu’elle m’apprend avec rigueur à parler correctement, elle m’inculque des expressions directement arrivées de La Bosse. Souvent, je ne sais pas bien si je parle français, patois, gallo... Mais dans les années 80, le gallo devient follement « tendance » !

Suzanne est très vive et rapide, ce qui la rend aussi très maladroite et chez elle toute la vaisselle est ébréchée. Elle fait tout tomber et à chaque chute d’objet, elle s’exclame invariablement non pas « Maria remettra ça » mais « V’la core tout ça qu’est cheû ». Et c’est là, maintenant, que je me rends compte que « Maria du bureau » a toujours entièrement fait partie de mon patrimoine oral.

 

[Rédigé par Armelle Louise (52 ans) – le 26 mars 2020]

AL67 (75115)

(1) = Maria Perrudin, tenancière du bureau de tabac, au 1 rue de la Bascule.

 

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Vendredi 16 juillet 1971

L’abbé Amand Bitaud nous a quittés

Le 16 juillet 1971 à 13h00, un autocar stationne devant les marches de l’église de La Bosse. Cinquante-cinq personnes montent à bord et se rendent à Plancoët pour assister aux obsèques de l’abbé Bitaud.

JA49 (35235)

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L'abbé Bitauld était mon oncle. Il m'a fait l'école quand j'étais au collège Saint-Martin à Rennes, ainsi qu'à Camille Aulnette. En 1958, il est parti enseigner au Lycée Sainte-Marie à Caen et il m'a proposé de le suivre. J'ai accepté ses conseils et j'ai bien fait car il m'a trouvé un poste de surveillant des élèves de 7ème et la rémunération payait mes études en maths élémentaires et mon hébergement à l'internat.

[Fernand Amouriaux (84 ans) – le 16 décembre 2022]

FA38 (35238)

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Mercredi 28 juillet 1971

Robert et moi, nous rentrons de l’armée ensemble

Après une année de service militaire (durée légale), je suis libéré le mercredi 28 juillet 1971. Tôt le matin, je quitte ma caserne à Tübingen en Allemagne et je prends le train. Lorsque je descends à la gare de Strasbourg, avant de prendre la ligne à destination de Paris, je rencontre Robert Aulnette qui, lui aussi, vient d’être libéré. Bizarrement, nous avons tous deux étés incorporés le mardi 4 août 1970 et nous étions déjà dans le même train. Nous nous étions rencontrés quelques jours avant d’être mobilisés car nous avions appris que nos affectations étaient proches. Il était muté au 3ème régiment d'infanterie à Radolfzell et j’entrais au corps du 5ème régiment de Dragons à Tübingen. Nous avons passé l'année sans jamais nous croiser bien qu'étant basés à seulement une centaine de kilomètres l’un de l’autre.

Nous rentrons chez nous en voyageant assis côte à côte et Robert (auquel je trouve un air de ressemblance avec le chanteur Marcel Hamon) me dit : « Mon frère Joseph va venir me chercher à la gare de Rennes. Si tu veux, tu vas pouvoir rentrer avec nous ». Bien entendu, j’adhère à la proposition.

Lorsque nous pénétrons dans le hall de la gare, Joseph est là, il nous attend. Nous prenons place dans sa Peugeot 204 puis, un peu plus d'une demi-heure après, il dépose son frère chez ses parents, à La Touche en La Bosse. Ces derniers m’invitent à prendre un verre et, Robert et moi, nous leur retraçons quelques épisodes de notre passé militaire. Ensuite Joseph m’emmène à Pussac, mon village natal situé sur la commune de Tresbœuf. Mes parents sont couchés. Ils se lèvent et, là encore, nous arrosons la quille et causons pendant un bon moment.

[Louis Léveil (71 ans) – le 7 janvier 2022]

LL50 (35082)

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Je suis désolé mais je n’ai vraiment aucun souvenir de Louis Léveil, encore moins d’avoir voyagé avec lui en rentrant de l'armée. J'ai interrogé Alain Guyot de Janzé, avec qui j'avais des liens d'amitié à la caserne, à Radolfzell. Nous sommes rentrés par le même train mais le nom de Louis Léveil ne lui dit rien non plus.

Je sais seulement que j’étais complétement usé lorsque je suis arrivé à La Touche, sans doute par avoir trop arrosé la quille les jours précédant ma libération. Je dois dire aussi que, comme de nombreux militaires rentrant d'Allemagne, j'ai fait la fête dans le train. Ceci-dit, concernant Louis, je suis dans le flou total.

Je ne me souviens même pas d'être revenu de la gare de Rennes en voiture avec Joseph. Une seule image me reste de ce soir-là. Yvon Desbois est passé me voir au moment où je m'apprêtais à aller au lit.

[Robert Aulnette (71 ans) – le 9 janvier 2022]

RA50 (35076)

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Jeudi 2 septembre 1971

Spectacle son et lumière au château du Lude

Il est 8h00, un autocar de 60 places (49 sièges et 11 strapontins) se rempli sur la place de l'église de La Bosse. Lorsque le conducteur s’apprête à démarrer, il s’aperçoit que 61 personnes sont à bord. Germain Aulnette retourne chez lui puis il revient avec un tabouret (1) qui va être utilisé par les plus jeunes, à tour de rôle.

Et c’est parti pour la journée, avec au programme : un arrêt au marché de Château-Gontier, une pause pour le pique-nique, une visite de la poterie de Malicorne-sur-Sarthe et du zoo de La Flèche.

À 19h00, les touristes d’un jour dînent au restaurant "La Biche", au Lude. À 20h30 ils s’installent sur les gradins du château pour assister au spectacle son et lumière. Le retour à La Bosse n’a lieu qu’à 2h30 le lendemain.

(1) Si le tabouret est encore autorisé pour voyager en autocar en 1971, personne n’imagine que les strapontins seront interdits à partir de 2008.

[Joseph Aulnette]

JA49 (35235)

Un soir d’hiver 1971

Gérard et Robert découvrent un clochard au fond de l’autocar

Quand je suis en équipe d’après-midi, après avoir soupé et jusqu’à l’heure de la sortie Citroën à La Janais (23h20), souvent, trois collègues conducteurs et moi-même, nous agrémentons la soirée en jouant aux cartes dans un café, à l’angle de la rue de l'Alma et de la rue Paul Féval, côté prison des femmes. Comme il n’y a pas de place pour garer nos autocars, nous les stationnons sur le champ de Mars puis nous marchons environ 500 mètres et nous parvenons au troquet. Pendant deux bonnes heures nous tapons la belote puis, ensuite, nous reprenons nos cars et partons direction l’usine.

Un soir d’hiver, je suis à peine garé sur le parking Citroën que les premiers clients arrivent. Deux minutes plus tard, Gérard et Robert Gommelet (de Retiers) m’interpellent. En avançant au fond du car, ils ont découvert un clochard allongé sur la banquette arrière. Je l’ai amené depuis le champ de Mars jusqu’ici sans m’en apercevoir et sans qu’il ne donne signe de vie. Nous le réveillons. Abasourdi, il sort du bus avec son baluchon sans dire le moindre mot et disparaît dans les ténèbres.

Il est vrai que moi comme mes collègues, nous ne fermons jamais notre car à clé. La nuit s’annonçant froide, ce vagabond a remarqué que mon autobus était accessible et il est tout simplement entré à l’intérieur pour se mettre à l’abri. Sans doute un peu éméché, il a dormi comme un loir.

[René Aulnette (74 ans) – le 13 janvier 2022]

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Nuit de Noël et de la Saint Sylvestre 1971                                                                                                                                                                                     * *

Ce Noël est à l'origine de notre mariage

Le vendredi 24 décembre 1971, je suis en congé. Le soir, des copains de La Bosse et moi-même, nous décrétons d’aller fêter la nuit de Noël au dancing Le Kerland, à Saint-Thurial. Nous prenons place dans l'habitacle de ma Peugeot 204 et, après avoir parcouru une quarantaine de kilomètres, nous sommes sur la piste de danse.

Très vite, nous analysons que l’ambiance ne nous convient pas. Pire encore, nous nous ennuyons. Face à ce constat regrettable, vers 23h00, nous décidons de déguerpir. Etant conducteur aux Transports Perrin à Coësmes, je sais qu’il y a un bal à la salle des fêtes de cette bourgade. Je propose à mes coéquipiers de les y emmener malgré une double contrainte. Nous allons devoir faire encore cinquante-cinq kilomètres et payer une deuxième entrée.

Arrivés à Coësmes, nous entrons dans la salle aux environs de minuit. Aussitôt, nous ressentons une chaleur humaine. C’est en dansant ici même que, très tôt en ce matin de Noël (vers 1h15), je fais connaissance de Denise, celle avec qui je partagerais ma vie. Faire connaissance ne veut pas dire se connaitre, nous apprendrons avec le temps.

L'orchestre cesse de jouer à 2h00, la danse se termine et la piste se vide. Nous devons quitter les lieux. Denise a tout juste eu le temps de me dire qu’elle habite Chelun et qu’elle n’avait pas prévu sortir en cette nuit de Noël. Elle me dit aussi qu'Annette Racineux (copine et voisine) a beaucoup insisté pour qu'elle l'accompagne et qu'elle s’est laissée convaincre. Merci Annette !

Avant de nous séparer, nous prenons quand-même le temps de fixer un prochain rendez-vous. Dès le lendemain, le dimanche 26 décembre à 14h00, nous nous retrouvons devant la mairie de Martigné-Ferchaud. C’est son frère aîné Joseph qui l'amène et, là encore, elle accompagnée de sa copine. Le soir, je reconduis Denise à La Lardais, son village natal, mais nous nous fréquentons depuis si peu que je ne rentre pas au domicile de ses parents. Je la dépose au pignon de la maison et nous convenons de nous rencontrer à nouveau le soir de La Saint-Sylvestre.

Le lundi matin, je reprends mon métier de conducteur et je pars pour la semaine. Cette fois, ce n'est pas avec un autocar mais avec un camion. Je livre dans l'Indre, dans le Cher, dans la Nièvre, dans le Doubs et je pense souvent à ma belle. De retour dès le jeudi soir, j'entre dans le bureau de la mère Perrin (ma patronne) et elle règle mes frais de déplacement. Elle me remet une lettre adressée à mon nom en disant : « Vous n'auriez pas une petite amie ? » Préférant rester discret, je réponds par un sourire et je m'éclipse sans oublier ce pli précieux qui vient de m'être remis. Je prévois l’ouvrir lorsque j'arriverai chez mes parents, à La Touche en La Bosse.

Brûlant d’impatience, je fais une halte au bout de la route des Doués, sur la commune de La Couyère et j’ouvre l’enveloppe. Dans son courrier, Denise me confirme le rendez-vous fixé pour demain soir. C’est ainsi que, la nuit du 31 décembre 1971 au 1er janvier 1972, nuit de la Saint-Sylvestre, nous réveillonnons ensemble à Melesse !

J'ai l'impression que c'était hier et pourtant 50 années se sont écoulées !

[Joseph Aulnette (72 ans) – le 9 janvier 2022]

JA49 (35235)

Jeudi 10 août 1972

Découverte de l’île de Bréhat

Il est 6h15 lorsque 57 personnes de La Bosse prennent place dans l’autocar qui les emmène en excursion pour la journée. Après une courte pause avant Broons, les passagers descendent visiter le port de Binic, surnommé le grain de beauté des Côtes-du-Nord. Un petit détour vers la Pointe de Minard avant d’atteindre Paimpol et, à midi, l’autocar stationne à la Pointe de l’Arcouest où chacun est invité à sortir son pique-nique. À 13h30, le groupe embarque sur la vedette qui le conduit à l’entrée de l’île de Bréhat où chaque visiteur dispose de trois petites heures pour se balader à son rythme.

À 16h30, les Bosséens reprennent la vedette et effectuent le tour de cette île bretonne à la végétation luxuriante et aux fameux rochers roses avant de rejoindre la Pointe de l’Arcouest et de reprendre l’autocar. Un petit arrêt à la sortie de Lamballe et un dernier à l’entrée de Rennes puis, à 22h30, les touristes sont de retour.

[Joseph Aulnette]

JA49 (35235)

 

Jeudi 10 août 1972 (à la Pointe de Minard) : 1 xxxx, 2 Elise Aulnette, 3 Madeleine Tessier, 4 Léontine Massicot, 5 Ferdinand Massicot, 6 xxxx, 7 Joseph Rouiller, 8 Daniel Jolivel, 9 Arsène Jolivel, 10 xxxx, 11 xxxx, 12 Annette Deroche, 13 Elise Guibert, 14 Maryvonne Aulnette, 15 Ginette Rébillard, 16 Denise Georget, 17 xxxx, 18 xxxx, 19 xxxx, 20 xxxx, 21 Germaine Duclos, 22 Hervé Rouiller, 23 Bernard Hugues, 24 Théophile Aulnette, 25 Gérard Rébillard.

Jeudi 10 août 1972 (Tour de l'île de Bréhat en vedette) : 1 Bernard Hugues, 2 xxxx 3 xxxx, 4 xxxx, 5 xxxx, 6 xxxx, 7 Reine Maleuvre, 8 xxxx, 9 xxxx, 10 xxxx, 11 Rémy Tessier, 12 xxxx, 13 xxxx, 14 Danielle Aulnette, 15 Théophile Aulnette, 16 Bernard Aulnette, 17 Alphonse Chevrel, 18 Ferdinand Massicot, 19 Mélanie Jamet, 20 Léontine Massicot, 21 Auguste Jamet, 22 Daniel Jolivel, 23 Joseph Rouiller, 24 Bernard Guiheux.

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Mercredi 26 décembre 1973

Théophile et Anna Aulnette quittent le village de La Touche et s’en vont habiter au bourg de La Bosse.

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1974-1978

La saison des foins, je ne la raterai pour rien au monde

Je n’ai que 14 ans lorsque papa me laisse conduire le tracteur pour la première fois. Pour récolter les foins, nous pratiquons l’entraide avec Robert Lunel et Germain Aulnette. Nous appelons ça « la souhaite ». Germain, c’est mon pote ! Il ne possède pas de tracteur et il ne veut pas conduire le Someca de papa. Ça m'arrange car c'est moi qui ramène les plateaux de foins de ses champs et de ceux de papa : les Ballues, les Binardières, les Fontenelles… Germain est assis sur le siège fixé sur l’aile droite du tracteur. Il me guide dans les chemins cahoteux et c'est lui qui gère les ornières. Je n'ai qu'à suivre ses conseils.

Germain, c'est aussi le spécialiste quand il s'agit de faire les charretées. Je l’aide à placer les bottes avec un crochet. La saison des foins, je ne la raterai pour rien au monde.

[Françoise Ramonet, née Morel (60 ans) – le 8 octobre 2020]

FR60 (83137)

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Françoise est venue nous aider à ramasser le foin pendant plusieurs années et elle était là aussi pour la moisson. Elle était volontaire et rigolote.

[Robert Lunel (89 ans) – le 25 novembre 2020]

RL31 (35030)

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Vers 1974 

Le taureau est en furie

Joseph Deshoux (artisan charron à La Perrière) est à la pêche au bord du Semnon, dans la prée d'Alphonse Reuzeau située entre La Touche et Rochereuil et dans laquelle un troupeau de vaches et un taureau sont en pâture. Sa mobylette est à l'ombre sous un arbre.

Tout-à-coup, le taureau se met en furie et il galope après Joseph qui ne réussit à s'en libérer que lorsqu'il arrive à la barrière de la prée. Quelques minutes plus tard, ce dernier encore apeuré se réfugie chez mes parents.

Désarçonné, le taureau se venge sur la mobylette de Joseph.

[Robert Aulnette (73 ans)  le 13 juin 2023]

RA50 (35076)

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1975

Je conduis une voiture dès l'âge de 15 ans

J’apprends à conduire une voiture dès l’âge de 15 ans. Les voisins disent que je suis un garçon manqué. C’est Robert Lunel (du bourg) qui me donne les premières leçons. Au volant de sa Simca 1100 grise, je ne roule pas sur la route mais dans "les Grands-prés", une prairie située en bordure de la route d’Ercé-en-Lamée, à droite en montant la côte des Bâtes.

[Françoise Ramonet, née Morel (60 ans) – le 8 octobre 2020]

FR60 (83137)

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Vendredi 14 novembre 1975

M. Deroche, un maire disponible pour ses administrés

Je prépare un dossier pour me présenter à un concours de la fonction publique et je dois fournir les copies de mes diplômes, certifiées conformes. Je prends mon vélo et je pédale jusqu'au bourg de La Bosse afin de rencontrer Jean-Marie Deroche, le maire. Il n’est pas de permanence, je me rends donc à son domicile.

Lorsque j’arrive dans la cour de sa ferme, je le trouve au volant de son tracteur attelé d'une remorque et il s’apprête à partir. Je m’adresse à un homme extrêmement agréable et disponible. Dès que je lui annonce ce dont j’ai besoin, il me dit : « Laisse ton vélo ici et suis-moi ! » Nous marchons seulement cent cinquante mètres et nous sommes à la mairie. Jean-Marie s’installe à son bureau, signe les justificatifs qui me sont demandés et enfin, après un coup de tampon encreur pré-personnalisé avec la mention "certifié conforme à l’original" sur chacun des documents, le tour est joué. Nous rentrons tous les deux à son exploitation puis, après l'avoir remercié, je remonte sur mon vélo et je rentre chez mes parents à La Charaie, satisfaite de ma démarche.

[Christiane Héry (66 ans) – le 28 janvier 2022]

CH55 (92073)

1976

Création du Club "les Heures Joyeuses" à l'initiative de l’abbé André Bruel. Jean Aulnette est le premier président.

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Juin- juillet 1976

Savez-vous planter les choux à la mode à la mode...

Nous sommes en juin 1976 et, ma sœur Odile et moi-même, nous aidons nos parents à planter des choux dans les Binardières. Nous faisons des poignées de 25 puis des paquets de 500 et nous en plantons 40 000. Nous vivons une période de sécheresse hors du commun si bien qu’ils crèvent tous.

Papa et maman ne se voyant pas passer l’hiver sans avoir de choux à donner à manger à leurs vaches, nous prenons notre courage à deux mains et en juillet nous en replantons 40 000.

Pour Odile comme pour moi, il s’agit d’un des faits les plus marquants de l'année. Il y aussi le mariage de notre cousine Monique Morel avec Jean-Yves Jolivel. Au repas, la chaleur est tellement étouffante que je ne mange presque rien.

[Françoise Ramonet, née Morel (60 ans) – le 5 octobre 2020]

FR60 (83137)

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Dimanche 20 novembre 1977

Camille Lunel (40 ans) décède accidentellement au pont de Blossac en Bruz, ainsi qu'Alain Ribault (32 ans, restaurateur à La Rabine en Bruz).

[Joseph Aulnette – janvier 2022]

JA49 (35235)

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Camille était avec Alain Ribault et un salarié de l'usine Citroën de La Janais à Chartres-de-Bretagne, lequel vendait sa voiture. Ce dimanche soir-là, ils étaient tous les trois partis l'essayer.

[Jean Bitauld (82 ans) – le 9 février 2022]

JB40 (35066)

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1979 (le nouveau coq pose avec les Conseillers municipaux avant de grimper sur la pointe du clocher) : 1 Jean-Marie Leclère, 2 Théophile Aulnette, 3 Arsène Nourisson, 4 Jean-Marie Deroche, 5 Claude Savouré, 6 Henri Fontaine, 7 Bernard Dumast, 8 François Guiheux, 9 Bernard Guiheux, 10 Robert Lunel.

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Samedi 8 et dimanche 9 septembre 1979

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Jeudi 19 février 1981

L’abbé Joseph Louazel, qui fût curé de la paroisse de La Bosse d’avril 1949 à septembre 1968, décède à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu à Rennes à l'âge de 70 ans.

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1981  à la saison de la chasse

La chasse, c'est d'abord une partie de plaisir

Nous chassons dans les landes du Cleray, dans la partie réservée au futur terrain de moto-cross. Dans l’équipe il y a André Jambois, Rémy Tessier, René Lemoine, Claude Ricoul (gérant de la brasserie "L’Armanda" à La Fleuriais), Lucien Lemonnier (figure emblématique du cyclisme national et international dont le nom sera donné au vélodrome de Châteaubriant en 2008), et moi-même.

En ce tout début d'après-midi, en furetant, je sors un lapin d’une garenne avec une ronce. D’un commun accord, nous décidons de lui redonner sa chance. Je le lâche et, deux à trois secondes plus tard, André, Rémy, René, Claude et Lucien appuient sur la gâchette en même temps. Le lapin s’éloigne en zigzagant sans qu'aucune des cinq cartouches ne l’atteigne. Il est vrai que nous avons bien vécu ce midi.

Quelques semaines passent et nous revenons dans les landes du Cleray. Au bout d'un certain temps, nous constatons que Lucien Lemonnier n’est plus parmi nous. Nous le cherchons un bon moment avant de le trouver, couché dans les ajoncs, avec un chien de chaque côté à lui lécher les joues. Nous lui laissons le temps de cuver son vin puis nous le réveillons.

À la tombée de la nuit, nous montons jusqu'au village du Cleray pour tirer des étourneaux qui, chaque soir, arrivent sur les landes par milliers. Ils passent la nuit dans les arbres, à l’ouest de la maison d’Aristide Hervochon.

[Louis Cormerais (87 ans) – le 4 février 2022]  

LC34 (35012)

1982-1993

L'achat de notre maison a été très particulier

En effet, en 1974, mon mari Jean-Yves Bazin est allé à l'enterrement d'un oncle dans le secteur de Fougères. Né à Combourg, Jean-Yves connait Pouchard en La Bosse où, jeune, l’été, il allait garder les vaches de Mme Drouin. Aussi lorsqu'il demande à son oncle Théophile : « sais-tu s'il y a des maisons à vendre du côté de Pouchard ». Celui-ci lui répond : « il y en a deux au bourg ».

Le jour même ils partent pour La Bosse. La première maison se situe entre deux autres, l'une à Mr et Mme Francis et Marie Morel et l'autre à Mr et Mme Arsène et Germaine Hurel. Les clés sont chez Marie Morel et elle leur ouvre la porte.

Cette maison appartenait à Marie Massicot. Jean-Yves à la lueur d'une lampe torche voit un escalier et une cheminée. Il dit à son oncle : « Elle me plait, demain nous irons chez le notaire ».

Lorsqu'il rentre à Bonneuil (94) où nous habitons, il m'annonce qu'il a une surprise pour moi. Quelle surprise ! Je suis heureuse et abasourdie. La Bosse, petit bourg de 380 habitants, une maison collée à deux autres. Enfin, nous allons la voir à Pâques.

Nous y avons passé de belles vacances et appris à connaître les gens. L'année 1982 est le début de notre venue définitive à La Bosse.

Jusqu'ici nous prenions les vacances, petites ou grandes, pour venir nous ressourcer à La Bosse. Mais cette maison secondaire nous manquait quand de retour à Bonneuil dans notre HLM nous avions beaucoup de mal à rester enfermés n'ayant ni balcon, ni jardin.

Aussi, en août 1982, mon mari ouvre le journal chaque jour pour essayer de trouver du travail. Il est fraiseur-tourneur. La fin du mois arrive et toujours rien. Nous faisons donc, en désespoir de cause, nos valises. Prêts à partir, Marie-Thérèse Desbois qui tient la quincaillerie à La Bosse arrive avec le journal et dit à mon mari : « J'ai vu quelque chose, regarde ». Une place de fraiseur est proposée à St Julien de Vouvantes. Il décide d'aller voir. Nous restons, mes beaux-parents et mes fils à l'attendre. A son retour il est joyeux, il est embauché. Nous défaisons nos valises avec joie.

C'est ainsi qu'une nouvelle vie va commencer. Dans le mois de septembre nous allons chercher la machine à laver et le congélateur, deux choses indispensables avant de faire le déménagement. C'est Baptiste Perrudin qui nous prête son camion pour monter à Bonneuil. Pour moi qui n’aie pas de voiture, le travail sera plus difficile à trouver.

Marie Morel possède une mobylette et elle me la propose car en 1983 je trouve un remplacement de congés maternité de 3 mois, à Bain, chez un architecte, Mr Tribodet.

N'ayant jamais eu de jardin aussi grand, j'entreprends de commencer un potager. Pépère, Jean Aulnette, qui habite à côté de chez sa fille Marie Morel, me donne des conseils.

Entre-temps, je suis toujours à la recherche de travail, Marie me signale que le boulanger du Sel de Bretagne cherche quelqu'un et qu'elle lui a parlé de moi. Je me présente donc à la boulangerie. Charles Guillois et sa femme m'acceptent pour remplir les rayons de l'épicerie et faire du ménage dans l'appartement. Puis un jour, ils me demandent si j'aimerai faire les tournées de pain à la place du patron à qui cela prend beaucoup de temps et de fatigue.

Et c'est ainsi que pendant huit ans je fais "la porteuse de pain" du mardi au dimanche, le matin de 9h à 12h. Ce n'est pas énorme mais j'adore le contact avec les fermiers, les dépôts de pain. J'ai quatre tournées différentes. J'apporte du pain bien sûr mais aussi des courses. Pour les vacances je tiens une ouverture à la boulangerie pour du pain uniquement, livré par Ercé en Lamé. C'est du plaisir.

En 1985, Jean Aulnette me demande si j'aimerai aider les personnes âgées pour leur faire du ménage. Bien sûr quelques heures de plus cela ne me fait pas peur. Aussi lorsque le CCAS se crée à La Bosse, ma candidature est proposée. Je suis prise. Entre-temps nous avons acheté une 2ème voiture.

Les premiers bénéficiaires sont Ferdinand et Léontine Massicot, de la Mouchère. Ce ne sont que 2h de ménage au début mais je suis acceptée par ces gens. A la mort de Ferdinand, j'arrête mon travail à la demande des enfants.

Les demandes d'aide sont timides mais il faut du temps pour que les personnes acceptent de l'aide extérieure.

Ma prochaine visite est un enchantement auprès de cette personne. Elise Guibert (née Aulnette) de la Touche m'accueille avec le sourire et une bonne humeur communicative. Chez elle, nos discussions sont riches. Elle me parle bien sûr de son jeune temps, m'apprend à faire les confitures de fraises et me permet d'apporter mon tricot vu que sa maison n'est qu'une grande pièce, le travail malgré tout est vite fait. Nos promenades dans le jardin les jours de soleil, nos rires et une amitié sincère nous rapprochent. Je connais également sa fille Yvette et son gendre Francis. Un jour, ne pouvant plus rester seule à son domicile, elle est accueillie chez sa fille.  Quelques temps plus tard elle s'en va à l'hôpital de Bain. Je vais lui rendre visite pour le souvenir de nos bavardages. Tante Elise, comme nous l'appelons tous, est une personne bonne avec un caractère souple mais ferme, la vie ne l'ayant pas épargnée.

Au Briant je rencontre Marie Guiheux qui habite à côté de sa fille, Thérèse Fralin. Je fais du ménage dans les 2 pièces et quand le temps le permet, nous allons nous promener. Les discussions sont toujours enrichissantes, connaître la vie des gens avant et pendant la guerre de 1940 c'est intéressant. Les personnes âgées aiment raconter leur vie.

Ensuite je vais chez Maria Rébillard, surtout le midi pour qu'elle puisse manger vu que sa mémoire lui fait défaut. C’est difficile, premier contact avec la maladie d'Alzheimer.

Chez Henri et Marie Lunel de la Haute-Bosse, mon travail consiste à faire le ménage, la soupe. Une fois, Henri me demande de l'emmener faire des courses à Tresbœuf. Après avoir mis les commissions dans la voiture, il veut m'offrir un café à l’épicerie. Nous passons un bon moment à parler et à rire. Un jour, le couple doit partir en maison de retraite. Marie est prête mais pas Henri. Je le vois pleurer. Ça me fait mal. Très difficile d'obliger quelqu'un à abandonner la maison de toute une vie. Je vais les voir à la maison de retraite mais je ne le fais qu'une fois. Henri est content de me voir mais il est malheureux quand il me parle de la Haute-Bosse.

Chez Aurélie Marsollier, à la Perrière, c’est pénible car il n'y a qu'une seule pièce. Elle est d'un caractère dur et elle ne sourit pas. Pourtant, nous fêtons ses 95 ans et faisons une photo, entourés de quelques personnes de La Bosse (voir photo ci-dessous).

Chez Isabelle Lunel, mère de François, du bourg, je suis employée pour le soir, préparation du repas. Je fais des crèmes, de la soupe. C’est ma dernière personne parce qu'après 1993, je pars de La Bosse pour des raisons personnelles.

Un souvenir de joie, de rires.

Nous nous réunissions dans la "Prée" de la Touche, au bord du Semnon, sur un terrain appartenant à Rémi Aulnette d'Ercé où il mettait un poney. Les enfants ont pu en profiter.

En août, René Lemoine nous préparait la tête de veau dans la prée. Il amenait tout le matériel, le bois, les tables et commençait sa cuisson dans la matinée. Ensuite nous arrivions, nous les Bazin, les Aulnette : Rémy et Thérèse, Yvonne Lemoine (femme de René), Rémy et Madeleine Tessier, Louis et Christiane Cormerais.

Une bonne tablée. Les hommes pêchaient et comme les poissons étaient à la sieste, les palets prenaient le relai. Les enfants jouaient au foot et les femmes faisaient des tricots, crochets et bavardages. Ces belles journées étaient une fabuleuse aventure et je pense que tous ceux qui sont encore en vie s'en souviennent.

[Texte écrit par Annic Bazin (67 ans) – le 6 mars 2019]

AB52 (35012)

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Un dimanche, en jouant dans la prée avec d'autres enfants, Bruno Bazin est tombé dans le Semnon. Les adultes présents ne savaient pas nager mais ils ont quand-même réussi à le sortir de l'eau !

[Rémy Tessier (88 ans) – le 8 mars 2019]  

RT30 (35030)

Lundi 23 mai 1983

Un accident malheureux

Un conducteur d'une entreprise de matériel agricole ensile de l’herbe dans un champ situé à proximité du bourg de La Bosse. Trois ou quatre agriculteurs pratiquant l'entraide s'activent dans la parcelle dont Francis Morel (47 ans). Soudain, Francis remarque que la machine n'absorbe plus le fourrage. Energique et réactif, il accourt et tente de débourrer l'ensileuse alors que le moteur tourne toujours.

Il vient tout juste de commencer à retirer des bouchons d’herbe des rouleaux dont la rotation n’est pas interrompue lorsque, sous les yeux de ses camarades, il se fait happer le bras gauche (il est gaucher). Il est immédiatement conduit en ambulance au CHU. Après un long séjour en chirurgie, il est transféré au centre de rééducation de Kerpape, sur la commune de Ploemeur dans le Morbihan où il reste en convalescence durant plusieurs semaines.

De retour à son domicile et malgré son sérieux handicap, Francis reprend progressivement son train-train quotidien et il continue à exploiter sa ferme.

[Bernard (83 ans) et Joseph (72 ans) Aulnette – le 26 janvier 2022]

BA38 (36066) JA49 (35235)

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1983

La Bosse-de-Bretagne organise son premier moto-cross

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Dimanche 7 septembre 1986

La Touche, Pouchard et Sourg appartiennent à La Bosse depuis 100 ans

Dimanche 7 septembre 1986, environ 400 personnes se rassemblent pour fêter les 100 ans d’appartenance de La Touche, Pouchard et Sourg à la commune de La Bosse-de-Bretagne. C’est dans la prée à Rémi et Thérèse Aulnette, située en bordure du Semnon à La Touche, qu’à lieu la manifestation débutant par une messe.

Ensuite, les participants pique-niquent sur place et, tout au long de l’après-midi, certains témoignent sur ce qu’ils ont vécu dans un de ces trois villages. Ce qui n’empêche pas à d’autres de jouer à la belote, aux palets…

C’est le 8 septembre 1886 que ces lieux-dits ont cessé d’appartenir à la commune du Sel. A l’époque, le village de La Touche était appelé La Touche-Lodé.

[Joseph Aulnette]

JA49 (35235)

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Mardi 15 mai 1990

Inauguration du nouveau terrain de football et des vestiaires à La Perrière le mardi 15 mai 1990.

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Dimanche 30 septembre 1990

Rémy Tessier fait valoir ses droits à la retraite

Après avoir vu disparaître l’épicier, le boucher, le bourrelier, le cerclier, le charcutier, le charpentier, le charron, le coiffeur, le cordonnier, le forgeron, le maraîcher, le maréchal-ferrant, le mécanicien, le menuisier, le meunier, le quincailler, le sabotier, le tonnelier, La Bosse perd son artisan maçon.

[Joseph Aulnette]

JA49 (35235)

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Vendredi 12 novembre 1993

Henri et Gisèle Fontaine quitte leur corps de ferme de La Haute-Bosse et se retirent au lieudit "Les Logeries", en périphérie du bourg de La Bosse.

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Mardi 11 septembre 2001

Une date qui restera dans les mémoires

Deux avions sont projetés sur les tours jumelles du World Trade Center à Manhattan (New York) et un troisième sur le Pentagone (Washington).

Bien que localisé loin de La Bosse, cet événement vous a déstabilisé(e).

[Joseph Aulnette – le samedi 11 septembre 2021]

JA49 (35235)

Un dimanche d'été 2002  

Nos vêtements sont imprégnés de sauce vinaigrette

Un dimanche d'été à midi, Christiane (mon épouse) et moi-même, nous mangeons une tête de veau à l'ancienne avec la bande de copains dans la prée à Rémi et Thérèse Aulnette, à La Touche. Sont présents parmi nous : Rémy et Madeleine Tessier, René et Yvonne Lemoine, Bernard et Alice Pichard, Bernard et Yvette Boucaud, François et Odette Ménard.

Nous sommes tous assis autour d'une table de camping pliante sous les bouleaux en bordure du Semnon et, comme d’habitude, l’ambiance est au rendez-vous. Christiane et moi, nous avons les fesses posées un siège, le dos à la rivière, lorsque tout à coup nous partons à la renverse. Nous sommes retenus par un grillage à moutons, ce qui nous évite de tomber dans la rivière. Il n’empêche qu’après cet incident qui fait rire toute l'équipe, nous devons rentrer chez nous, à La Fontaine en Bain, pour changer de tenue. La tête de veau a valsé elle aussi avec le saladier de vinaigrette et nos vêtements sont imprégnés de sauce.

Les copains et copines n’ont reçu aucune éclaboussure mais, nous voir dans un tel état les amusent beaucoup. Après un long moment d'hilarité générale, nous apprenons que si nous avons chaviré, c’est parce que René Lemoine n’a pas mis la sécurité de fixation des sièges. Cela ne l’empêche pas d’être enthousiaste au même titre que les autres. Pour combler le préjudice que nous avons subi, ils se cotisent et, bien que nous ne voulions pas, ils règlent nos deux parts.

Nous savons déjà que la pirouette dont nous venons de faire l'objet sera souvent ramenée sur le tapis au cours de nos prochaines rencontres.

[Louis Cormerais (87 ans) et son épouse Christiane (82 ans) – le 4 février 2022]

LC34 et CC39 (35012)

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Fin décembre 2006

Ouest France : Le moulin du Cléray, appartenant à Claude Hervochon, a retrouvé son toit le lundi 18 décembre 2006.

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L'Eclaireur : Nicolas, le jeune des fils de Claude, est photographié près du coq avant que ce dernier ne soit posé sur le faitage du moulin.

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Août 2013

Paul Yerlès-Aulnette (neuf ans) restaure un barrage sur le Semnon à La Touche, près de la parcelle dénommée "La Vallée". Ce barrage, disparu en partie depuis longtemps avait été construit vers 1920 par Théophile, son arrière-grand-père paternel.

[Robert Aulnette (73 ans) - le 14 décembre 2023]

RA50 (35076)
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Eté 2015

Un enfant du Cléray

À son retour aux sources « au Cleray » au cours de l'été 2015 et après treize années vécues en Polynésie puis sept en Nouvelle-Calédonie, l'enfant du Pays écrit un poème :

De retour en vacances
Dans ce petit coin de France
Combien j'ai douce souvenance
Des années de mon enfance
Au pays de ma naissance

C’est au cœur d’un pays perdu
Et pourtant comme il m’a bien plu
Je revois ses prairies herbues
Le bas des landes et ses feuillus

Les grenouilles et les crapauds
Le long des berges du ruisseau
Le vent qui courbe les roseaux
Où venaient boire les troupeaux

Les jours de pêche aux anguilles
Dans le petit étang tranquille
Le vol des libellules agiles
Restent pour moi indélébiles

[Claude Hervochon – été 2015]

CH41 (44184)

Le moulin à vent du Cléray restauré à l'identique. [CH41]

2018 

Au Sporting Bar, 1 rue du Semnon, Aline et Marc succèdent à Eliane et Robert.

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Samedi 15 décembre 2018

250 ans de mariage… qui dit mieux ?

Bernard, 2ème d’une fratrie de cinq enfants « Aulnette » nés à La Touche en La Bosse-de-Bretagne, a cumulé les années, les mois, les semaines et les jours écoulés depuis la date de mariage de chacun d'entre eux, à savoir : Madeleine avec Rémy le 22 octobre 1959 ; Bernard avec Danièle le 16 août 1966 ; René avec Monique le 29 juillet 1972 ; Robert avec Françoise le 19 août 1972 ; Joseph avec Denise le 17 février 1973.

Bernard a fait un calcul savant dont le résultat permet d’affirmer qu’aujourd’hui, samedi 15 décembre 2018, les cinq couples réunis totalisent exactement 250 années de mariage. Si nous retrouvons tous les dix (cinq couples) autour d’une même table ce midi au Château des Pères à Piré-sur-Seiche (1), c’est encore à son initiative !

(1) Piré-sur-Seiche deviendra Piré-Chancé au 1er janvier prochain.

[Joseph Aulnette – le 15 décembre 2018]

JA49 (35235)

12h30 : Ils viennent de se mettre à table !

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Peu avant de partir à l'armée (fin 1958 ou début 1959), je suis venu à bicyclette ici, chez les Pères de Piré, passer une journée avec un groupe de jeunes su canton du Sel dont Edmond Rabu de La Bertière en Tresbœuf. Cette sortie était organisée par l'abbé Crocq, vicaire à Tresbœuf.

[Bernard Aulnette (84 ans)  le 24 août 2022]

BA38 (35066)

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Je me souviens très bien de ce jour où, avec Bernard, je suis allé à vélo au château des Pères. Nous étions nombreux mais je n'ai aucun autre nom en mémoire. Ce qui m'avait marqué c'est que parmi les sympathisants de la J.A.C que nous étions, il y avait un gars de Visseiche. Il était venu avec le tracteur (jaune) de ses parents et, à tour de rôle, nous nous étions installés au volant. À cette époque, les tracteurs étaient peu répandus.

J'allais souvent à La Bosse, soit chez Germaine Gautier (ma marraine) au bourg, ou encore Germain Rouiller (mon oncle) à Pouchard. Aimée Perrin (son épouse) était la sœur de Marie (ma mère).

J'ai souvenir aussi d'avoir dansé avec Madeleine (sœur de Bernard) lors d'une fête locale organisée à La Bosse.

[Edmond Rabu (85 ans) – le 26 août 2022]

ER37 (35220)

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Du mardi 17 mars au dimanche 10 mai 2020                                                                * *

Cinquante-cinq jours de confinement

Longtemps après l'arrivée de la peste, de la lèpre, de la dysenterie, du choléra, de la tuberculose, ou encore de la grippe, le coronavirus fait des ravages sur la planète. Les premiers cas se seraient déclarés en Chine au cours du dernier trimestre 2019 et les premiers symptômes seraient apparus en France en janvier 2020.

Durant cinquante-cinq jours (du 17 mars au 10 mai inclus), comme l’ensemble des Français, les habitants de La Bosse sont confinés à leur domicile. Chacun devant remplir une attestation de déplacement dérogatoire pour sortir de chez lui. Le règlement est strict. À titre d'exemple, même si les cheveux continuent de pousser pendant la période confinée, prendre un rendez-vous chez son coiffeur n'est pas possible. Les déplacements liés à l'activité physique individuelle restent autorisés mais ils sont limités à une heure par jour et dans un rayon qui ne dépasse pas un kilomètre.

La France est paralysée. Les crèches, les écoles, les centres de loisirs, les services publics, les commerces, les entreprises artisanales et industrielles, les marchés, les bars, les restaurants, les complexes culturels et sportifs, les plages, les parcs d’attraction… sont fermés.

Les cérémonies civiles et religieuses sont interdites, à l'exception des cérémonies funéraires qui restent autorisées mais il ne doit pas y avoir plus de vingt personnes à y assister.

Les enfants sont scolarisés au domicile de leurs parents devenus "enseignants" tout en pratiquant le télétravail pour ceux dont le métier le permet. Les transports (aériens, maritimes, ferroviaires et routiers) sont quasiment à l’arrêt.

Les bises, les poignées de main, les rencontres intergénérationnelles sont proscrites. Pour le commun des mortels, c'est du jamais vu !

Avec l’arrivée du coronavirus (ou Covid-19), de nouveaux mots et expressions entrent dans le vocabulaire commun : chloroquine, distanciation (physique et sociale), gels hydroalcooliques, gestes barrières, mise en quarantaine, usage de masques, règles sanitaires, tests sérologiques… ou encore des formules telles que : pensez à vous laver les mains, prenez soin de vous, sauvez des vies en restant chez vous, hommage aux personnels soignants !

Plus qu’un retour à la vie normale, le déconfinement bien que réglementé lui aussi, est vécu comme un retour à la liberté. Pourtant, la pandémie n'en est pas à sa fin.

[Joseph Aulnette - le 11 mai 2020]

JA49 (35235)

Jeudi 20 août 2020

Ça fait 100 ans aujourd'hui qu’on dit La Bosse-de-Bretagne !

JA49 (35235)

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Dimanche 29 août 2021

Un jour, Rémy Tessier (mon beau-père) m’a raconté que la pierre de granit exposée ci-dessus servait d’assise dans les toilettes sèches qu'il utilisait comme tous les élèves de l'école de La Bosse, entre 1936 et 1944, époque à laquelle il était scolarisé.

Fin septembre 1990, après avoir exercé le métier d'artisan maçon durant sa vie active, il faisait valoir ses droits à la retraite. Peu après, il bâtissait un four à pain à proximité de son atelier et construisait un cabanon en parpaing pour l'abriter. Ayant hérité de l'assise en granit qui n'avait plus d’utilité depuis plusieurs décennies, il décidait de lui donner une deuxième vie en l’intégrant dans le mur arrière de son fournil en guise d’œil-de-bœuf. C'est ainsi qu'en surveillant la cuisson de son pain, il pouvait guetter les rapaces rodant autour de sa basse-cour.

[Thierry Saulnier (56 ans) – le 29 août 2021]

TS65 (35231)

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En recyclant très judicieusement l'assise des toilettes de son école, Rémy Tessier a permis de faire revivre ce lieu. Ce granit était si froid qu'au lieu de s'y asseoir, les élèves montaient dessus pour s'y accroupir ensuite. Dans cette même cour de l'école des garçons, l'institutrice avait le privilège de disposer de toilettes en bois et fermées à clé. À l'école des filles, les toilettes étaient totalement en bois.

Samedi 5 mars 2022

Liberté pour l’Ukraine

 

Né en février 1941 j’avais presque 5 ans lorsque la seconde guerre mondiale s’est terminée, je ne peux pas dire que je me rappelle précisément de cette période mais je me rappelle tout de même que pendant toute ma jeunesse les adultes ne parlaient que de cette période et je pensais bien jusqu’à aujourd’hui ne jamais connaitre cette situation !!! Hélas ………………. L’histoire, se répète et comme disait Stéphane Hessel « L’histoire donne peu d’exemples de peuples qui tirent les leçons de leur propre histoire !! »

 

  • Grâce au respect du tracé de nos frontières
  • À notre époque, on pensait être protégés

  • Des guerres et de leurs folies meurtrières
  • Mais nos lendemains sont encore menacés

 

  • Voici que la Russie déclare la guerre
  • Elle envahit l’Ukraine avec ses militaires
  • En nous menaçant d’une attaque nucléaire
  • Cette situation dépasse notre imaginaire

 

  • L’Ukraine est aujourd’hui à feu et à sang
  • Sous les bombes elle voit fuir ses habitants
  • Tout cela à cause d’un cruel dictateur
  • Qui sème à ce peuple le chaos et la terreur

 

  • Le poème de Paul Eluard est d’actualité
  • Ce grand poète surréaliste et engagé
  • Lui qui écrivait sur ses cahiers d’écolier
  • Aujourd’hui j’écris ton nom : Liberté

 

La liberté guidant le peuple (Eugène Delacroix)

« Il n’est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage. » disait aussi Périclès

[Claude Hervochon (81 ans) – le 5 mars 2022]

CH41 (44184)

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Mardi 15 août 2023

Une vie bien remplie

Bernard Massicot (Papa) a eu une vie laborieuse. Pendant des décennies, il a travaillé six jours par semaine et son repos hebdomadaire était décalé d’un jour à chaque fois. Il avait un dimanche de libre seulement une fois toutes les sept semaines.

Actuellement, malgré ses presque 97 ans, il va encore avec sa Renault Mégane à Rennes quand il a besoin et il se rend régulièrement au Centre commercial Leclerc de Saint-Grégoire, lequel est situé à une quinzaine de kilomètres de son domicile.

Pour les petits trajets autour de chez lui, c’est à vélo qu’il se déplace.

Il jardine beaucoup et il innove toujours. Cette année il a cultivé des blettes et des choux de pommes.

Papa a conduit son camping-car jusqu’en 2019, l’année de ses 93 ans et, avec Maman, ils en ont fait des virées. En mars 2020, de sa propre initiative, il a décidé de s’en séparer. Maintenant, c’est moi qui qui l’utilise.

[Christian Massicot (63 ans), fils de Bernard – le 15 août 2023]

CM60 (35334)

Rétrospective                                                                                                                                                                   

  • Année 1218 : La Bosse est citée pour la première fois (La Boce à l’époque)
  • Mardi 14 juin 1864 : Aloïs Alzheimer nait à Marktbreit en Allemagne. Il découvrira la maladie qui porte son nom
  • Mardi 19 juillet 1870 : la France déclare la guerre à la Prusse
  • Samedi 28 janvier 1871 : l'Armistice franco-allemand met fin à la guerre dite "Guerre de 1870"
  • Mercredi 8 septembre 1886 : La Touche, Pouchard et Sourg deviennent des lieudits de La Bosse et non plus du Sel
  • Mardi 6 septembre 1892 : crime de la carrière de La Bosse (voir article détaillé dans la rubrique "Faits divers")
  • Mercredi 1er juillet 1903 : départ du 1er Tour de France. Le vainqueur sera Maurice Garin
  • Dimanche 13 décembre 1903 : Jules Digué (33 ans), né le 27 septembre 1870 à Angoville-sur-Ay dans la Manche, est nommé secrétaire de mairie à La Bosse
  • Mercredi 10 août 1904 : Pierre Corniaux (3 ans), domicilié chez ses parents à La Haute-Bosse en La Bosse, échappe à la surveillance de ses deux sœurs et se noie dans un lavoir (voir article détaillé dans la rubrique "Faits divers")
  • Samedi 9 décembre 1905 : loi promulguant la séparation des églises et de l'Etat
  • Dimanche 18 février 1906 : Amand Fallières succède à Emile Loubet à la présidence de la République
  • Dimanche 25 juillet 1909 : Louis Blériot est le 1er à traverser la Manche en avion
  • Vendredi 31 mars 1911 : 157 ménages et 561 habitants sont recensés à La Bosse
  • Lundi 15 avril 1912 : naufrage du Titanic avec 1513 passagers à bord. Il s'agit du plus grand paquebot au monde
  • Mardi 18 février 1913 : Raymond Poincaré succède à Amand Fallières à la présidence de la République
  • Jeudi 7 août 1913 : le service militaire est porté à trois ans contre deux précédemment
  • Mardi 23 septembre 1913 : Roland Garros, à bord d'un monoplan, est le premier aviateur à traverser la Méditerranée
  • Samedi 1er août 1914 : dans toutes les communes de France, l'ordre de mobilisation est affiché et annoncé au son du tocsin
  • Lundi 3 août 1914 : l'Allemagne déclare la guerre à la France
  • Mardi 4 août 1914 : la Grande-Bretagne déclare la guerre à l'Allemagne
  • Mardi 11 août 1914 : la France déclare la guerre à l'Autriche-Hongrie
  • Samedi 25 septembre 1915 : Pierre Alain (27 ans), né le 4 juillet 1888 au bourg de La Bosse est déclaré mort pour la France à Tahure, dans la Marne (voir article détaillé dans la rubrique "Les Soldats de 1914-1918")
  • Dimanche 28 novembre 1915 : Alexandre Jolivel (39 ans), né le 27 octobre 1876 à La Mouchère en La Bosse est déclaré mort pour la France à Auberive, dans la Marne (voir article détaillé dans la rubrique "Les Soldats de 1914-1918")
  • Mardi 1er février 1916 : Jules Digué (45 ans), né le 28 septembre 1870 à Angoville-sur-Ay dans la Manche, secrétaire de mairie et instituteur à La Bosse de 1903 à 1912, est déclaré mort pour la France à Boësinghe, en Belgique
  • Lundi 21 février 1916 : l'armée allemande lance l'offensive sur Verdun. La Bataille durera dix mois
  • Samedi 1er juillet 1916 : début de l'offensive franco-anglaise sur la Somme avec une première utilisation de chars d'assaut
  • Lundi 16 avril 1917 : début de la bataille du chemin des Dames, entre Soissons et Reims
  • Samedi 24 novembre 1917 : Jean Monnier (31 ans), né le 2 août 1886 à La Pitouais en Bain-de-Bretagne, marié le 16 mai 1914 à La Bosse avec Marie Mercier, est déclaré mort pour la France à Souilly, dans la Meuse  (voir article détaillé dans la rubrique "Les Soldats de 1914-1918")
  • Lundi 11 novembre 1918 : signature de l'Armistice (à Rethondes) mettant fin à la première guerre mondiale
  • Samedi 28 juin 1919 : signature du traité de Versailles. L'Allemagne restitue l'Alsace et la Lorraine à la France
  • Dimanche 20 juillet 1919 : Perrine Aulnette (veuve de René), de La Touche en La Bosse, fait une vente aux enchères de ses biens mobiliers et immobiliers. L'adjudication est assurée par Maître Frocrain, notaire à Tresbœuf 
  • Mercredi 18 février 1920 : Paul Deschanel succède à Raymond Poincaré à la présidence de la République
  • Vendredi 20 août 1920 : désormais on ne dit plus La Bosse, on dit La Bosse-de-Bretagne
  • Jeudi 23 septembre 1920 : Alexandre Millerand succède à Paul Deschanel à la présidence de la République
  • Vendredi 28 janvier 1921 : Inhumation solennelle du Soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe
  • Jeudi 14 avril 1921 : inauguration du monument aux morts à La Bosse
  • Samedi 26 mai 1923 : départ de la première course des 24 heures du Mans
  • Jeudi 13 septembre 1923 : Comice agricole au Sel
  • Dimanche 11 novembre 1923 : la flamme du souvenir de la guerre 14-18 est ravivée chaque soir sans interruption à l'Arc de Triomphe à compter de ce jour
  • Vendredi 13 juin 1924 : Gaston Doumergue succède à Alexandre Millerand à la présidence de la République
  • Dimanche 31 août 1924 : seconde inauguration du monument aux morts de La Bosse
  • Dimanche 2 août 1925 : fête locale annuelle à La Bosse
  • Dimanche 1er août 1926 : fête locale annuelle à La Bosse
  • Dimanche 12 octobre 1930 : inauguration du barrage hydroélectrique de Guerlédan
  • Samedi 13 juin 1931 : Paul Doumer succède à Gaston Doumergue à la présidence de la République
  • Dimanche 9 août 1931 : le Père Henri Jolivel, né à La Bosse, est ordonné prêtre à Fribourg, en Suisse (voir article ci-dessus)
  • Vendredi 6 mai 1932 : Paul Doumer, Président de la République, est assassiné à l'hôtel Salomon de Rothschild à Paris par Paul Gorgulov, immigré russe
  • Mardi 10 mai 1932 : Albert Lebrun succède à Paul Doumer à la présidence de la République
  • Jeudi 24 novembre 1932 : la moto de Victor Tessier prend feu dans sa cave, au bourg de La Bosse
  • Jeudi 7 septembre 1933 : comice agricole du canton du Sel, à Lalleu
  • Vendredi 26 avril 1935 : première émission officielle de la télévision française
  • Samedi 5 septembre 1936 : création de la commune du Petit-Fougeray qui auparavant faisait partie de celle de Chanteloup
  • Dimanche 18 avril 1937 : fête des anciens combattants de la guerre 14-18 à La Bosse
  • Samedi 1er janvier 1938 : création de la SNCF (Société Nationale des Chemins de Fer)
  • Dimanche 3 septembre 1939 : la France et l'Angleterre déclarent la guerre à l'Allemagne (voir articles ci-dessus)
  • Dimanche 19 mai 1940 : Emile Langouët (31 ans), de La Haute-Bosse en La Bosse, est déclaré "Mort pour la France" entre Couvron et Vivaise, dans l'Aisne
  • Mardi 21 mai 1940 : Théophile Aulnette, de La Touche en La Bosse, est fait prisonnier à Hesdin, dans le Pas-de-Calais
  • Lundi 10 juin 1940 : Alphonse Aulnette, de La Touche en La Bosse, est fait prisonnier à Lens, dans l'Aisne
  • Mardi 18 juin 1940 : appel du Général de Gaulle sur les ondes de la BBC à Londres
  • Mardi 18 juin 1940 : les Allemands entrent dans Rennes
  • Jeudi 20 juin 1940 : Jean Aulnette, de La Touche en La Bosse, est fait prisonnier au Mans
  • Mercredi 20 octobre 1941 : vingt-sept Otages sont fusillés dans une carrière à Châteaubriant
  • Mercredi 30 décembre 1942 : vingt-cinq Résistants sont fusillés à la Maltière en Saint-Jacques-de-la-Lande
  • Jeudi 16 septembre 1943 : un bombardier américain B17 s'écrase à La Nouette en Ercé-en-Lamée. Une aile de l'avion tombe à La Touche en La Bosse (voir articles ci-dessus)
  • Dimanche 7 mai 1944 : un bombardement de la ville de Bruz (jour de communion) fait 183 morts dont Antoinette Mercier de La Bosse
  • Mardi 16 mai 1944 à 15h00 : Vente mobilière au presbytère de La Bosse organisée par Maître André Hupel, notaire au Sel
  • Samedi 3 juin 1944 : le Général de Gaulle est nommé président du Gouvernement provisoire de la République Française
  • Mardi 6 juin 1944 : débarquement des Alliés en Normandie
  • Jeudi 8 juin 1944 : communion solennelle à La Bosse
  • Samedi 10 juin 1944 : massacre de 642 civils (dont 247 enfants) à Oradour-sur-Glane en Haute-Vienne
  • Samedi 8 juillet 1944 : crash d'un avion B26 au lieudit "les Places" à Coësmes
  • Dimanche 16 juillet 1944 à 18h14 : premier bombardement du château de la forêt de Rannée par 200 forteresses volantes
  • Lundi 31 juillet 1944 à 18h12 : second bombardement du château de la forêt de Rannée
  • Lundi 31 juillet 1944 : Antoine de Saint-Exupéry meurt dans un accident d'avion entre Bastia et Marseille
  • Vendredi 4 août 1944 : Les Américains libèrent Rennes
  • Lundi 7 août 1944 : parution du journal n°1 d'Ouest-France ; il succède à Ouest-Eclair
  • Lundi 7 août 1944 : le Général Leclerc et la 2ème DB stationnent à Domalain
  • Dimanche 13 août 1944 : vingt-sept volontaires Guerchais s'engagent dans la 2ème DB du Général Leclerc
  • Dimanche 25 février 1945 : Alphonse Aulnette (28 ans), de La Touche en La Bosse, est déclaré "Mort pour la France" à Carolina, en Poméranie (voir article ci-dessus)
  • Dimanche 29 avril 1945 : en France, les femmes votent pour la première fois
  • Mardi 8 mai 1945 : victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie et fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe
  • Lundi 6 août 1945 : explosion d'une bombe atomique au-dessus de la ville d'Hiroshima, au Japon
  • Jeudi 9 août 1945 :  explosion d'une seconde bombe atomique à Nagasaki, au Japon
  • Dimanche 16 septembre 1945 : fête du retour des prisonniers à la Bosse-de-Bretagne
  • Dimanche 25 novembre 1945 : Gaston Rébillard est nommé Secrétaire de mairie et directeur de l'école de La Bosse
  • Mercredi 19 décembre 1945 : début de la guerre d'Indochine
  • Jeudi 10 janvier 1946 : à Londres, 1ère Assemblée générale de l’ONU (Organisation des Nations unies)
  • Jeudi 10 janvier 1946 : les États-Unis établissent le premier contact radio entre la Terre et la Lune
  • Jeudi 16 janvier 1947 : Vincent Auriol est élu Président de la République
  • Vendredi 25 juillet 1947 : le Breton Jean Robic remporte le 34ème Tour de France
  • Vendredi 28 novembre 1947 : le Maréchal Leclerc (né Philippe de Hauteclocque) décède dans un accident d'avion au-dessus de Colomb-Béchar
  • Dimanche 25 janvier 1948 : le franc est dévalué de 80%
  • Dimanche 17 octobre 1948 :  le franc est dévalué de 17%
  • Samedi 18 décembre 1948 : création de l'hebdomadaire "l'Eclaireur" à Châteaubriant
  • Dimanche 2 janvier 1949 : après un match de football, dix-huit jeunes de Corps-Nuds décèdent dans un accident de la route au virage de l'étang des Forges à Martigné-Ferchaud
  • Mercredi 9 février 1949 : création de la Radiodiffusion-Télévision Française (RTF)
  • Vendredi 25 mars 1949 : sortie du n° 1 de Paris Match
  • Mai-juin 1949 : l'abbé Auguste Heudiard (51 ans) quitte la paroisse de La Bosse. Il est remplacé par l'abbé Joseph Louazel (38 ans)
  • Lundi 4 avril 1949 : naissance de l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord)
  • Dimanche 8 mai 1949 : communion solennelle à La Bosse
  • Mardi 12 juillet 1949 : Rennes enregistre un record de température à 38,4°
  • Samedi 11 février 1950 : entrée en vigueur du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) en France
  • Dimanche 29 juillet 1951 : fête à La Bosse avec course de vélo
  • Mercredi 6 février 1952 : la Reine Elisabeth II accède au trône britannique
  • Mercredi 23 avril 1952 : la médaille militaire est décernée à titre posthume à Alphonse Aulnette, mort pour la France le 25 février 1945
  • Dimanche 31 août 1952 : kermesse de La Bosse
  • Dimanche 26 juillet 1953 : Louison Bobet remporte son 1er Tour de France
  • Samedi 16 janvier 1954 : René Coty succède à Vincent Auriol à la présidence de la République
  • Lundi 1er février 1954 : L'abbé Pierre lance un appel poignant en faveur des sans-abris
  • Mercredi 3 février 1954 : Marcel Monnier (20 ans) est grièvement blessé suite à la chute d'un arbre à Pouchard (voir article détaillé ci-dessus)
  • Dimanche 21 février 1954 : record du monde de vitesse sur rail en France à 243 km / heure
  • Lundi 22 mars 1954 : André Chevrel (29 ans, frère de Gilbert), domicilié au bourg de La Bosse, décède d'un accident de moto à Saint-Servan-sur-Mer
  • Samedi 17 avril 1954 : première diffusion de l'émission intitulée "la Piste aux étoiles"
  • Vendredi 7 mai 1954 : l'armée française est écrasée à Diên Biên Phû après cinquante-six jours de combat
  • Dimanche 6 juin 1954 : communion solennelle à La Bosse
  • Dimanche 11 juillet 1954 : fête des classes 4 à La Bosse
  • Mardi 13 juillet 1954 : Victor Tessier prend possession de sa Peugeot 203 camionnette immatriculée 280 BJ 35
  • Dimanche 1er août 1954 : Louison Bobet remporte son 2ème Tour de France
  • Lundi 1er novembre 1954 : début de la guerre d'Algérie
  • Samedi 1er janvier 1955 : première émission sur la station radio d'Europe 1
  • Samedi 11 juin 1955 : aux 24 heures du Mans. L'accident le plus grave de l'histoire du sport automobile (84 morts et 120 blessés)
  • Samedi 30 juillet 1955 : Louison Bobet remporte son 3ème Tour de France
  • Dimanche 28 août 1955 : Michel Leheup est recruté en tant que secrétaire de mairie de La Bosse par Pierre Mercier, maire
  • Dimanche 11 septembre 1955 : fête locale à La Bosse
  • Jeudi 6 octobre 1955 : sortie de la Citroën DS
  • Mercredi 25 janvier 1956 : la Régie Renault lance la dauphine sur le marché
  • Dimanche 29 janvier 1956 : début de mission à La Bosse
  • Samedi 9 mars 1957 : la Loire-Inférieure devient la Loire-Atlantique
  • Jeudi 27 juin 1957 : le Tour de France passe au Châtellier en Pléchâtel
  • Samedi 20 juillet 1957 : Jacques Anquetil remporte son 1er Tour de France
  • Dimanche 24 novembre 1957 : Gilbert Chevrel (25 ans, frère d'André), domicilié au bourg de La Bosse, décède d'un accident de moto à proximité du Cleray en La Bosse (voir article ci-dessus)
  • Samedi 4 janvier 1958 : le Spoutnik 1, le premier satellite artificiel de l'histoire, rentre dans l'atmosphère et se désintègre
  • Vers 1958 : Rémy Langouët (...) décède accidentellement en abattant un arbre à l'aide d'explosifs
  • Dimanche 31 août 1958 : kermesse de La Bosse
  • Mercredi31 décembre 1958 : instauration de l'assurance chômage en France
  • Jeudi 8 janvier 1959 : Charles de Gaulle succède à René Coty à la présidence de la République
  • Mercredi 2 décembre 1959 : rupture du barrage de Malpasset, près de Fréjus (423 morts)
  • Vendredi 1er janvier 1960 : le nouveau Franc est mis en circulation
  • Samedi 13 février 1960 à 07h04 : la France fait exploser sa première bombe atomique, La Gerboise bleue. L'explosion a lieu en Algérie, dans le ciel de Reggane, en plein Sahara
  • Lundi 29 février 1960 : tremblement de terre à Agadir
  • Mardi 12 avril 1960 : enlèvement d’Éric Peugeot
  • Dimanche 24 avril 1960 : Robert et Odette Chevrel quittent leur ferme de La Touche en La Bosse et s'installent dans une plus grande à La Lande en Corps-Nuds
  • Jeudi 14 juillet 1960 : Simone Marsolier (25 ans), de La Scierie en La Bosse, se noie en se baignant dans l’Ain (voir article détaillé ci-dessus)
  • Samedi 10 septembre 1960 : Charles de Gaulle, Président de la République, inaugure l'usine Citroën de la Janais à Chartres-de-Bretagne
  • Mercredi 12 avril 1961 : Youri Gagarine (27 ans) est le premier homme à effectuer un vol dans l'espace
  • Vendredi 21 avril 1961 : Putsch d'Alger – Quatre généraux français : Challe, Jouhaud, Salan et Zeller tentent un coup d'Etat en essayant (en vain) de maintenir l'Algérie à l'intérieur de la République française
  • Dimanche 13 août 1961 : la construction du mur de Berlin
  • Samedi 4 novembre 1961 : Arsène et Madeleine Aulnette quittent leur ferme de La Touche en La Bosse et s'installent dans une plus grande à La Soulvachère en Martigné-Ferchaud
  • Lundi 25 décembre 1961 : à la sortie de la messe de minuit, vers 1h00 du matin le jour de Noël, la route est tellement verglacée qu'il n'est pas possible de tenir debout
  • Jeudi 11 janvier 1962 : inauguration du "France", prestigieux paquebot de 315 mètres de long et 34 de large
  • Janvier 1962 : René Hamon (27 ans), domicilié aux Cours-Luniaux en La Bosse, est grièvement blessé en tombant d'un échafaudage à l'usine Citroën de Chartres-de-Bretagne (voir article détaillé ci-dessus)
  • Lundi 19 mars 1962 : cessez-le-feu en Algérie mettant officiellement fin à huit années de guerre
  • Jeudi 5 juillet 1962 : l'Algérie est indépendante
  • Mercredi 22 août 1962 : attentat du Petit Clamart contre le Général Charles de Gaulle, Président de la République
  • Mardi 6 novembre 1962 : loi relative à l'élection du Président de la République au suffrage universel
  • Mardi 22 janvier 1963 : le Général de Gaulle et le Chancelier Adenauer signent un traité de coopération destiné à sceller la réconciliation entre la France et la République Fédérale d’Allemagne
  • Vendredi 21 juin 1963 : le Pape Paul VI succède à Jean XXIII
  • Mercredi 28 août 1963 : Martin Luther King prononce son discours lors de la Marche vers Washington pour les droits civiques
  • Samedi 21 décembre 1963 : lancement de la 2ème chaîne de télévision
  • Samedi 15 février 1964 : premier journal télévisé de FR3 Bretagne
  • Mardi 14 juillet 1964 : Jacques Anquetil remporte son 5ème et dernier Tour de France
  • Vendredi 16 juillet 1965 : inauguration du tunnel du Mont Blanc
  • Samedi 9 juillet 1966 : obsèques de Pierre Mercier (62 ans), maire de La Bosse en exercice depuis octobre 1947 (voir article détaillé ci-dessus)
  • Samedi 9 juillet 1966 : Marc Chevrel (14 ans) est fauché mortellement par une voiture au Point-du-Jour, sur la commune du Sel, en circulant à vélo
  • Samedi 26 novembre 1966 : Le président de la République Charles de Gaulle inaugure l'usine marémotrice de la Rance, première et seule usine au monde à utiliser les mouvements de la marée pour produire de l'électricité
  • Samedi 18 mars 1967 : naufrage du Torrey Canyon (transportant 120 000 tonnes de pétrole brut) au large des côtes anglaises
  • Lundi 5 juin 1967 : Israël déclenche une guerre contre l'Egypte, la Jordanie et la Syrie. Elle durera six jours
  • Dimanche 23 juillet 1967 : Roger Pingeon remporte le Tour de France
  • Dimanche 1er octobre 1967 : certaines émissions de la 2ème chaîne de Télévision sont diffusées en couleur
  • Année 1967 : dernière année où les conscrits de La Bosse font la noce après le conseil de révision et pendant plusieurs jours
  • Jeudi 23 novembre 1967 : on dit Le Sel-de-Bretagne (et non plus Le Sel) par usage et par décret à compter de ce jour
  • Dimanche 3 décembre 1967 : première greffe du cœur au monde effectuée par le professeur Barnard, en Afrique du Sud
  • Mercredi 12 juin 1968 : Alexis Aulnette (53 ans), employé au service technique de la DDE, décède accidentellement au volant d'un tracteur attelé sur une balayeuse (voir article détaillé ci-dessus)
  • Dimanche 8 septembre 1968 : l'abbé Joseph Louazel (58 ans) quitte la paroisse de La Bosse et prend en charge celle de Bourgbarré
  • Dimanche 9 février 1969 : le plus grand avion de ligne du monde (le Boeing 747 Jumbo Jet) effectue son premier vol d'essai aux Etats-Unis. D'une capacité de 400 passagers, le colosse pèse 315 tonnes
  • Lundi 21 juillet 1969 : l'astronaute Neil Armstrong est le premier homme à marcher sur la lune
  • Mardi 27 avril 1971 : inauguration du Centre Alma à Rennes avec une surface de 47 000 m2. Il s'agit de la plus grande galerie marchande de Bretagne 
  • Vendredi 8 mars 1974 : inauguration de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle
  • Samedi 5 juillet 1975 : Robert Giboire (37 ans) décède accidentellement (il se fait renverser) en se rendant à vélo à l'usine Citroën de Chartres-de-Bretagne
  • Mardi 14 juin 1977 : Marcel Giboire (28 ans) originaire de Pouchard décède accidentellement en circulant à mobylette sur la commune de Pléchâtel
  • Dimanche 20 novembre 1977 : Camille Lunel (40 ans) décède accidentellement au pont de Blossac en Bruz (voir article détaillé ci-dessus)
  • Samedi 25 octobre 1980 : Yannick Gallerand (21 ans), de La Maritais en La Bosse est fauché mortellement par une voiture entre La Bosse et Bain-de-Bretagne en circulant à vélo
  • Lundi 23 mai 1983 : Francis Morel (47 ans) a un accident en procédant au débourrage d'une ensileuse (voir article détaillé ci-dessus)
  • Lundi 20 juin 1983 : Michel Desbois (41 ans), originaire de La Bosse, décède suite à un accident de voiture à Léhon, dans les Côtes-du-Nord
  • Lundi 22 août 1983 : Jacques Ménard (16 ans) décède accidentellement à vélo ou en mobylette, avenue Winston Churchill à Rennes
  • Mardi 6 décembre 1983 : Serge Nourisson (21 ans), de La Vidoulière en La Bosse, décède suite à un accident de voiture à Nieuil-l'Espoir, dans la Vienne
  • Mardi 8 mai 1984 : Philippe Perrudin (21 ans), du Bourg de La Bosse, décède suite à un accident de voiture aux environs du Fretay, sur la commune de Pancé
  • Mardi 5 mars 1985 : Yves Paris (39 ans) décède tragiquement, suite à une altercation dans le secteur de Messac
  • Samedi 8 mars 1986 : enlèvement de quatre journalistes français au Liban : Philippe Rochot, Georges Hansen, Aurel Cornéa et Jean-Louis Normandin
  • Jeudi 10 septembre 1987 : Claude Marais (49 ans) meurt écrasé par son tracteur à Sourg en La Bosse
  • Lundi 22 février 1988 : Jean-Pierre Pernaut présente son premier JT de 13h00 sur TF1
  • Dimanche 5 février 1989 : Robert Hugues (33 ans) décède accidentellement an tombant d'une falaise à Saint-Guilhem-le-Désert, dans l'Hérault
  • Jeudi 9 novembre 1989 : chute du mur de Berlin
  • Lundi 15 octobre 1990 : Gilbert Massicot (53 ans) meurt écrasé par son tracteur à La Mouchère en La Bosse
  • Vendredi 4 octobre 1994 : Incendie du palais du Parlement de Bretagne
  • Vendredi 8 octobre 1996 : La numérotation téléphonique passe de 8 à 10 chiffres
  • Vendredi 15 mars 2002 : inauguration de la première ligne de métro (VAL) à Rennes qui devient la plus petite ville au monde à posséder un métro
  • Samedi 25 janvier 2014 : Manon Desvignes-Filliot (10 ans) se noie accidentellement dans le Semnon, à proximité de Pouchard en La Bosse
  • Dimanche 5 novembre 2017 : Maxime Jouan (25 ans), de La Touche-Morel en La Bosse, décède suite à un accident de voiture à Soulvache
  • Mardi 20 septembre 2022 : mise en service de la ligne B du métro Rennais
  • Dimanche 20 août 2023 : Les retrouvailles des anciens élèves de l'école de La Bosse rassemblent 215 personnes à la salle des fêtes 
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